Route de nuit est un livre écrit sur le versant sombre de la vie, lorsque la route entre les bords de naître et de mourir trace des lacets hésitants vers l’avenir. Beaucoup d’obscurités, d’ombres, de nuits dans les poèmes au milieu de toutes ces pulsations de vie quand la fin du trajet, inéluctable, apparaît en filigrane dans le livre. Cette route de nuit est comme un road-movie auxquels quelques toponymes d’Amérique font écho : Portland, Colorado, l’Ouest, L.A… Mais où les miles parcourus s’assimilant aux jours qui passent emportent le lecteur sur un chemin intime et existentiel.
Route de nuit
Christophe Bregaint
Éditions La Dragonne
ISBN : 978-2-913465-95-4
Prix :13,50 €
Route de nuit est un livre écrit sur le versant sombre de la vie, lorsque la route entre les bords de naître et de mourir trace des lacets hésitants vers l’avenir. Beaucoup d’obscurités, d’ombres, de nuits dans les poèmes au milieu de toutes ces pulsations de vie quand la fin du trajet, inéluctable, apparaît en filigrane dans le livre. Cette route de nuit est comme un road-movie auxquels quelques toponymes d’Amérique font écho : Portland, Colorado, l’Ouest, L.A… Mais où les miles parcourus s’assimilant aux jours qui passent emportent le lecteur sur un chemin intime et existentiel.
La lecture nous entraîne alors dans un voyage au rythme soutenu par des vers courts se succédant
Nul n’esquive / Ces gouttes de brûlure/ Qui souillent le ciel / de particules.
avec des images parfois singulières qui fixent l’attention du lecteur et imprègnent son imaginaire.
Le visage de la vie s’empale/ Sur le couteau des ténèbres
Furtives les images se succèdent ainsi comme les enseignes lumineuses du bord des routes marquant la mémoire visuelle des passagers,
Pareilles au vent / L’allure ralentit / A l’approche / Des piles / en acier / Chapes / Insolentes / tournées/ vers les poussières perdues/
Le lecteur emprunte un chemin d’existence pour un voyage illuminé au pays de vivre. Un cheminement intime que l’auteur sait sans retour.
Marchons dans le décompte du ciel/ Vers les pas du maquis/ Avant la brûlure de l’aurore.
Une pérégrination existentielle naît du regard désabusé de l’auteur toujours en quête pourtant de nouveaux espaces aux libertés sans fin. Un trajet s’esquisse où la répétition des jours porte à l’ennui et à la morosité.
À chaque pas/ Éclot une nuit / Se flétrit un jour / rien à concevoir d’autre.
Le livre est une allégorie de la vie où distances et jours se mêlent dans l’énergie du désir
De ce désir fou / De cette force rebelle/ Qui nous pousse/ A nous tenir debout / au kilomètre zéro/ des prémices de la vie
Le poète y déplore les impasses de la vie et les déceptions qu’elles entraînent avec elles.
Terribles spectacles/ au loin/ Ces paroles vides/ ces ersatz de clarté/ Ces joies éphémères et millimétrées / Toutes ces choses qui font s’étouffer les roses/…
Il tente pourtant de découvrir des chemins détournés, des sentiers oubliés ou cachés qui le guideraient vers d’autres territoires pour une espérance à nouveau retrouvée.
À l’endroit qu’aucun drapeau n’a souillé/ Nous regardons un horizon/ Libre de frontières.
Déambuler et vivre simplement dans cet espoir d’une liberté réinvestie, à l’écart des foules et de tous lieux communs, est peut-être la quête que poursuit Christophe Bregaint.
traverser les mois / Tels des fantômes de passage / sans points de repère
Nombres de vers dans le livre sont à la fois mystérieux et lumineux, elliptiques aussi en renvoyant le lecteur à son imaginaire. Ici le temps de conjugaison de la vie est celui qui fait jaillir l’inattendu pour distraire de la succession des jours et de l’ennui. Cependant que le bout du trajet est en ligne de mire.
Des vers aux inclinaisons surréalistes surgissent aussi pour tenter d’ouvrir d’autres voies,
Des électrons libres / Grattent des guitares / En dévorant le chemin
mais le réel seul, passé les croyances, a pouvoir de vie. Et surtout ne rien attendre,
Pourtant/ Aucun lambeau de croyance / Ne viendra ouvrir la fenêtre
hormis de soi-même traçant sa propre route.
Cette route / D’où l’on va / Vers l’irrésolu / Trait d’union/ il faut faire avec / Ce souffle.
Livre aux accents mélancoliques, ses poèmes sont chargés d’un désir vital et d’une déception première sur l’existence. Il est servi par une belle écriture où le poète apparaît sans lyrisme pour évoquer sa vision de la vie. Des vers courts marquent un rythme, comme le tempo du temps qui passe. L’emploi des nous et des nos fréquents montre un poète parlant aussi pour tous. Il évoque son univers intérieur, à distance d’un possible lyrisme qui le brûlerait peut-être aux feux de sentiments trop exacerbés. Et si une déception persiste quant aux promesses manquées de la vie, sur l’autre versant de l’être, et en guise d’espérance, demeurent les feux vifs de la belle moisson des jours vécus.
Dans la soute des nos errements / Quand les paupières se fermeront/ Nous emporterons les soirs aériens / Tous ces instants qui vibrionnent / Comme une mer d’étoiles.
HM