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paul badin

  • Aspects riants

    Paul Badin

     

    Éditions de l’Atlantique, Saintes

     

     

    Chez Paul Badin et contrairement (peut-être) aux apparences ce n'est pas le paysage qui est langage mais bien l'inverse. Dans la fluidité et la simplicité de ses images la poétique découpe tout un univers bien plus complexe qu'il n'y paraît. Par-delà le paysage d'autres arrières fonds se dégagent non seulement par "la mise en lumière de clairs obscurs" mais par ce qui reste chez l'homme "de fringales d’enfance". À savoir - par-delà tout ce qu'il a raté - ce qui demeure en lui de mystère et peut-être d'accomplissements à naître sur le versant du soir de sa vie. L'auteur a d'ailleurs toujours été fasciné par cette quête à travers la durée et l'espace. Il faut relire des livres comme "Les plis du temps" pour repenser la première ou " Gouttes d’Afrique" afin d'en estimer le second.

    Paul Badin crée des possibles auxquels nous donnons, nous, le nom d’histoires. Chacun de ses poèmes devient une fable. À savoir quelque chose qui tente de tenir debout, de tenir le coup alors que notre histoire ne sera jamais rien d'autre qu'un écart. Toutefois le poète par ses agencements d'images et d'interstices rappelle le désordre qui nous habite au sein même du quotidien. Il crée ses indices « d’évidences » et ses cassures en réaction profonde aux dynamiques du réel. D’où cette insatisfaction par la beauté qui surgit de ce livre. De son trouble aussi. Contre le « chaomorphisme » surgit l'attente d’un monde en dépit des dépressions que fait subir parfois l'existence.

    Ce qui est écrit et montré n'est donc plus ce qu’on voit souvent à travers les images : la trahison par le mensonge de l'exhibition de seuls temps forts. À l’inverse Paul Badin évoque une sorte de manque. Son texte en devient la métaphore mais aussi sa fulguration Cette affirmation formelle exige un degré supérieur d'abstraction esthétique. Le travail de Badin n'est cependant jamais formaliste. Il implique un degré important de recueillement et de réflexion. S'abstenant de toute pensée discursive, le créateur pense par images dont la solennité de l'éphémère n'est pas absente.

     

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  • FRAGMENTS des BUSCALTS suivi de TERRE HABITEE - Paul BADIN - Rencontres avec René CHAR

     

     

     

    Éditions Poiêtês

    94 p – 2 trim 2008 – 17 €

    2 ième trimestre 2008

     

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    Les Busclats, c’est le nom de cette maison de berger qu’habitait René Char à L’Isle Sur Sorgue

    près des monts du Vaucluse. C’est là que Paul Badin le rencontra à plusieurs reprises durant l’été de 1978. Ce livre – une réédition – est le fruit de ces rencontres grâce aux notes que Paul Badin engrangea minutieusement avec la passion de ceux qui estiment la valeur d’une récolte à la qualité d’un terroir. En l’occurrence, un terroir de chair, de poésie et de mémoire ! La fidélité au propos de René Char souhaitée par Paul Badin est marquée ici par la volonté, effective, de son effacement, – fidèle jusqu’à l’effacement – peut-on lire dans le préambule. Paul Badin place ainsi au centre du livre la parole de René Char qui se voudrait intacte de toute altération. Autant qu’il est possible !

     

    Ces Fragments des Busclats  sont suivis par Terre habitée, un ensemble de poèmes écrits entre 1979 et 1988, date de la mort du poète. Ils font écho à l’emprunte laissée dans la mémoire de Paul Badin lors de ces rencontres et au vif intérêt qu’elles suscitèrent en lui /Qu’importe la profondeur du puits à l’homme qui a soif./ Rencontres toutes emplies de la  présence de René Char et qui résonnent, en ces poèmes, sur le versant sensible de la mémoire / Cette visite m’a laissé au cœur une ivresse étrange. /

     

    En amont, ces  fragments, les propos de René Char, courts le plus souvent sont rassemblés par thèmes, au premier desquels la poésie et le poème  « On n’entre pas dans le poème. On y est. » Dès la première ligne du livre le ton est donné. Une ligne d’horizon est tracée vers laquelle tout au long du livre, sous l’auspice des divers sujets abordés, le lecteur progressera dans sa lecture éprouvant les éclats d’une parole vraie et claire.

    Ainsi la poésie ; l’édition et les livres de René Char ; les poètes ; ses relations d’amitiés avec Eluard, Breton, Camus ou Heidegger ; Ses filiations littéraires ; le Surréalisme ; la Provence, son pays ; la résistance ; les arts avec la photographie, la musique, la peinture et ses amis Braque, Giacommetti, Picasso…

     

    Ces souvenirs sont parsemés d’épisodes, tels celui d’une actrice italienne qui joua Claire dans la pièce éponyme de René Char, montrant ici la défiance du poète envers la psychanalyse, ou cet autre, qui retrace l’histoire du patronyme familiale Char-magne… Le livre est réjouissant. La clarté et la simplicité des propos nous convainquent. Le lecteur s’arrête ça ou là au détour d’un propos lorsque saisi, il reconnaît dans les mots qu’il vient de lire les signes de l’exactitude ou des reflets de ses propres convictions. Il poursuit sa lecture par « Mais il n’y a pas de vérité. Seulement des débuts de vérité » et se ressaisit alors, avant de découvrir d’autres propos, qui auraient pu être écrits récemment,  « J’ai toujours foi en l’homme mais je ne crois plus à la paix et je fais de moins en moins confiance à l’avenir de notre société. » Et d’autres affirmations plus pérennes « seule compte la générosité juvénile »

     

    On peut relire ce livre en l’ouvrant au hasard, on trouvera toujours quelques lignes pour emplir en nous ce qui nous tient éveillé. Et de garder au creux de soi et à jamais cette pensée :

    Le poète pense qu’il ne faut jamais attendre quoi que ce soit de nos gestes et de nos actions. Partir après.

     

  • N4728 N°14

                                                           Revue N4728

     Paul Badin,  6, Quai de Port-Boulet 49080 Bouchemaine

    Publié par l’association  Le Chant  des mots  à Angers

    Revue semestriel (Janvier / Juin)

     12 € le numéro / 25 € l’abonnement à 2 numéros

     

    Avec la découverte de voix multiples, c’est une poésie entre prose et vers qui nous est proposée dans ce N° 14 de la revue N4728. Une bonne trentaine de voix pour ce numéro de la revue qui a commencé à paraître dès septembre 2001. Du retour à la ligne du vers dont usent Hamid Tibouchi, Edith Azam ou encore François Teyssandier pour ne citer qu’eux, aux poèmes se présentant comme de courtes proses et où l’écriture tente d’imposer dans les rythmes de la langue, comme des appuis sûrs - lire Bernard Moreau,  la poésie montre l’étendue de sa diversité. Et garde de n’opposer une forme à l’autre, car quoi ressemble tant au retour à la ligne du vers que la lecture d’un texte en forme de prose qui voudrait imprégner à la voix et au corps, le rythme d’un souffle qui palpite. Du vers ténu de Nicolas Grégoire limité à un ou deux mots, à la prose d’Emmanuel Vaslin la poésie cherche dans l’écriture des chemins qui la mènent vers nous.

     

    Le sommaire de la revue se compose en trois parties dont celle traitant des notes de lectures à la fin de l’ouvrage. Les deux autres, Mémoire vives et Plurielles, proposent des poèmes qui placent la revue sous le double signe de l’ouverture et de l’exigence.

    On découvrira dans ce numéro des textes de Werner Lambersy, Antonio Rodriguez, Philippe Lonchamp, Jean-Marie Barnaud, Serge Ritman, Jeanpyer Poëls… Et tant d’autres encore. Mon attention s’est particulièrement fixée sur les textes de Patricia Nolan, Sophie G. Lucas, Yves Jouan, SabineChagnaud, Cécile Guyvarch ou Armelle Leclercq. L’écriture de François Boddaert, précise, au vocabulaire rare, qui exhume de la mémoire collective des épisodes des guerres européennes (Consolations, délire d’Europe) nous propose ici des extraits de Batailles dont quelques vers rappellent en moi un épisode particulier.

    Lâche la rampe, soldat, ne lâche rien, Ces champs d’incertitudes, ces champs où nous allâmes (compagnons du devoir d’aller) dans la crevante chaleur d’août ;…

     

    N4728 est une revue qui ouvre largement ses pages à la diversité, semblant chercher dans l’écriture hors de toute considération préconçue, les signes d’un singulier poétique. Le quinzième numéro de la revue paraîtra en janvier 2009.

     

    Hervé Martin

     

    Pour s'abonner:

    N4728
    Paul Badin
    6 quai Port-Boulet
    49080 Bouchemaine
    paul.badin@wanadoo.fr
    2009:  25 € le N°15 et N°16 port inclus.