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  • Rouge, le vin rouge, mon cœur - BAPTISTE-MARREY

     Édition STOCK — Collections Ecrivins

    67 pages

    9,50€

    Nov 2006

    N° ISBN : 2-234-05922-4 

     

    Que devient la mémoire de notre passé après notre disparition ? Telles ces tranches de vies sauvegardées, qui s’évanouissent où s’emportent à jamais sans que le ferment rare, insolite ou banal qu’elles recèlent ne puisse être partagé avec d’autres. Tranches d’existences capables de ressusciter en quelques mots, quelques phrases, des lieux, des épisodes ou des figures de notre vie conservés précieusement en ce lieu de nous-même pour des raisons que parfois nous ignorons. Et c’est sans doute pour lutter contre les affres de l’oubli que Baptiste-Marrey nous donne ce livre au beau titre équivoque et ouvre ses premières pages par cette dédicace : à mes fils, leurs racines. Titre ou un sentiment de mélancolie se mêle au pourpre breuvage tannique.

    Ces souvenirs pourraient être portés par des tableaux, des photographies où simplement une voix qui parle pour dire et témoigner. Peut-être voix d’un passant que l’on croiserait sur un trottoir de Paris ou d’ailleurs et qui abriterait en lui des pages non écrites. Mais elles sont ici vers et poèmes issus d’une mémoire où persistent, comme vivants, des hommes et femmes d’un passé désormais révolu. Ce passant que l’on pourrait croiser sur un trottoir parisien, c’est Bapiste-Marrey. Ce parisien de souche, né à Bercy, évoque en vers ces traces éphémères d’un temps d’or et d’enfance passé dans les rues, les faubourgs, boulevards et passages de Paris. Ici les verres qu’on imagine, autour des quais où arrivaient les vins à la capitale, résonnent et tintent de ce que fut Bercy, les quartiers de l’est parisien dans la période des années quarante. Verres et vers, tanins rouges et vocables d’une mémoire qui s’ouvre, cohabitent en exhalant des saveurs insolites. Ici le vin – rouquins, piquettes, picrates et autres pichtogorne — avec ses adeptes de toutes origines font fête dans cette bouche ou les mots aussi, festoient. La langue et ses palais jubilent à la lecture des poèmes Pibus et Linarpem, La savate ou le chausson, Amourettes et fricandeau, Pisse en l’air… Ils ressuscitent un instant sur nos lèvres le plaisir du mot : lavedus, licelargués, arsouilles… Si ce court livre est dédicacé à ses fils, il l’est aussi et délicatement à Alphonsine. Cette dame au service de la famille Marrey esquissée dans un beau et touchant poème éponyme, situé vers le milieu du livre.

    Même si le prétexte pour l’écriture de Rouge, le vin rouge, mon cœur, édité chez Stock dans la collection Ecrivins, est le rouge breuvage, ce livre est plus que cela. Et pourrait être cet espace où réunis, verres contre vers, nous parlerions ensemble évoquant dans la clameur de nos bouches nos souvenirs les plus chers.

     

    Hervé Martin