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Les Plumes d'Éros

Bernard Noël

P.O.L  ÉDITEUR

441 pages

29 euros


Bernard Noël a regroupé tous ses textes « érotiques » (même si ce mot est trop restrictif et fallacieux) publiés ou inédits afin de montrer que la plaie d'amour est autant dans la tête que dans le corps. Autant dans le masque des postures et impostures que dans la chair et la peau. Bref l'amour n'est pas qu'un « désir de duvet ». Sous le frémissement du cru se cherchent des figures d'Éros parfois inattendues. Il y a autant des « Parois partout (que) des planches en l'air ». L'espace du corps est une caisse qu'un peu d'obésité mentale se plaît à soulever.


De la noire sœur naît du désir mais autant de la langue. Parfois fourvoyée elle se transforme aussi en une bouture de nuit qui permet  de revoir le jour. Et si la voix « bâtit de l'air en croyant dire l'amour » il arrive que la bouche ait devant elle une profondeur de vie sur l'infini des lèvres. Le cerveau garde ses rêves mais la viande est son lit. La tête crée donc la grandeur du sexe et pas forcément par désir de miroir déformant.


Mais Bernard Noël sait que le corps ne possède pas assez de sexe pour multiplier ses dimensions. Il lui faut du langage pour tenter le saut vers ce qui le presse pour ne pas seulement tenter de résister à la mécanique de l'espèce. Le texte lui-même (lorsqu'il ne tombe pas dans le factice) sert de support au jeu d'un « Nous ». S'il peut le dévoyer il peut tout autant mettre le bas dans le haut. Et si l'on sait le danger des tête-à-queue dans les écarts de conduite, le texte peut creuser les reins vers l'invisible. Il suffit presque à son jaillir et le cœur peut venir quand il s'abouche à la blessure de l'Origine.


« Les Plumes d'Eros » appelle le vivre essentiel. L'ensemble des textes réunis par leur auteur devient la venue d'une lumière profonde qui s'empare de l'ombre trouble de l'intime. Son secret est un besoin de matière. Et son manque est un infini. La langue touche alors une serrure dont la « combinaison » demeure souvent cachée. À la condition que le corps ne soit pas qu'un mot. Sa vérité tient dans son ouverture s'il met sur la douleur et sur le plaisir un grain de souffle.

JPGP

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