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GUY PIQUE ou LA POESIE DU CORPS

La peau des Etrécis,

Guy Pique,

Editions de l'Atlantique, Collection Phoibos,

50 pages,

15 euros

 

 

 

Guy Pique l'écrit lui-même :

"souvent la voix

traîne sans chair",

"La peau des Etrécis" évite cet obstacle. Reprenant - mais à sa donne et à sa main  - une problématique chère à Artaud, le poète secoue la langue à travers  la peau et les os dans les nerfs de son poème. S'y développe une torsion où seuls les mots tiennent encore. Pour le reste tout va par creux et ellipses:

"là               chair

se désécrit

en mesure               à lumière

produit son creux

son blanc traînant

 

n'elle résiste

se sachant pauvre

                        se sachant pauvre

de lézards

d'orgueil".

 

Le poète n'en appelle plus, parlant des corps, à leurs silhouettes atmosphériques. Il y a en eux des excès et des trous. Manière de montrer qu'il manque toujours à la viande et son chapiteau  une interprétation.

 

Le poète propose donc la sienne dans une langue dont l'éclat trahit la nuit de l'être et à travers celle-là il tente de donner à celui-là une tenue, une résistance. Que bien, quel mal, bref tant que faire se peut là où

"s'en sifflent

                   des riffs

                               lâches des liens".

Le corps doit donc à la fois se tenir et s'ouvrir, s'écoper au sein de son angoisse. L'éloge de la vie se crée dans une étrange moiteur de la chair. Le corps à la fois ne promet rien et donne tout.

 

Guy Pique évite tout baratin : le barattement du corps suffit. Son texte dessine des mouvements d'un univers où le souffle tente de rentrer, de sortir. Plus que sur nous sommes dans la peau qui n'a jamais aussi bien porté les termes de "sac d'os". Le poète cherche ainsi le fil paradoxal qui clôt et qui ouvre

"le saut de l'inouï éclos

       vers l'arrêt

       l'embaumement"

mais aussi

"le point d'union

       de gué

                   entre feu qui écarte les côtes

                   et l'oubli de la perte".

 

On est donc bien loin des comédies poétiques habituelles dont se contente la poésie. Après "Aube de Peau" et "Haut Corps" un pas de plus et au-delà est franchi. Un pas dedans aussi. Preuve que contrairement à ce que pensait Valéry le plus profond dans l'homme n'est pas sa peau mais ce qui en dedans ne prend pas seulement part au poids mais qui maintient un vide pour que la respiration existe. On a cité Artaud : mais Novarina lui-même n'est pas loin.

JPGP

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