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Revue Passage d'Encres N° 38 - 39 : ARGENTINES

ARGENTINES,

revue Passage d’Encres n° 38-39,

Romainville.

http://www.passagedencres.org/

Ranger la revue Passage d’Encres simplement parmi les autres revues revient à minimiser son apport. La littérature s’y ouvre visuellement au sein de ce qui tient d’un ordre de la mise en scène comme le prouve le numéro intitulé « Argentines » dirigé par Jordi Bonells grand spécialiste des littératures hispaniques et Christiane Tricoit directrice de la revue et attachée affectivement à ce pays.

Leur approche multiple échappe à une visée d’école afin d’épouser le rythme de l’espace et du temps. La revue embrasse le pays en s’éloignant des théories fumeuses de hasard objectif. Tout est mûrement réfléchi mais laisse passer de l’air autant par l’apport iconographique (celle entre autres de Ricardo Mosner) ou de textes qui peuvent surprendre dans un tel corpus (comme celui de Muscat ou de Delphine Gras).

Ce numéro accorde avant tout la pure contemplation d’une littérature souvent mal connue. S’y perdre est un plaisir d’une découverte de figures qui échappent à un lecteur franco-français. Ce numéro crée un triple corps qui dépasse paradoxalement les époques et les simples frontières géographiques. Une dimension du quotidien est là mais elle est traitée par Maria Fasce, Andres Neuman ou Florencia Abbate de manière, sinon à réparer le temps, du moins de le suspendre et d’interrompre ou d’enrayer la mort qui peut si souvent se répéter.

L’ensemble ouvre à une autre vision de l’Argentine. Par une vision transhistorique qui ne se soucie pas seulement des effets faciles de l’exercice délibéré du sarcasme une telle approche permet à un lecteur francophone de comprendre combien cette littérature foraine demeure proche et en rien exotique.

Libres, liés à l’énergie, les textes (en particulier « de création »)  évoquent des histoires dont on ne sait rien et dont pourtant on pourrait tout savoir tant elles sont proches. L’axe de nos propres vies  y  oscille. Et Bonells a fait le choix judicieux non de souligner des différences mais  de rapprocher deux continents afin  d'aller plus loin, de défaire et refaire le monde.

L’Argentin exilé et Christiane Tricoit font saisir le mouvement de la littérature et nous permettent de comprendre que voir le visible ne suffit pas. Il faut aller plus loin. Ne plus voir comme nous apercevons habituellement mais distinguer ce que nous percevons lorsque la littérature nous « regarde » afin de nous apprendre ce qu’il en est d’embrasser le réel qui échappe.

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