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POUR LE REALYRISME - ROLAND NADAUS

arealyrisme.jpgPour le réalyrisme

Roland Nadaus

Éditions Corps Puce - juin 2011

 

Hésitant entre pamphlet et manifeste pour définir son texte écrit il y a 30 ans, Roland Nadaus emploie les deux formes qui se complètent dans le livre. Roland Nadaus se dresse d’abord ostensiblement contre les autocrates de la poésie et du verbe. Il s’érige contre des dictats qui imposeraient à la poésie des critères la réduisant à la seule textualité du langage et où elle ne serait traduite que par la forme et les valeurs intrinsèques de la lettre et du mot, niant de cette manière toute la sensibilité humaine. Le poète s’insurge contre cette vision exclusive d’une poésie réduite à la mécanique des mots au mépris de toutes autres diversités poétiques. Contestant ainsi Lautréamont, Roland Nadaus soutient que la poésie est amplement nourrie de la présence humaine par laquelle s’expriment le sensible et l’émotion des êtres.

Avec un sens aigu de la formule et maniant l’invention et le néologisme dans un esprit critique et satirique Roland Nadaus désigne avec véhémence ces autocrates de la poésie contre lesquels il s’inscrit et cite ici le poète Denis Roche qui proclama, non sans une certaine provocation, que « la poésie est inadmissible d’ailleurs elle n’existe pas ». Puis argumentant son propos, il rappelle la mue en 1971 de Robert Lhoro en Lionel Ray en supposant pour le regretter que cette métamorphose fût inspirée par l’époque du moment, ou encore, évoque le quotidien Le Monde qui éditait des articles sur des textes d’une poésie hermétique, en omettant de proposer dans ses colonnes les échos de la diversité poétique qui existait aussi. Dans le même esprit il cite les revues TXT et Tel Quel.

Puis, Roland Nadaus nous fait partager sa conception de la poésie.  Elle pourrait se résumer dans cette citation d’André Breton en page 75 du livre « Je veux que l’on se taise lorsque l’on cesse de ressentir ». C’est ici que le pamphlet semble faire place au manifeste. Pour Roland Nadaus, le même Lionel Ray en 1981  avec Le  corps obscur marque le passage d’une poésie axée sur la seule textualité du langage à celle qui englobe dès lors l’émotion et la parole humaine. Roland Nadaus la baptise réalyrisme. Construit avec les mots réalisme (le réel) et  lyrisme (le chant, la passion) ce réalyrisme propose un territoire pour le poème qui ferait place à une poésie liée au réel et à l’émotion vraie, sans être abscons ou s’épancher dans un excès du sentiment. Pourquoi en effet faudrait-il que la poésie  se situe ou d’un côté ou d’un autre ?  Quand on sait que c’est de l’émotion que naît le poème ! Émotion née de la rencontre d’un être sensible avec le monde, un être immergé dans la vie et confronté à des situations et des faits qui fondent le socle de son réel. La poésie est difficile à définir mais on sait qu’elle naît de cette rencontre ! Celle d’un être unique avec le monde dont le poète est le singulier témoin.  Avec  les deniers chapitres s’ouvrent des espaces lumineux où le Roland Nadaus parle avec sensibilité de la poésie. Il décrit avec justesse  la poésie du chant et du ressenti que l’homme habite avec son langage usé aux encoignures du monde. Langage forgé dans le creuset de l’expérience individuelle, du désir et de l’émotion. Avec Pour le réalyrisme Roland Nadaus défend une poésie habitée par  l’homme avec ses imperfections et sa grandeur. Une poésie « qui chante en avançant »  dans une « attitude à la fois humble et orgueilleuse ». Une poésie « à hauteur d’homme » !

HM

 

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