GM suivi de GRIFFURES MINÉRALES
Danielle Terrien
Éditions de l’Atlantique
Les éditions de l’Atlantique font paraître deux livres dans leur collection de poésie PHOIBOS. Créer l’ouvert de Valérie Canat de Chizy et GM suivi de Griffure minérales de Danielle Terrien. C’est le second ici qui a retenu mon attention. Sans doute que le thème de la perte que j’y ai vu m’aura touché de plus près. Le livre est composé de deux ensembles, rassemblés à dessein. Un triptyque - G M - et un long ensemble de 52 poèmes auquel s’ajoute un cinquante troisième composé du seul mot Aimer. Ce livre gravite semble-t-il autour du deuil. Mais au fil des pages, les poèmes semblent énoncer les conditions d’un apaisement et d’une possible réconciliation de l’auteur avec elle-même. Les vers des premiers poèmes esquissent le portrait d’une femme - GM ? - que l’on imagine défunte et qui a laissé chez l’auteur des traces et des souvenirs difficiles « Tu étais qui / pour souffler dans la forge/ arracher le cœur/ que tu avais aimé ? » On pense alors à la figure maternelle dont le souvenir accompagnerait la poétesse, non sans souffrances. Les poèmes du triptyque tentent d’approcher cette figure, au plus vrai d’une difficile réalité « Ramper / à l’intérieur/ Voir la peur/ rouge / comme la mort. » pour en reconstruire une représentation plus rationnelle, peut-être mieux vivable.
Dans la seconde partie les poèmes de Griffures minérales n’auront pour dessein que de s’extirper de ces souvenirs difficiles « les aimer / en dépit de nos manques…/ » et dire les regrets et les exécrations qui assombrissent les jours présents. C’est par touches que Danielle Terrien avance, en de très courts poèmes qui jaillissent de la conscience éveillée. « Pas à pas / réapprendre / retrouver le goût / l’élan. » On entrevoit alors des paysages du passé que Danielle Terrien se réapproprie. Aux regrets du triptyque se substitue un long poème, composé de cette cinquantaine de strophes courtes, comme seules respirations possibles « une image / une voix. / En soi / l’ouverture. ». Souffles de cris sauvés de la mémoire pour permettre enfin à la poétesse de s’ouvrir à la joie du monde, déprise enfin de tout ressentiment. Alors progressivement, les vers, les mots portent des élans de vies, des éclats de lumières à venir jusqu’au verbe « aimer » qui est le dernier mot du livre. Un véritable espoir.
HM