Propos2 Éditions,
Manosque, 2012,
169 pages, 15 euros.
Depuis la petite enfance Cécile Odartchenko est fascinée par l’homme et son « mat ». Sans exhibitionnisme mais sans fausse pudeur et dans une poésie du quotidien elle le dit sous couvert de la Giulietta Massima de La Strada de Fellini mais aussi d’autres images de légendes tirées (entre autres) d’André Roublev, de Dovjenko. L’amour chez elle ose donc le sexe, il est le monde diurne, épousé, accepté dans ses profondeurs et par-delà les lèvres des deuils et abandons.
Comme tout être la poétesse y perd tout repère : il fait d’elle une égarée. Elle l'accepte. Elle accepte l’ombre qui la brûle car dit-elle "l'intimité sexuelle est une vraie intimité et donne des droits à l'homme et à la femme aussi à parts égales (…) Celui qui pour des raisons de confort et de lâcheté, ignore ces raisons du corps, va en être émasculé à court ou à long terme… Il se refuse à jouer le jeu, et le jeu est cruel". Il sera temps plus tard de contempler le trou qu'il laisse et de manger son poing sur l'étale du jour. Reste un magma de sang au goût de pierre, un tremblement figé en bordure des mots. Mais il faut reprendre. L'entente naît d'un présent toujours entier. La nuit n'est plus ce désir lancé vers l'autre mais l'oubli. Pour recommencer et afin que le cœur batte encore la campagne.
Mais c'est aussi tout sauf un jeu quand ce n'est pas seulement un truc qui coulisse dans le machin mais qu'une partition s'engage et engage pleinement ceux qui l'exécutant se mettent au monde. Jamais recluse dans la froideur « Gelsomina » toujours proche de l'irrécupérable garde sa force pour ce "leurre" amoureux qu'il ne faut effacer. Elle sait que parfois on s'en remet mal, qu’il faut – par exemple - "se demander comment mettre un pied devant l'autre pendant deux ans, après avoir quitté le père de mes enfants, le fusil dans le ventre, ça dit tout". Pour autant par-delà des maltraitances encore plus primitives (celle de sa mère) l’artiste et poétesse dressent encore tes tables, tes coupes de fruits exotiques. Des bouquets de fleurs. Ils ne sécheront pas.
JPGP
Commentaires
cher Jean Paul Gavard Perret,
déjà complice lors de mon passage en résidence au château de Bussy Rabutin,(Mes rabutinages) nous avions échangé des pages brûlantes au sujet du désir et de l'amour. Vous étiez donc le lecteur privilégié de Gelsomina, que je vous ai envoyé et je ne suis pas déçue. Merci pour cette note de lecture. Un nouveau livre est en cours, et un deuxième aussi, toujours le désir qui ne fuit pas, lui, nous ramène au centre!
Bien affectueusement, cécile