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VISAGE VIVE -MATTHIEU GOSZTOLA

Visage vive

Matthieu Gosztola

Éditions Gros Textes

4e trimestre 2011

ISBN N° 978-2-35082-169-6

96 pages

Format A6

7 €

 

C’est une courte prose qui introduit ce long poème composé de strophes courtes, irrégulières et espacées de blancs comme autant de silences surgis de l'incompréhension. Au fil des pages, les vers  évoquent  des souvenirs et des ressentis, seuls patrimoines intimes qu’il nous reste après un deuil. Des photographies de l’auteur intitulées « Inde » divisent le livre en trois parties possibles où l’on  devine les étapes d’une épreuve difficile. Ce poème rend hommage à un enfant disparu. L’écrire fut sans doute pour le poète l’unique façon  de maintenir sa présence. Et quoi de moins  incontournable que le visage pour honorer cette mémoire humaine ! « Mais le visage est une belle chose » écrit Matthieu Gosztola. Alors Visage vive, ce titre qu’il convient d’entendre comme « que le visage vive à jamais », suggère ici par l’évocation et l’expression de sentiments vrais, une présence. On ne peut  jamais admettre la mort d’un être aimé et à plus forte raison lorsqu’il s’agit d’un enfant. « L’enfant avec ses silences il se bat / Très fort/ Malgré les apparences il n’y a / Rien à faire de la mort ». Et ce refus s’inscrit dans l’écriture de ces vers à la fois narratifs, évocateurs et témoins d’une insupportable douleur.  L’écriture de ce livre fut semble-t-il  nécessaire. Impérieuse face à la douleur mais impuissante hélas, contre l’absence incompréhensible.  Des scènes, des moments particuliers  surgissent et ravivent la mémoire du poète en des flashs que le poème saisi dans le  tremblement de l’instant. L’emploi du nous et du on dans certains vers, montre ce désir fort de retrouver l’être perdu. D’ailleurs, les vers tout au long du poème ne cessent de s’adresser à ce disparu comme pour le maintenir vivant. Ainsi célébré il peut  à nouveau être réuni au poète : « Je suis dans tes bras-dans tes mains/ Quelque chose nous ressemble » ou  « Il suffit d’un peu / Pour que nos visages se/rassemblent ».  L’écriture rapproche et semble annihiler les barrières de la mort, retarder la conscience de cette perte « Je te garde toujours avec /Moi lorsque j’écris ». Ici  la poésie aide à survivre à ces tsunamis  de la vie « J’ai tellement hurlé / Que dans la respiration les mots / Sont apparus ».

Par moments des vers sibyllins illuminent cette traversée douloureuse, comme des respirations nécessaires

« Dès demain / Je serai ce que tu as cueilli ».

Comment se  souvenir  à jamais, de cet autre qui nous fut si proche lorsqu’il disparaît ? Comment lutter contre l’affadissement de la mémoire, l’altération des souvenirs ? Comment faire face à la mort d’un être aimé ? Car le temps  emporte tout dans l’oubli, le poète choisit l’écriture et le poème pour lutter contre l’irréversible. Dans le deuil, tout possible oubli est pensé comme inadmissible et vécu comme un outrage à la figure de l’absent. Alors la poésie, même si elle ne peut y réussir totalement,  tente de conserver intacte par l’émotion recommencée : le souvenir du disparu,  la nature des sentiments, la fidélité de la mémoire,  l’empreinte d’un  amour fort. « Visage vive » est cet ultime appel  qui résonne hautement en refus à l’oubli.

 

hm

 

 

 

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