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Une voix, un regard, Textes retrouvés (1947-2004), - Jean Grosjean

« Une voix, un regard, Textes retrouvés (1947-2004),

de Jean Grosjean

Édition de Jacques Réda,

Collection Blanche,

Gallimard, Paris,

496 pages,

26 €

une note de lecture de Jean-Paul Gavard-Perret

 

Le poète Jean Grosjean (1912-2006) n'a laissé aucun inédit au sens strict du terme. Sous la direction de Jacques Réda Gallimard a pu néanmoins réunir néanmoins une importante quantité de textes critiques jamais repris en volume, qu'il avait confiés à diverses publications. Plus particulièrement à La Nouvelle Revue française où sa présence auprès de Jean Paulhan, Marcel Arland ou Georges Lambrichs s'est manifestée jusqu'au-delà des années 1990 par un nombre considérable de chroniques et de notes de lecture.

Parallèlement à ses travaux portant sur l'Ancien Testament et le corpus johannique, et à son intérêt pour les grands textes fondateurs qu'il a contribué, en compagnie de J.M.G. Le Clézio, à restituer dans la collection «L'aube des peuples», Jean Grosjean a, au fil du temps, donné à l'actualité littéraire une attention qui bénéficiait de sa familiarité avec l'immémorial. On y retrouve les traits de sa pensée, étrangère aux systèmes et aux modes, et la subtile autorité d'une langue qui distingue son œ… Lire la suite

 

L’auteur de « Clausewitz », « Apocalypse » et « Hypostases » (entre autres) semble, lorsqu’il écrit, marcher sur la mer. Dommage qu’il y ait désormais si peu de riverains pour s’en soucier. C’est pourquoi il est important qu’un tel livre le relève de la tombe. Car tout au long du chemin de sa vie et de ses lectures, Jean Grosjean témoigne de son audace critique asymptotique à son travail poétique. Il ne se veut jamais un témoin à charge. Ses chroniques ne sont  pas là pour « battre le remous noir » mais rendre visible des livres qu’on a parfois hélas oublié mais qui « voletaient sans qu’on sache s’il descendait d’un ciel sombre ou s’ils s’élevaient des buissons secoués par le vent ».

 

Ne jetant jamais des fleurs pour le plaisir de les jeter Grosjean propose la défense d’une littérature que lui-même a illustrée même en plantant son bâton dans le désert.  Si bien que les figures mythiques comme les morts qu’on a enterrés trop tôt à nouveau veillent et attentent. Antigone et Electre en tête. Elles restent le symbole, au fond du désespoir et de la mort, d’espoir et d’existence comme le fut en la poésie de Grosjean sa « Reine de Saba ». Après sa mise au tombeau « elle se mit à marcher au-devant du grand soir». Ne se posant jamais en maître, l’auteur a su  rappeler comment les œuvres dignes de ce nom ne cessent de crier  « Grand âge nous voici ».

 

Le poète privilégie celles qui raniment les questions plus que des réponses. Et celles qui montrent – point essentiel pour le poète – comment l’ombre elle-même peut dire la lumière.  Si bien que dans son écriture  classique le critique reste un dissident capable d’accrocher les lampions devant les fenêtres qui le méritent ou de porter l’attention sur des étoiles inconnues.

 

JPGP

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