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badin

  • POST IT

    Paul Badin,

    Vincent Rougier Éditeur,

    Soligny La Trappe,

    39 p,

    9 Euros,

    2012.

     

     BADINAGES ET BIEN PLUS

     

    Tout être a besoin d’une vie sensée, d’un croisement harmonieux. Rien de mieux pour cela que le « post it ». On dira que c’est une drôle de manière de communiquer. Mais il arrive que les mots disent ce que la parole ne peut exprimer. D’autant que pour Badin le « post it » engage au dialogue. Pour preuve, un d’entre eux cueilli au hasard :

    « - Pour toi cette rose qui te va bien et dure.

    - le rouge vraiment nous souligne ».

    Badin croise ainsi les messages jusqu’à en dépasser les bords. Ils permettent de réaliser que ce qui n’a d’existence qu’immédiate peut prendre une autre dimension.

     

    Chaque « post it » provoque l’élan au sein d’une autre corporalité mentale et en une étrange volupté faite de distance mais en vue d’un rapprochement. L’émotion et la réflexion y sont induites. Et le « post it » dans sa texture pelliculaire acquiert une densité charnelle. Elle réintègre le mental dans l’organique et fonde l’acte poétique d’une union au cœur même du quotidien de l’amour. En ce sens ce livre devient presque un acte « érotique » de réciprocité puisque qu’il métamorphose la vie de tous les jours en cérémonie.

     

    Le « post-it » tend ainsi un voile éphémère pour enchanter le lieu de vie et pour éviter que la vie à deux tombe en sommeil. Le poète la libère. Le monde le plus familier mérite soudain une autre attention. Tout semble en attente d’être reconnu autrement. L’imagination remplit l’espace du carré collé généralement sur le réfrigérateur. Le monde en palpite et s'y rêve par-delà ses arêtes, ses surfaces, ses apparences.

     

    Le réel tronqué dans sa simple évidence reprend la vibration étrange d’un dialogue amoureux. Son "détour" rouvre à la disposition d’une curiosité de la vie dans le respect de l'un et l’autre des messagers au sein d'une tension toujours énigmatique, mystérieuse, dynamique. Des vérités omises s'aperçoivent. Le geste qui colle le papier est genèse. Il marque le passage du souffle repris et repris. Il est accomplissement de l'espace illimité de l’amour dans la limitation étroite d’une surface minime.

     

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