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kunze

  • UN JOUR SUR CETTE TERRE - Reiner KUNZE

    Cheyne Éditeur Collection   D’une voix l’autre

    ISBN :978-2-84116-059-4   

    20 €

    2 ième trimestre 2007

     

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    Traduit de l’allemand par Mireille Gansel pour les Éditions du Cheyne, le livre de Reiner Kunze Un jour sur cette terre est proposé en version bilingue dans la collection D’une voix l’autre. Il rassemble des poèmes extraits des livres de Reiner Kunze composant l’œuvre écrite durant la deuxième partie du vingtième siècle.

     

    Lauréat du prix Trakl et du prix Büchner en 1977, Reiner Kunze a reçu le prix Holderlin en 1999. Reiner Kunze est né dans une famille modeste de l’ancienne RDA dont il immigrera dès 1977 pour des raisons politiques à la suite de son engagement pour le Printemps de Prague. Il vit aujourd’hui en Allemagne à Passau à la frontière autrichienne au confluent du Danube et des deux rivières, l’Inn et l’Ilz.

     

    Le livre nous est présenté par Emmanuel Terray dans une belle préface qui met en perspective l’homme, le poète et l’œuvre. Elle pointe le poème, en phase avec la vie de l’homme et les valeurs existentielles de l’être qui élaboreront dans l’opiniâtreté du quotidien l’œuvre de Reiner Kunze telle qu’elle nous parvient aujourd’hui.

     S’en tenir / à la terre // Ne pas jeter d’ombre / sur d’autres // Être dans l’ombre des autres/ une clarté.

     

    Les poèmes proposés sont extraits de livres écrits entre 1956 et 1998. Ils sont généralement courts, jouant parfois de métaphores mais évitant toute emphase pouvant contrarier une écriture sensible captée au plus proche du réel. Scènes, pensées ou observations minutieusement préservées de l’oubli et de l’apparente banalité des jours, nourrissent des poèmes qui montrent une détermination à la fois sereine et tenace.

    Avoir un coin de pays et le monde/ et jamais plus au mensonge ne devoir / baiser la bague.

     

    Beaucoup d’entre eux montrent l’attachement du poète à la mémoire et à la fidélité. Comme celle à l’égard poète et ami Jan Skâcel dont plusieurs poèmes écrits à des périodes différentes rappellent l’importance, soit par une dédicace ou par une citation de Skâcel en exergue. Ou encore, l’hommage rendu à Ryszard Krynicki, le  Poète éditeur de poètes, dans un poème éponyme qui lui est dédié.

     

    C’est durant près de 40 ans que Reiner Kunze écrit ces poèmes dont la forme et la tonalité au cours de cette période n’ont guère varié. Poèmes de quelques vers au style épuré qui nous renvoient à la réalité des choses simples observées ou vécues. À la lecture on ressent l’expression d’une humilité et parfois une espèce de gravité augurale.

    Encore bras dessus dessous / nous nous éloignons l’un de l’autre // Jusqu’à ce qu’un jour d’hiver / sur la manche de l’un / il y aura seulement de la neige.

     

    Si l’ascète s’isole physiquement du monde, Kunze se retranche en lui-même pour ressentir, capter puis dire sa confrontation au monde. Comme un feu qui couve de poème en poème la poésie de Reiner Kunze transporte l’essence du poète dans une progression lente mais inextinguible. On ressent alors comme une justesse et une humanité dont les échos nous parviennent et nous touchent :

    Meurs avant moi, juste un peu / avant // Afin que ce ne soit pas toi / qui aies à revenir seule / sur le chemin de la maison.

     

     

     HM

     

     

    Cette note à paru dans le numéro 9 de la revue Ici é là.