Pierre Schroven
L’arbre à paroles, Amay
72 pages
12 €
Pierre Schroven : l’enfant d’eau
Pierre Schroven jette toujours un regard nouveau non sur, mais par la poésie. Grâce à une technique de plus en plus maîtrisée il présente d’une manière aussi simple que complexe ses preuves de vie. À ce titre sa poésie est philosophique mais dans le bon sens du terme. À savoir qu’elle est au service de la pensée et non l’inverse. À titre d’exemple un passage peut suffire à comprendre cette propension essentielle :
« Sur une immensité d’eau
Parsemées d’îles rocheuses
Les poissons bondissent
Change d’apparence chaque fois que je respire
Et quand surgit la lune
Visage balayé par des rafales de vent
Je jette mes filets dans les flots d’une question qui résonne sans réponse
Comme la voix d’un fantôme contemplant dans la mer l’évaporation lente de son ombre »
On voit comment l’écriture poétique infiltre la pensée. Elle le propose - comme elle le crée pour la terre - de « la faire pencher du côté dont on ne peut rien savoir ». C’est pourquoi tout l’univers de Pierre Schroven est maritime. Le poète devient l’enfant d’eau. Pas n’importe laquelle : celle des plages où le monde entre en déséquilibre mais aussi en une forme de transparence implicite. Cette zone de frontière témoigne autant du fond, du dépôt que de l’irruption. Elle est le lieu, comme la poésie, où peut affleurer ce qui était jusque-là caché entre abysses et origine.
JPGP