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wexler

  • ECHELLES

    Alain Wexler

    Editions Henry

    Montreuil-sur-Mer

     

    L’échelle en tant qu’objet reste la belle abandonnée des poètes. Devenue symbole elle fait l’affaire des scientifiques et des physiciens. Cette affectation « technique » est sans doute pour quelque chose en l’indifférence poétique à son endroit d’autant qu’en tant que métaphore son image est éculée. On peut pourtant lui accorder le plus grand intérêt : née bois et créant le lien entre le haut et le bas, l’homme tout entier fait corps avec elle.

     

    Fidèle entremetteuse de l’élévation Wexler en fait son miel sans pour autant la considérer comme l’accès vers un au-delà. Il existe en effet dans l’objet autant des possibilités de chute que d’exhaussement.  Dans la fluidité qui lui est chère le poète lui offre une nouvelle dimension et un mouvement cyclique. Quand l’échelle atteint le toit, les ardoises en effet peuvent commencer à y glisser. Mais toujours est-il que pour l’auteur elle reste l’intermédiaire « entre l’homme et ce qui l’environne »  pour ouvrir le champ de son réel et de ses possibilités.

     

    Proche de Ponge la poétique de Wexler fait éclater les images du réel par un détournement particulier. Il permet de dépasser le pur symbole, la simple allégorie de l’objet. Le poète pratique dans son livre des labyrinthes et des digressions jamais intempestives contre la « maladie de la langueur ». Il poursuit une aventure toujours recommencée à chaque nouvelle étape. Ni simple reflet du monde extérieur ni seul projet du moi profond, son texte reste la meilleure formulation possible d'une réalité absente dans laquelle une sensibilité inquiète mais solide rôde.

     

    Ému par la fragilité des êtres et des choses mais aussi par les grands espaces, le poète organise son travail par séries jamais closes. Et devenu "phénomène d'être" selon la formule de Bachelard, l’échelle dépasse ici la simple thématique. Une réalité plus profonde est convoquée. Le monde est redécouvert, dévoilé et s'ouvre à une contemplation émotionnelle qui ne possède rien de compassionnelle. On se retrouve Au pied de l’échelle en quelque sorte. Ponge n’est donc jamais loin.

     

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