Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

La brûlure - Jacques ANCET

Éditions Lettres Vives

Collection Terre de Poésie

13 €

2002

ISBN: 2914577117

 

Le site de Jacques ANCET

 

Le Blog de Jacques ANCET

 

Biobibliographie

 

 

Dans la volubilité de sa langue — la profusion de la parole poétique — Jacques Ancet cherche les lieux où naît le souffle de son écriture et d’où sourd cette énergie vitale qui nourrit de passion sa Poésie. Dès les premiers poèmes il me semble chercher l’horizon de sa propre voix. Il s’appuie pour cela sur un rythme qu’il maintient tout au cours du livre. Celui d’une voix qui dicterait ?

 

« Je ne sais plus/parler et je parle quand même je parle/de cette voix que je ne reconnais pas : elle vient d’ici d’ailleurs du plus profond/du plus léger… »

 

En tout cas une voix intérieure qui le guide et l’entraîne. Et qui possède en elle tous les signes emmêlés d’une raison tangible. Hélas indéchiffrable ! Mais qui porte et qui brûle !

Ce n’est qu’après le premier tiers du livre, comme par incantations répétées ou psalmodies auxquelles le rythme donne naissance peu à peu à ma lecture, que l’écriture s’ordonne et m’acquiert à sa cohérence en laissant filtrer sous ses signes les signifiances de ce langage. Ce qui justement brûle. Ce feu de vie qui dans la métamorphose de sa quête traverse, dans les vers des poèmes, plusieurs figures : amour, inspiration, écriture, désir, enfance…

 

«/et s’il faut que je répète tu me brûles/c’est que je ne sais pas dire cette chose/un matin ou une épine qui s’enfonce/ou peut-être les deux c’est comme trop d’air/… »

 

Ces vers qui suivent méritent une attention particulière dans l’intérêt qu’ils portent aux blancs, ces espaces de l’écriture.

 

«… mais son coupé n’est pas silence tout juste/absence de bruit car dire et répéter/le silence n’est pas le faire poètes/aphones célébrants du culte du blanc/ô Saint Stéphane lavez pour nous un coup/de dés et votre page sera plus blanche/… »

 

Les blancs qui aèrent certaines écritures poétiques sont peut-être équivalents dans leurs nécessités à la fulgurance et l’exubérance d’une langue exacerbée et proférée. Car en quoi la difficulté à dire d’une écriture, qui se traduirait par des blancs dans le texte, ne serait-elle pas similaire, à celle qui tenterait de saisir dès son souffle la faconde d’une langue intérieure ? La prodigalité ou la parcimonie d’une écriture ne serait alors que les moyens similaires dont usent les poètes pour éclaircir de mots l’ombre de leurs rythmes intérieurs.

 

Pourquoi Écrire ? Pour dire la beauté ? Pour contrer l’irrémédiable ? Pour éclairer sa propre figure ?

 

« comme ce visage de moi qui m’attend/chaque jour et qui ressemble à mon attente/mais mon vrai visage l’ai-je jamais vu/ai-je jamais vu ce que j’appelle moi/… »

 

Dans ce livre Écrire est une quête tournée dans toutes directions !

 

« comment dire le tout du monde et rien d’autre/… »

 

Pour Jacques Ancet écrire c’est alors arracher à la vie, la transcendance de moments vécus. Instants parfois brefs et qui portent — soudain ! — au zénith ce ressenti du vivre : cette brûlure. Jacques Ancet y réussit. Dans ce poème quatorze notamment où il arrache, dans la clarté de ses vers, la transcendance poétique d’une vision réelle qui se métamorphose dans son écriture et sous notre regard.

 

 

Hervé Martin

 

 

Les commentaires sont fermés.