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  • N4728 N°14

                                                           Revue N4728

     Paul Badin,  6, Quai de Port-Boulet 49080 Bouchemaine

    Publié par l’association  Le Chant  des mots  à Angers

    Revue semestriel (Janvier / Juin)

     12 € le numéro / 25 € l’abonnement à 2 numéros

     

    Avec la découverte de voix multiples, c’est une poésie entre prose et vers qui nous est proposée dans ce N° 14 de la revue N4728. Une bonne trentaine de voix pour ce numéro de la revue qui a commencé à paraître dès septembre 2001. Du retour à la ligne du vers dont usent Hamid Tibouchi, Edith Azam ou encore François Teyssandier pour ne citer qu’eux, aux poèmes se présentant comme de courtes proses et où l’écriture tente d’imposer dans les rythmes de la langue, comme des appuis sûrs - lire Bernard Moreau,  la poésie montre l’étendue de sa diversité. Et garde de n’opposer une forme à l’autre, car quoi ressemble tant au retour à la ligne du vers que la lecture d’un texte en forme de prose qui voudrait imprégner à la voix et au corps, le rythme d’un souffle qui palpite. Du vers ténu de Nicolas Grégoire limité à un ou deux mots, à la prose d’Emmanuel Vaslin la poésie cherche dans l’écriture des chemins qui la mènent vers nous.

     

    Le sommaire de la revue se compose en trois parties dont celle traitant des notes de lectures à la fin de l’ouvrage. Les deux autres, Mémoire vives et Plurielles, proposent des poèmes qui placent la revue sous le double signe de l’ouverture et de l’exigence.

    On découvrira dans ce numéro des textes de Werner Lambersy, Antonio Rodriguez, Philippe Lonchamp, Jean-Marie Barnaud, Serge Ritman, Jeanpyer Poëls… Et tant d’autres encore. Mon attention s’est particulièrement fixée sur les textes de Patricia Nolan, Sophie G. Lucas, Yves Jouan, SabineChagnaud, Cécile Guyvarch ou Armelle Leclercq. L’écriture de François Boddaert, précise, au vocabulaire rare, qui exhume de la mémoire collective des épisodes des guerres européennes (Consolations, délire d’Europe) nous propose ici des extraits de Batailles dont quelques vers rappellent en moi un épisode particulier.

    Lâche la rampe, soldat, ne lâche rien, Ces champs d’incertitudes, ces champs où nous allâmes (compagnons du devoir d’aller) dans la crevante chaleur d’août ;…

     

    N4728 est une revue qui ouvre largement ses pages à la diversité, semblant chercher dans l’écriture hors de toute considération préconçue, les signes d’un singulier poétique. Le quinzième numéro de la revue paraîtra en janvier 2009.

     

    Hervé Martin

     

    Pour s'abonner:

    N4728
    Paul Badin
    6 quai Port-Boulet
    49080 Bouchemaine
    paul.badin@wanadoo.fr
    2009:  25 € le N°15 et N°16 port inclus.

     

  • ATLANTIDES - Gérard NOIRET

    Action Poétique Éditions  - Collection Biennale Internationale des Poètes en Val-de-Marne

     

    -N°  ISBN :    978-2-85463-181-4         

    Date de parution : avril 2008          

    Nbre Pages :    64     

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    Atlantides ( héroic poésie) de Gérard Noiret vient de paraître chez Action Poétique Édition dans la collection  de la biennale des poètes en Val-de-Marne que dirige Henri Deluy.

    On remarque dès les premiers poèmes une absence de ponctuation. Seules des lettres majuscules semblent ponctuer dans les vers comme une articulation de l’écriture où le vers n’userait pas seulement du retour à la ligne.

     

    Notre nom est absent du Mérite Celui qui existe par notre labeur Aime l’effacement /

     

    Pas de ponctuation donc dans le livre autre que des tirets de dialogues. Généralement utilisés dans les textes de théâtre, ils libèrent ici une parole pour la laisser vivre en bouche. La primauté donnée à la personne humaine m’apparaît dans ce choix qui d’une certaine manière donne la parole à l’autre. Ecrits parfois en versets  mais le plus souvent en vers courts, les poèmes chez Gérard Noiret semblent susciter un écho, vouloir ouvrir un dialogue. Aérés de blancs, les vers attendent comme une réplique qui serait née d’une méditation intime. À moins que chaque vers ne soit écrit pour être dit par chacun d’entre nous ? Alors, la poésie de Gérard Noiret serait, selon l’affirmation de Lautréamont – comme faite par tous, dans ce partage de la voix et cette construction relative et collective du poème. Mais l’absence de ponctuation, l’emploi d’italiques ou l’utilisation de majuscules mettent en valeur d’autres sèmes qu’il conviendrait d’interroger plus longuement.

     

    Le livre intitulé ATLANTIDES ( héroic poésie) est dédié à Ariane Mnouchkine. Gérard Noiret a pratiqué le théâtre de nombreuses années et il a longtemps travaillé aux pratiques de mise en voix de poèmes. Sans doute recherche-t-il là une incarnation de l’écriture comme pour rendre au vivant de la langue la chair de la parole poétique. Est-ce pour cette raison que certains poèmes, Gérard Noiret les nomme poèmes polyphoniques, sont écrits avec des vers se présentant comme une succession de monologues ? Ces prises de parole successives, ces partages de la voix qui fondent ensemble un poème collectif étaient déjà présents dans les livres précédents comme Pris dans les choses ou Toutes voix confondues. Il y a dans la poésie de Gérard Noiret une volonté de restituer au poème l’intelligence et la richesse de la diversité d’une parole collective.

     

     

     Désormais nous savons les reconnaître

              - S’ils se mêlent à nos colères

              - C’est par dépit

              - S’ils entonnent nos prières

              - C’est afin d’officier

              - S’ils louent nos manières

              - C’est pour être applaudis

     

    À l’orée de ce siècle commençant et au regard des sombres prédictions que l’on nous annonce pour les temps à venir, le projet du livre est à considérer comme celui écrit à la mémoire d’un monde qui s’achève. Composé en trois parties le livre établi comme l’état des lieux d’un pouvoir et de sa cour, d’un royaume et de ses possessions, d’une déchéance suivie de ses maux. ATLANTIDES, au pluriel, est une épopée poétique sur nos temps finissant. La fin d’un monde qui s’écroule par pans et dont le premier signe serait le renoncement aux espérances liées à l’esprit des lumières. Si ce n’est un veilleur face aux bouleversements du monde dont chacun peut constater l’évolution funeste, le poète est ici le héraut nécessaire, nu d’intérêt personnel qui livre avec les armes de l’écriture et de la voix, comme un ultime combat.

     

    Au centre du livre - une parure, compose l’ensemble ARTISANAT. Deux poèmes en forme de calligramme « bracelet » et « boucles d’oreille » viennent au juste de MIDI, tout au centre du livre comme préciser l’objectif  du Livre :

     

    - boucles  d’oreille -

     

    MIDI

    peut-on concevoir une

    organisation de

    phrases

    ?

    §§§

     

    MIDI

    susceptible de servir

    de support à

    l’esprit

    ?

     

    Mais peut-être plus encore,  inscrire en filigrane le désir initial que le poète met au cœur de son projet d’écriture. Cette fresque littéraire que Gérard Noiret conçoit depuis plusieurs années livre après livre.

     

    L’écriture de Gérard Noiret est sobre, ciselée. Elle recherche la précision dans la justesse de ce qu’elle relève utilisant parfois un registre de langue qui s’émancipe de la tonalité intime de l’auteur. Elle use de la description et du récit évitant tout lyrisme mais proposant à l’imaginaire du lecteur des projections possibles vers des horizons ouverts qui nous laissent grave en refermant le livre.

     

    Tu peux revenir à marche forcée De jour comme de / nuit Quoi que tu fasses / Tu ne seras pas au rendez-vous

     

     

                                              

     

     HM

     

    Cette note a paru dans le N°22 automne-hiver 2008 de la revue rehauts