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livre

  • ATLANTIDES - Gérard NOIRET

    Action Poétique Éditions  - Collection Biennale Internationale des Poètes en Val-de-Marne

     

    -N°  ISBN :    978-2-85463-181-4         

    Date de parution : avril 2008          

    Nbre Pages :    64     

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    Atlantides ( héroic poésie) de Gérard Noiret vient de paraître chez Action Poétique Édition dans la collection  de la biennale des poètes en Val-de-Marne que dirige Henri Deluy.

    On remarque dès les premiers poèmes une absence de ponctuation. Seules des lettres majuscules semblent ponctuer dans les vers comme une articulation de l’écriture où le vers n’userait pas seulement du retour à la ligne.

     

    Notre nom est absent du Mérite Celui qui existe par notre labeur Aime l’effacement /

     

    Pas de ponctuation donc dans le livre autre que des tirets de dialogues. Généralement utilisés dans les textes de théâtre, ils libèrent ici une parole pour la laisser vivre en bouche. La primauté donnée à la personne humaine m’apparaît dans ce choix qui d’une certaine manière donne la parole à l’autre. Ecrits parfois en versets  mais le plus souvent en vers courts, les poèmes chez Gérard Noiret semblent susciter un écho, vouloir ouvrir un dialogue. Aérés de blancs, les vers attendent comme une réplique qui serait née d’une méditation intime. À moins que chaque vers ne soit écrit pour être dit par chacun d’entre nous ? Alors, la poésie de Gérard Noiret serait, selon l’affirmation de Lautréamont – comme faite par tous, dans ce partage de la voix et cette construction relative et collective du poème. Mais l’absence de ponctuation, l’emploi d’italiques ou l’utilisation de majuscules mettent en valeur d’autres sèmes qu’il conviendrait d’interroger plus longuement.

     

    Le livre intitulé ATLANTIDES ( héroic poésie) est dédié à Ariane Mnouchkine. Gérard Noiret a pratiqué le théâtre de nombreuses années et il a longtemps travaillé aux pratiques de mise en voix de poèmes. Sans doute recherche-t-il là une incarnation de l’écriture comme pour rendre au vivant de la langue la chair de la parole poétique. Est-ce pour cette raison que certains poèmes, Gérard Noiret les nomme poèmes polyphoniques, sont écrits avec des vers se présentant comme une succession de monologues ? Ces prises de parole successives, ces partages de la voix qui fondent ensemble un poème collectif étaient déjà présents dans les livres précédents comme Pris dans les choses ou Toutes voix confondues. Il y a dans la poésie de Gérard Noiret une volonté de restituer au poème l’intelligence et la richesse de la diversité d’une parole collective.

     

     

     Désormais nous savons les reconnaître

              - S’ils se mêlent à nos colères

              - C’est par dépit

              - S’ils entonnent nos prières

              - C’est afin d’officier

              - S’ils louent nos manières

              - C’est pour être applaudis

     

    À l’orée de ce siècle commençant et au regard des sombres prédictions que l’on nous annonce pour les temps à venir, le projet du livre est à considérer comme celui écrit à la mémoire d’un monde qui s’achève. Composé en trois parties le livre établi comme l’état des lieux d’un pouvoir et de sa cour, d’un royaume et de ses possessions, d’une déchéance suivie de ses maux. ATLANTIDES, au pluriel, est une épopée poétique sur nos temps finissant. La fin d’un monde qui s’écroule par pans et dont le premier signe serait le renoncement aux espérances liées à l’esprit des lumières. Si ce n’est un veilleur face aux bouleversements du monde dont chacun peut constater l’évolution funeste, le poète est ici le héraut nécessaire, nu d’intérêt personnel qui livre avec les armes de l’écriture et de la voix, comme un ultime combat.

     

    Au centre du livre - une parure, compose l’ensemble ARTISANAT. Deux poèmes en forme de calligramme « bracelet » et « boucles d’oreille » viennent au juste de MIDI, tout au centre du livre comme préciser l’objectif  du Livre :

     

    - boucles  d’oreille -

     

    MIDI

    peut-on concevoir une

    organisation de

    phrases

    ?

    §§§

     

    MIDI

    susceptible de servir

    de support à

    l’esprit

    ?

     

    Mais peut-être plus encore,  inscrire en filigrane le désir initial que le poète met au cœur de son projet d’écriture. Cette fresque littéraire que Gérard Noiret conçoit depuis plusieurs années livre après livre.

     

    L’écriture de Gérard Noiret est sobre, ciselée. Elle recherche la précision dans la justesse de ce qu’elle relève utilisant parfois un registre de langue qui s’émancipe de la tonalité intime de l’auteur. Elle use de la description et du récit évitant tout lyrisme mais proposant à l’imaginaire du lecteur des projections possibles vers des horizons ouverts qui nous laissent grave en refermant le livre.

     

    Tu peux revenir à marche forcée De jour comme de / nuit Quoi que tu fasses / Tu ne seras pas au rendez-vous

     

     

                                              

     

     HM

     

    Cette note a paru dans le N°22 automne-hiver 2008 de la revue rehauts

  • Les gémissements du siècle - Paul-Louis ROSSI

    Édition Flammarion/Collection Poésie

    247 pages

    18,29€

    N° ISBN : 2-08-068128-1

    Mars 2001

     

     

    Le titre de ce livre Les gémissements du siècle fait référence à ce qu’écrivait Isidore Ducasse, comte de Lautréamont dans les Poésies : Les gémissements poétiques de ce siècle ne sont que des sophismes…

    J’ai lu ce livre comme une invitation au voyage. Paul Louis Rossi, avec une érudition toute ludique entraîne le lecteur dans ses pérégrinations passionnées en quête de la Poésie. Approchant toujours plus près son sujet, resserrant avec précision et finesse ses propos, il traque et esquisse jusqu’au plus dicible ce qui peut définir la poésie.

    C’est sur le ton de la confidentialité amicale et éclairée que nous partageons avec lui, à travers plus d’un siècle, ce vagabondage poétique. Un voyage dans les livres et les vies de – Segalen, Breton, Michaux, Reverdy, Ponge ou Claudel… – qui n’a pour objectif que de retenir et préciser ce qui est remarquable et qui demeure vif dans ces œuvres. Nous côtoyons ces figures et les suivons dans les rues de Paris, Nantes, Namur ou Strasbourg où leurs traces demeurent. Sans oublier les poètes contemporains auquel un chapitre est consacré sous l’égide du chiffre quatorze du sonnet, Paul Louis Rossi donne une large place à l’art des musiciens et à celui des peintres. Un livre qui nous tient notre attention et dont les inlassables digressions donnent au ton l’agrément d’une conversation amicale ou celui d’un récit inépuisable dont le lecteur attend avec impatience, la chute.

    Mais ici tout est prétexte pour discerner, extraire, isoler des arguments, des caractéristiques, des propriétés à même de définir ce qui dans l’histoire de la poésie constituerait les matériaux propres à ses soubassements.

    La comptine, le compte, qui de sept à huit pieds oscille entre chanson et poésie ; la prosodie, le chant, la sonorité ; la forme du sonnet et son compte quatorze ; l’esprit des formes ; le lyrisme mais aussi ses envers, la doxa, ces croyances communes d’une époque ; le vers libre indéterminé ; le poétisme, qu’il faut entendre par le-tout-poétique ; le patois incomparable des avant-gardes des années soixante…

    Paul Louis Rossi au cours de ce livre énumère, relève, note… Il accumule des traces. Il élabore les lignes — ces traits- d’un possible idéogramme du vocable Poésie, pour dépasser cette image d’une définition occidentale, sur laquelle d’ailleurs nul ne s’entend.

    Il veut montrer qu’il existe une — liaison — entre le monde et la poésie. Sans toutefois en ignorer la difficulté, celle d’énoncer en fin d’expérience que la pensée se renverse et qu’il s’agit justement de retrouver une sensation.

    Peut-être celle d’un temps -juste – entre l’énoncé du monde et le tracé du geste.

    Hervé Martin