Gérard Paris
La Porte, Laon.
Gérard Paris refuse qu’on en reste au rien même si il y a une grande limpidité à croire ne plus être. Mais cela s’appelle renoncer, être « sans âme, mutilé à jamais ». Et même si dans le rien l’être croit peser de tout son poids il faut franchir les limites et rejoindre cette dimension quasi sacrée où le mot n’est plus seulement tache ou trou noir.
Il s’agit donc de se fonder dans le lieu où nous sommes, contre la belle et précaire assurance de nos alibis de toutes sortes. Il faut donc se porter là où Gérard Paris, dans son écriture fragmentée et faussement aphoristique, indique la voie : le lieu au delà de la frontière du silence où pourtant on peut dire encore, on doit encore parler. Bref aller où le silence a quelque chose d’intéressant à dire, pour savoir ce qui hante l’humain jusqu’à « cueillir les couteaux de gel » pour « affûter l’être ».
Paris dit ce qu’on doit accepter et refuser pour affronter la perte inhérente à chaque vie. C’est là sa leçon (grandiose) d’humilité afin sinon de dépasser, du moins de savoir le peu qu’on est. Il y va donc d’un consummatum mais qui permet de rebondir, de (re)commencer. C’est à ce moment que l’on reprend conscience, que s’efface cette fameuse vitre dont abusent les poètes sans oser la briser.
Jean-Paul Gavard-Perret