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C'EST A DIRE de Franck Venaille

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C'EST-A-DIRE

de Franck Venaille

Mercure de France

Janvier 2012

N° ISBN :978-2-7152-3239-6

172 pages

Format A5

 


C'est-à-dire, vient de paraître au Mercure de France. Un livre qui regroupe des ensembles de poèmes aux formes différentes comme souvent chez l’auteur. Franck Venaille construit depuis plus de quarante ans une œuvre poétique dans laquelle apparaît son attachement aux Flandres. Passion née d’un séjour de vacances durant l’enfance qui ne le quittera plus et dont ses livres témoignent. Depuis Papiers d’identité paru en 1966 les livres sont nombreux, on peut citer L’apprenti foudroyé, La descente de l’Escaut, Hourra les morts, et plus récemment Chaos et ça édités au Mercure de France. Cette œuvre est pleine d’une inquiétude et d’une angoisse existentielle qui persistent dans la succession des livres.

 

On peut entendre ce titre deux façons selon que l’on ajoute un point d’interrogation ou que l’on marque une pause pour entendre – cela est à dire.

 

C’est-à-dire ? Cette première forme interrogative ouvrirait les champs d’un questionnement procédant par approches et tâtonnement de langage de celui qui à désir à remonter les sources de lui-même pour chercher sens. Tel celui procédant par l’analogie du – comme tente, par la comparaison, de dire au plus juste de sa perception.

« égaré dans la nuit / dans ce qui est / l’obscur complet / j’avance lentement / me tenant par la main ».

La seconde s’inscrirait dans l’intime témoignage de soi, rapportant les faits signifiants d’une histoire personnelle. Entendant alors – Cela est à dire – on entendra la voix de celui qui quête, cible et choisit des événements de son existence ayant compté d’une façon définitive.

« C’est le visage trempé d’embruns, de sueur, d’amères larmes c’est avec çà que je cherche ma vérité ».

Considérant ces deux possibilités, je veux souligner la sincérité touchante de cette quête, quand le poète du plus profond, extrait les sensations vécues de son être. Et lorsqu’enfin les ressentis sauvés du corps sont traduits dans le poème, le poète atteint ces lisières imperceptibles où le corps et les mots s’unissent. Là est le travail du poète.

« Toutes les marées hautes se ressemblent/Toutes vies se valent & valsent ensemble /,Chaque barbare cherche à étreindre / sa part intime de sable et de vent / C’est cela qui est à dire. »

 

Ce livre m’a conduit vers les portes d’un intime. Tout dans ces poèmes, me force à une silencieuse et respectueuse lecture face à l’homme, ce poète transgressant les frontières de ses pensées intérieures dans un dénuement à la fois humble et imposant qu’il partage de son être profond. Et j’ai lu ce livre sans sommaire, mais non sans étape en découvrant des titres souvent sombres évoquant la gravité en différents propos ! La face obscure, l’enfance en deuil, certains qui tombent, la guerre au plus près…

 

« Tout m’est blessure. Je ne sais plus que faire pour vivre mieux » ce vers pourrait illustrer le propos de ce livre. Mais Franck Venaille ne renonce pas pour autant et poursuit la traversée de sa vie. Au fil de ma lecture les méandres de ses poèmes me conduisent de la Mer du Nord ( Ner(f) du Mort ? ) aux rives funestes du Styx. Cette mer du Nord que j’imagine dans les mots du poète fascinante - rassurante ? - et où je croise des enfants puis des femmes - la Femme - et enfin la camarde qui hante les pages. Tel est le paysage de ce livre où la mort semble présente depuis le premier temps de la conscience, cette amante noire qui trahira le poète, il le sait, au tout dernier moment. Et c’est de là, de ces côtes des Flandres, de ces villes du Nord qu’elle remonte l’enfance ! Elle remonte en une marée plaintive qui submerge, au point que le souffle halète parfois dans certains vers aux longueurs inégales et dont l’irrégularité du rythme me suggère des vagues progressant sur le territoire du poète. Territoire comme d’une île qui réduirait ses surfaces devant une submersion maritime inéluctable. Ces vers comme les vagues de la mer du Nord, mer noire, au bleu d’encre de chine qui noircit les pages de la vie.

 

Franck Venaille aime Les Flandres, ce pays d’une enfance qui marquera durablement le poète avec ces villes du littoral telles des êtres vivants luttant dans un combat inégal, contre l’approche inexorable d’une fin qui les ronge, « La légende des hameaux engloutis me revint à l’esprit ». L’envahissement de l’angoisse au rythme des marées, « J’ai l’image de la mer du Nord en moi ». Franck Venaille persiste et habite ce territoire de vie et d’écriture. Ce pays d’enfance et de vivants. Pays aux espaces cachés derrière la platitude presque inoffensive d’une ligne d’horizon droite, d’où semble naître l’infini, les Flandres, avec leurs villes côtières bercées par la lente musique des vagues qui rythme ses poèmes et le cours de sa vie.

 

  • HM

Commentaires

  • Merci Marie ! Les notes: une manière de partager la poésie par la lecture. Cordialement
    Hervé Martin

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