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"Chez Soi" de Sarah Hildebrand

Sarah Hildebrand, « Chez soi »,

textes et dessins,

96 pages, coll. « Re : Pacific »,

éditions art&fiction,

Lausanne, 2012.

 Une note de Jean-Paul Gavard-Perret

 

Sans connaître l’issue de son propre mystère Sarah Hildebrand ; magicienne des mots et des traces ne trouve comme recours qu’à évoquer et pénétrer des lieux inconnus, - qui deviennent sa demeure chaque fois réinventée. Moyennant quoi elle enchâsse sa propre histoire dans la grande question du secret, de la généalogie du secret, question que tout artiste se pose. Et cette relation au secret se constitue en espace de tension entre « autoportrait » et indices de l’inconnu. De la sorte, elle pose et repose la question de savoir qui elle est, qui est le sujet du sujet.

 

Les interrogations de  la créatrice portent souvent sur Les questions du lieu, de l’habitat et de l’intimité. À la manière d’une Sophie Calle - mais avec moins de stratégie délibérément voyeuriste - la recherche du lieu porte vers quelque chose de trouble et de troublant. Celle qui rêve « sur un tas de feuille morte de se sentir chez soi » a quitté son lieu d’origine (Genève) pour retrouver sa propre intimité. Elle pénètre par exemple en inconnue dans la maison d’une personne décédée ou en étrangère dans son pays d’adoption, l’Allemagne, encore habitée en filigrane des heures sombres du passé où certains  furent jetés hors de chez eux.

 

Contre l'épargne des images poétiques ou plastiques celle qui n’écrit que dans les cafés trouve une submersion, un moyen de casser nos illusions « d’optique ». L’espace poétique est déspatialisé afin d'accéder au statut d'une expérience. Les lieux hantés par Sarah Hildebrand acquièrent la troublante souveraineté, l'efficacité d'un lieu de mémoire - même si ce n'est pas la sienne, même si ce n'est pas la nôtre – du moins a priori.

 

Tout compte fait, au sein du secret ou de ce qu’on prend comme tel, l’artiste produit une œuvre au statut particulier dans ses frottements temporels et géographiques. Ayant à faire au motif autobiographique Sarah Hildebrand refuse simplement de parler d’elle. L'histoire de l'œuvre est donc l'histoire d'une accession à soi par l'intermédiaire de l'autre. En conséquence la dimension poétique de l’œuvre prend un sens particulier.

 

JPGP

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