Fernando Arrabal, « Ma fellatrice idolâtre »,
avec 9 dessins licencieux d'Antonio Segui, Quadri,Bruxelles
Fernando Arrabal, « Le cahier du refuge 218 »,
Centre National de Poésie de Marseille,
décembre 2012,
Marseille.
Une note de Jean-Paul Gavard-Perret
Jadis Arrabal était si sombre qu'il connut jamais ou mal la pamoison. Il était idéaliste. L’est moins désormais et ose une vulgate matérialiste d’un type très particulier. Il souque comme un gars de la sardine à Oléron. Sa truite sent le rouge Chanel comme celui du Prix Unique. Car avant de sucer les fraises il y a d'autres plaisirs plus tombal et velouté. Toutes les « Ruth-à-baga », les « fortes Marie-Bas-de-Laine » ne font cependant pas l'affaire. Pour que le jus roucoule dans le cagibi à mots n'importe quelle « canaillotte » ne fait pas l'affaire. Il faut celle qui « scrapule », « musique », « dente » (juste un peu pour éviter l'Enfer), « drapule », rue, nuance tenante, composte, philtre et filte, palpe et mercerise, spirale pour qu'en faim de fin elle boive le lait d'un vin de fesse.
Arrabal s'adressent - et plus que jamais dans ce livre - aux négateurs de percolateurs, aux mangeurs de « l'eusses-tu-cru »,aux retournés des aisselles, aux barrés d'ocre noir, aux adeptes des cuillères à spatule. Oui Arrabal s'adresse à eux, leur lance son stupre et son levain. Il présente son corps désirant et son squelette au rabbin à chaussettes, au pope cornu, au curé d'Uruffe. Pas de religion, de doctrine, pas de vierge.
Mais la putain, la sainte, la brute dont la sexualité va de dedans au dehors. Pour la magnifier à ceux qui ne savent pas lire il offre ses lignes, ses couilles et leurs assauts. En a-t-il mal au cœur ? Non sans doute. Il lui suffit de se vider la rate de son foutre selon une nécessite « vessiale ». Il ne s'agit pas d'un absolu souverain que d'en témoigner mais juste affirmer le goût de ce qu'on appelait le péché. Cela prouve une nouvelle fois sa lutte contre l'alliance pérenne de la matraque et de l'encens.
"Ma fellatrice adorée" renoue avec la poésie panique. Le livre redevient une boîte ou une botte à rire, à sourire, à pleurer, à pleurer de rire. C'est aussi une boîte aux lettres d'amour, aux lettres de rupture. Une boîte à malices, à Alice, à merveilles, à saucisses, à crudités. Finie la pose, haro superflu. La mémoire est du sexe. Le foutriquet décharge son outil de jardinier. Avec sa suceuse il ne fait qu'un plein de vilaines pensées qui finissent en « boulemimine » jusqu'à son appareil à boyau.
JPGP