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Zoom avant, de Christophe Stolowicki,

Zoom avant,

Christophe Stolowicki,

Peintures de Thérèse Jeanneau,

coll. « Trace(s) », Passages d’encres, 2013,

14 €.

par Jean-Paul Gavard-Perret

 

Stolowicki garde au cœur de sa poésie le ravin et la braise des sacrifiés. Il est le fils secret des sans nom de l’Histoire. Par diffraction ce qui fut mort paraît. Mais laisse chacun encore plus seul. Foule retentit. Foule ou l’un contre l’autre. L’un en l’autre comme revenus stupéfiés. Est-ce la présence à ses côtés de Thérèse Jeanneau ? Mais toujours est-il que le poète « s’ose ». Certes les miasmes de son passé demeurent avec l’absence d’espérance « et sa ceinture de noir ». Mais le regard trouve dans l’obscur un chemin de hallage. Surgit - en dépit du manque de relief qui ne tient pas au paysage mais à celui qui le regarde - : « L’éclat océan des nombres premiers, des entiers décimaux de jeunesse ». Stolowicki replace le corps - ou plutôt l'inscription corporelle de l'esprit - dans des dispositifs techniques poétiques pour faire remonter sans faire abstraction de la mémoire « l’autre face du noir ». En la syncope immense des corps le poète inclus chaque fois toute la nuit et toute la lumière afin que le poème devienne la phrase totale.

Aux grands silences collectifs, aux bruits des bottes qui firent résonner la souffrance il donne un rythme, un témoignage et réinvente une forêt des songes. Il y repère un bois de signes. Les deux appellent à un au-delà de la vision par la matière travaillée, reprise, élaborée. Et si le poète va toujours puiser du fond des temps un savoir enfoui pour rappeler une violence absolue et une douleur toujours présente il fait briller une lumière de chaos d’éclats. Buvant sa mort vivant il tente d’arracher à ses pesantes nuits d’ombres une splendeur aride au sein de la tension que traduit figures de style et fragmentation du phrasé. Une telle poésie toute en torsions silencieuses devient un tâtonnement sans fin afin que la lumière respire au sein d’une vision aqueuse et minérale. Poésie et peinture s’y répondent dans un voyage à la fois perpétuel et immobile. Au crépuscule l’infime perle d’aube. Le poète propage la vie des obscurs. Il reste comme celle qui l’accompagne ici le passeur qui enterre l’ombre dans la lumière des lignes d’un ciel invisible. Succession d’états de conscience. Retour aux lieux extrêmes. Qui pour les reconnaître ?

JPGP

 

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