La vie atteinte
Jean-François Mathé
Rougerie éditeur
ISBN : 978-2-85668-186-2
Mars 2014
82 pages
13 € par Hervé Martin
Le livre est composé de trois parties dans une tentative d’établir un état des lieux de l’intime avant l’entrée dans une nouvelle et ultime période de la vie. Au fil des pages apparaissent ainsi, un bilan sur les décennies passées, une évaluation du présent et des lumières qui persistent et une vision sur l’horizon des jours à venir.
Le ciel, son bleu, l’éblouissement d’un jour dans les premières heures de l’enfance… puis les ombres, les fatigues qu’elles accompagnent et les cendres à venir, La vie atteinte est un livre écrit à l’entrée d’une étape d’une vie d’homme, la dernière. C’est l’occasion d'égrener les moments de joies et d’espérances au regard des regrets, des peines et des désillusions. Pourtant la vie est toujours là, bien vive et présente, mais le poète sait que parfois il est difficile d’en distinguer les bienfaits.
Nous ne voyons même pas l’épaule du ciel/ à portée de notre main / et le secours qu’elle offre / à ceux qui savent s’arrêter, respirer /dans les saisons des arbres et des hommes.
Cette dernière partie de vie s’accompagne d’un désenchantement progressif et d’un bilan un peu amer quand le temps qui passe amoindrit les passions et leurs intensités. Le poète mêle alors comme indissociables, les lumières et les joies d’un ciel d’azur – la poésie - et semble-t-il, les joies des palpitations de sentiments amoureux.
Je te regarde / de ce regard qu’on a pour un ciel.
Mais le temps qui travaille à son œuvre de fossoyeur et la fatalité de la vie, défait progressivement les raisons de la joie que la vie apporte. Le poète pourtant ne cesse de rechercher cette lumière d’espérances qui sourit dans les premiers matins des jours.
J’irai où le veut l’ombre le cœur papillon encore vivant/ battant contre des lampes toujours éteintes. comme éteintes les illusions.
Jean-François Mathé est en quête et recherche au-delà des mots ce qui pourrait faire sens dans le blanc et le silence des pages pour ouvrir des espaces inconnus, parfois insoupçonnés, dont il est porteur en secret de lui-même.
Toujours, j’ai recherché ce que le blanc des pages/ disait de plus que les mots./
quand simultanément, le poète voit son monde décliner et s'effacer peu à peu dans les jours que ses pas parcourent.
Tu chantes au seuil de la nuit
Quel est-il ce tutoiement qui parcourt les poèmes du livre ? Adresse-t-il à une compagne ou à la poésie, ce désir et cette énergie de ciel bleu qui l’animent ? Le lecteur que je suis ne peut le dire mais perçoit bien que des similitudes existent entre ces deux compagnes-là.
Avec les jours qui s’accumulent, sans doute le ciel s’obscurcit-il et ses bleus en sont moins vifs. Mais les éclaircies qui sourdent parfois n’en sont que plus belles pour rehausser cette part d’espérance nécessaire à l’avancée des pas dans les jours. Jean-François Mathé en cherche les signes, les traques pour écrire des poèmes qu’infiltrent par incursions ténues des lumières salutaires.
Quelqu’un signe un poème/ égal à cette légèreté / puis souffle sur son nom / pour que le poème sans attache, /rejoigne la neige.
Et c’est bien dans le réel contre la poussière des rêves que s’inscrit la quête de Jean-François Mathé.
Mais l’immensité est dans ces yeux qui s’ouvrent / et me mettent au monde /malgré ma vie déjà vécue.
Car la vie jusqu’au bout est porteuse d’avenir !
Inquiète, la main vérifie / que mon sommeil n’est pas la mort,/ que ma vie poursuit son effort / sans savoir ce qu’il signifie,/.