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éditions potentille

  • EN TIRANT SUR LES MOTS

    James Sacré

    Éditions Potentille

     

    7 €

    2 ième Trim 2010

     

    Refermée l’ultime  page du livre, achevé le dernier poème, quelque chose de curieux se produit. J’ai le sentiment de trouver dans ce livre un peu de moi-même. C’est souvent le fait d’un bel ouvrage de poésie qui lie le singulier au collectif. Et en le refermant, j’ai le geste de presser le livre contre moi, tout en serrant de mes doigts l’épaisseur de ses pages comme pour tenter de saisir, je ne sais… ce sentiment qui s’en échappe et me rattrape. La poésie est affaire du corps.

     

    Un sentiment alors que j’interroge et creuse. Cette impression confuse d’une beauté jaillie de la lecture. Beauté qui me fait signe par l’évocation du père et par la simplicité  – apparente –   d’un parler recréé qui me fait songer à celui de paysans, ces gens de terre. La poésie est-elle comme un travail de la terre ?

    Et la forme de cette écriture, non dans son apparence sur la page mais dans la structure du langage me touche, comme bouleversée soudain par l’émotion, jamais loin, qui se glisse dans le vers. Vers langagier et chaotique qui tracent comme des labours préparant des récoltes d’une saison prochaine. Qu’est-ce donc la poésie ? L’importante bibliographie de James Sacré n’a pas épuisé la question. D’où provient ce plaisir, ce désir d’écrire des vers ? James Sacré le recherche sans bien réussir à le préciser. Et c’est tant mieux au fond ! Car c’est bien par cette quête que nous trouvons nous aussi, notre plaisir de lire.

     

    À moins, que ce plaisir suscité ne se loge subtilement dans la forme de cette écriture ? Lorsqu’elle recrée ici une langue,    ce langage qui est comme –chahutant la syntaxe pour évoquer à mes sens ce parler entendu dans l’enfance. Celui des vieux d’alors rectifiant la syntaxe aux contrées de la règle, percutant les oreilles de leurs élans de bons sens.

    Un parler,  faut-il le rappeler, pétrit dans cette obligation, que dis-je ce devoir ! d’apprendre la langue de ce pays de France.  Une langue de  terre bien émouvante. Mais « d’où vient ce qui chante » écrit le poète

     

    Et pourquoi écrit-on ? James Sacré s’interroge dans le flux de ses vers   Si j’ai quelque chose à dire,  s’étonnant de savoir Si même c’est de la poésie / tu ne sais pas. Mais il ressent imperceptiblement pourtant que ça remonte de loin et que soudain sur la page,  c’est là !

    d’avoir trimé longtemps, bien t’es content

    Et le lecteur aussi dans ce plaisir partagé !

     

    HM