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jean-marie perret

  • Grande liberté de l'air au-dessus du fleuve

    de Jean-Marie Perret

    Éditions Obsidiane            Collection  Le legs prosodique ,

    Sonates 1

    ISBN : 2.911914.55.4    11 €

     

    4e trimestre 2002

     

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    Ce premier livre de Jean-Marie Perret inaugure la collection Le legs prosodique que François Boddaert a créé en 2002 chez Obsidiane. Cette dernière tient son nom de cette formulation  le legs prosodique extraite de Crise du vers de Stéphane Mallarmé et qui est rappelée en avant-propos du livre. On se met à penser après la lecture du livre que ce premier ouvrage pourrait être aussi le texte initiateur de cette nouvelle collection.

     

    Grande liberté de l’air au-dessus du fleuve nous invite en témoin, au partage de rencontres inouïes. Celles solitaires que Jean-Marie Perret en marche pour des moissons inespérées a eues durant près de trois années avec des paysages : territoires et cieux, campagnes et villes, arbres et bêtes du pays de l’Yonne.

     

    Le titre déjà, qui emprunte celui d’une des 47 proses poétiques qui composent le livre, à lui seul nous invite au voyage vers des horizons larges et nous accoutume aux paysages avec la volubilité d’une langue qui tient ses promesses tout au long du livre.

    Dès les premiers poèmes – en prose, ce qui nous parle et nous séduit, c’est cette langue vive. Elle nous tient éveillés avec ses rythmes, la gourmandise de ses mots, la précision des descriptions, l’acuité du regard qui la nourrit.

     

    Mais quoi d’autre, dans l’herbe rase, cette feuille brune collée sur une pomme qu’a marquée la dent d’un lérot — la pomme, sous la pluie, de jaune a tourné au vert, et où le lérot a mordu, le jaune est plus vif encore

     

    On croirait fermant les yeux que ces courtes proses sont des tableaux. Des miniatures ou des croquis instantanés, des approches impressionnistes que les rencontres, ressenties comme présentes par le lecteur, ont libérées dans l’écriture.

     

    Cette pierre coiffant muret, portant sur sa peau toute sa durée, calcaire blanc que le temps grise et noircit de carbonates, lavis tout en finesse où s’étalent des lichens ronds sans épaisseur (certains lisses, d’autres ridés) d’un blanc vert, ou gris très clair, d’autres jaune d’or, en disques, arcs, festons : on a marché dessus rayé ou abrasé la belle composition…

     

    Ces poèmes en proses sont soutenus par le rythme de cette langue au vocabulaire usant d’un registre étendu et d’une digression au service de la précision et de la musicalité de la phrase. En témoigne ce sous-titre Sonates, 1 qui précise l’intention du poète sous le nom de l’auteur à l’ouverture du livre.

    Pour qui chercherait une langue vivante en voici une qui traverse ce livre. Accompagnons là ! Elle nous remue, réactive nos sensations dans les élans du souffle et les éclats de paysages qui exhalent un air humant bon ces éprouvés des sens.

    La lecture des textes dévoile leur genèse à mesure que nous les découvrons. Nous imaginons l’instant de leur écriture, au fil d’un regard scrutant la ligne d’horizon qui sépare le ciel - son air et la terre où coule le fleuve dans la campagne de l’Yonne. S’aventurant là en sous-bois, ici par quelques passages insoupçonnés ces proses poétiques – ce legs prosodique semble s’écrire en marchant au rythme d’un pas solitaire embrassant de tout son être, la campagne et le sel de la vie.

     

    Heureux à qui advient l’air, la lumière, la disparition d’une bête à fourrure dans la fétuque des fossés, les frondaisons des chênes secoués au-dessus des villages…

    HM