L’aile de la cendre, (Poèmes 1957-2000)
Jean Dif,
Éditions Edilivre.com,
Paris, 94 pages,
12,50 Euros
Depuis plus de cinquante ans Jean Dif ne cesse de jeter des passerelles entre lui et le monde à travers les lignes de sa poésie. C’est dire que ce pont reste fragile. Pour autant pour lui comme pour une Duras « l’écriture ne se quitte pas ». Mais ce n’est pas une maladie : juste une suite de temps de recouvrement dans l’espoir – mais pas seulement – que les mots fassent ce que la vie ne fait pas.
En leurs fugues ils ne cautérisent pas mais tentent autant le rêve que le réel. L’auteur sait qu’il ne faut pas chercher la poésie où on croit la trouver : elle « déteste le bruit / Elle est une maison abandonnée / Que l’on retrouve au détour / Du sentier où l’on s’égare ». Elle agit en avançant, vient à l’improviste. C’est un long travail du temps qu’illustrent ces « morceaux choisis » traversées d’un demi-siècle.
De 1957 à 2000 la veine reste la même : la poésie demeure une tentative de recouvrement. Et même lorsqu’il se cache sous un masque Jean Dif surgit nu, sincère en tension entre les douleurs et les plaisirs des jours. Nulle « frime », nulle posture donc nulle imposture. Juste un parcours où parfois ses « draps sont blancs et la neige noire » lorsque le poète a « laissé périr de faim / celui qui offrait aux oiseaux / son ultime quignon de pain ».
Mais c’est ainsi que vont la vie et la poésie. Les deux valent d’être vécus. Dans leurs cendres s’envolent encore les ailes du désir. Surtout lorsque l’écriture demeure ce « feu follet qui témoigne / Du profond travail des vases ». Et même lorsque le poète semble se retirer en lui-même son appel perdure. Avec intensité.
JPGP