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Valentine Penrose ou les fantasmagories du Désir de Nicolas Berger

Valentine Penrose ou les fantasmagories du Désir,

Nicolas Berger,

Derrière la salle de bain,

Rouen,

10 €.                                                                 par Jean-Paul Gavard-Perret

 

Valentine Penrose poétesse de l’amour au bouquet de violettes

 

Valentine Penrose distilla l’apologie du saphisme selon diverses entrées. Née en France elle « exporta » le surréalisme en Angleterre. Descendante spirituelle de Virginia Woolf et de bien des amazones britanniques la poétesse fut reconnue d’abord par Eluard (préfacier de deux de ses recueils) et par Bataille lors de sa publication de « La Comtesse sanglante ». Dans cette libre biographie d'Erzsébet Báthory qui propulse au cœur de l'Europe féodale en un " humus de sorcellerie et à l'ombre de la couronne sacrée de Hongrie " l’auteure décline par nimbes son saphisme. On le retrouve plus ouvertement en liberté et toujours plus sexuel qu’amoureux dans « Martha’s Opera » et « Dons des féminines ». Ouvertement lesbiens ses textes naissent de plusieurs sources. Entre autres chez un des maîtres précurseurs du Surréalisme : Gustave Doré. Les textes jouent des codes lesbiens. Rubie héroïne de « Martha’s Opera » évoque par exemple son amante en termes de voilette  : « Emily, heaume vivant de violettes ». Dans « Dons de féminisme » l’orphisme se teinte d’un sentiment poétique de la nature : « La feuille a suivi la fleur / Tendis qu’au ciel se lamentent et se destinent / L’eau l’heure la planète et toute chose féminine ».

 

Valentine Penrose au-delà du saphisme pur interroge la part féminine de tout être et la transforme dans une puissance qui n’a rien de passive. Elle reprend l’affirmation de Bataille  "Tout le monde a conscience que la vie est parodique et qu'il manque une interprétation".  Pour sortir de cette parodie,  l’interprétation lesbienne permet au monde de ne plus  marcher à cloche-pied. Hors vision romantique  la poétesse accorde au saphisme la capacité de diffracter  ses poussières de lumière. Elles viennent s'inscrire en faux contre les espaces d'ombre du désir masculin. Quelque chose  flotte dans l'air pour devenir aire. Et il  n’est pas jusqu’à  la robe de mariée  d’offrir une étrange maison et un trouble particulier. L’amour devient un bouquet de violettes et le plaisir masculin est atteint soudain d'un trouble schizophrénique. Ce qui fera dire à une des héroïnes de Bataille parlant du désir  « Pardonne moi, mon dieu, je ne sais plus ce que j’en dis ». Mais ce ne fut pas le cas de Valentine.

 

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