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  • QUEL AVENIR POUR LA MAISON DE LA POESIE DE PARIS - APPEL DU COLLECTIF ORPHEE

    Pour vous joindre à cet appel, merci d’envoyer vos nom, prénom, fonction et adresse e-mail (pour informations ultérieures) à : orphee.paris@yahoo.fr


    Lire aussi la lettre de Michel Deguy publiée sur le site Sitaudis. 

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    L'APPEL DU COLLECTIF ORPHEE

    La presse (Libération, Livre-Hebdo, Le Parisien, l'Humanité...) a rendu publics les changements opérés à la Maison de la Poésie de Paris. Un certain nombre d'acteurs du monde des lettres s’interrogent et ensemble nous nous inquiétons : 
    - de la procédure de nomination du directeur qui vient contredire un usage démocratique (appel et mise en concurrence de projets) attendu d'une association financée à 100% par une collectivité territoriale respectueuse des principes républicains.  
    - des menaces qui pèsent sur la dénomination du lieu, fondé par et pour les poètes en 1982 grâce à Pierre Seghers et Pierre Emmanuel. 
     
    Aussi, demandons-nous :  
    - la mise en place de la procédure attendue et une révision démocratique des statuts de l’association. 
    - le respect du projet poétique initial, conforme aux missions pérennes de la Maison de la Poésie. 
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    Premiers signataires  
    Bernard Ascal, responsable du secteur poésie aux éditions EPM. Françoise Ascal, écrivain et poète. Marie-Hélène Audier, poète. Marianne Auriocoste, poète et comédienne. Pierre Autin-Grenier, auteur. Isabelle Baladine Howard, poète. Marie-Claire Bancquart, poète, professeur émérite à l’université Paris IV Sorbonne, ancienne directrice de la Maison de la Poésie de Paris. Constantin Batal, poète. Jeanine Baude, écrivain. Nazan Begikhani (Kurdistan), poète, éditrice en chef du Monde Diplomatique / Kurde, chercheuse à l’université de Bristol, Angleterre. Claude Ber, poète, dramaturge et essayiste. Pierre Bergounioux, écrivain. Gisèle Berkman, directrice de programme au Collège international de Philosophie, Paris. Julien Blaine, poète. François Boddaert, poète, éditeur. Hélène Boinard, directrice des éditions Cadex. Jean Bollack, philosophe, philologue et critique. Alain Boudet, poète, fondateur des Printemps poétiques de La Suze (Sarthe), responsable éditorial des éditions Donner à Voir. Yves Boudier, poète. Yves-Jacques Bouin, comédien, poète, responsable de la programmation poétique à Dijon La Voix des Mots. Véronique Breyer, poète. Geneviève Brissac, écrivain. Sophie Brunet, chargée de mission à La Semaine de la Poésie, Clermont-Ferrand. Didier Cahen, poète. Magda Carneci (Roumanie), poète, essayiste, ancienne directrice de l’Institut culturel roumain de Paris. Alain Castan, directeur de la Courte Echelle éditions Transit. Jacques Charcosset, ex-coordinateur du Printemps des poètes des communes de l’Agglomération de La Rochelle. Judith Chavanne, enseignante et poète. Ivan Ch’vavar, poète. Françoise Clédat, poète. David Colin (Suisse), écrivain et membre du comité de la Revue de Belles Lettres (Suisse). Benoît Conort, poète. Jean-Gabriel Cosculluela, créateur, médiateur de création littéraire. Patricia Cottron-Daubigné, poète et enseignante. Fabienne Courtade, poète. Martine Cros, poète. Jacques Darras, poète. Paul de Brancion, poète et romancier. Maggy de Coster, poète, directrice de la revue Le Manoir des poètes. Edith de la Héronnière, écrivain. Colette Deblé, peintre. François Debluë (Suisse), écrivain. Ludovic Degroote, écrivain. Marc Delouze, écrivain, poète, responsable des parvis Poétiques (Paris), conseiller littéraire des Voix de la Méditerranée (Lodève). Henri Deluy, poète, président de la Biennale internationale des Poètes en Val-de-Marne. Gilbert Desmée, poète, Maison nomade de Poésie en Picardie. Charles Dobzynski, écrivain, président du jury du prix Apollinaire, membre de l’Académie Mallarmé, co-redacteur en chef de la revue Europe, lauréat 2012 du Grand Prix de Poésie de la Société des Gens de Lettres. Rodica Draghincescu (Roumanie-France), poète. Ariane Dreyfus, poète. Pierre Drogi, poète et traducteur. Eric Dubois, poète, blogueur, chroniqueur. Jean-Pascal Dubost, poète. Marie-Florence Ehret, auteur. Antoine Emaz, poète. Jean-Michel Espitallier, écrivain. Mahrou M. Far (Iran-Belgique), auteure. Claude Favre, poète. Jean-François Feuillette, psychanalyste et poète. Fabrice Feuilloley, directeur du GRAAL / Maison des écritures (Corrèze). Laurent Flamarion, administrateur des Théâtres des quartiers d’Ivry – CDN. Jacques Fournier, directeur de la Maison de la Poésie de Saint-Quentin-en-Yvelines, président de la Fédération européenne des Maisons de Poésie / MAIPO. Knut Fournier, chargé d’enseignement à l’Université Paris Ouest Nanterre La Défense. Michel Fréard, trésorier de la Fédération européenne des Maisons de Poésie / MAIPO. Alain Freixe, poète et critique. Roger Gaillard, auteur d’AUDACE et directeur de l’Oie plate. Claudine Galéa, écrivain. Marc Giai-Miniet, peintre. Sylvie Giai-Miniet, enseignante. Nicolas Gille, poète. Thierry Gillyboeuf, poète. Jean-Louis Giovannoni, poète. Michaël Glück, poète. Sylvie Gouttebaron, poète. Laurent Grisel, poète. Joseph-Julien Guglielmi, poète. Georges Guillain, poète et fondateur du Prix des Découvreurs. Brigitte Gyr, écrivain. Hélène Henry, traductrice de poésie, secrétaire du Prix de poésie Nelly Sachs, Présidente de l’association Atlas. Ronald Klapka, psychanalyste et critique. Philippe Laccarrière, musicien, directeur artistique du festival Au Sud du Nord. Christophe Lamios Enos, poète. Alain Lance, écrivain. Emmanuelle Leroyer, responsable du secteur livre du Printemps des poètes. Jean-Pierre Lesieur, poète et directeur de la revue Comme en poésie. Philippe Longchamp, poète. Monique Lucchini, écrivain. Philippe Macaigne, poète. Béatrice Machet, poète. Claire Malroux, poète et traductrice. Hervé Martin, poète et revuiste. Jean-Yves Masson, écrivain. Predrag Matvejevic (Croatie), professeur Université de Rome. Pierre Maubé, bibliothécaire, auteur et anthologiste. Michel Ménaché, poète. Maitté Monike, poétesse de la rue. Raphaël Monticelli, écrivain et critique d’art. Jan Mysjkin (Belgique), poète et traducteur. Roland Nadaus, poète, romancier, maire honoraire de Guyancourt, fondateur de la Maison de la Poésie de Saint-Quentin-en-Yvelines. Gérard Noiret, poète. Moncef Ouhaibi (Tunisie), poète. Lydia Padellec, poète et éditrice. Angèle Paoli, rédactrice en chef de la revue de poésie, de critique et de littérature Terres de femmes. Maxime Hortense Pascal, poète. Alexis Pelletier, poète. Pascale Petit, auteur. Gérard Pfister, directeur des éditions Arfuyen, président de l’association Capitale européenne des Littératures (ACEL). Maryse Pierson, administratrice du Printemps des poètes. Isabelle Pinçon, poète. Anne Poiré, poète. Yannick Poirier, Tschann librairie et Tschann Jeunesse. Marius Daniel Popescu, écrivain et poète. Jean Portante (Italie-Luxembourg), poète, romancier et traducteur. Jean-Luc Raharimanana (Madagascar), poète. Jacques Rebotier, poète. France Rey Burghelle, poète, critique littéraire et professeur. Marie Rousset, écrivain. Valérie Rouzeau, poète. Claire Ruppli, comédienne. Pierre Sève, maître de conférence IUFM Auvergne. Jean-Pierre Siméon, poète, directeur artistique du Printemps des poètes. Sylvie Sohier, professeure. Anne Talvaz, poète. Benoît Théberge, auteur, comédien, metteur en scène et directeur de la compagnie Zéro Théâtre. Sylvie Tissot, informaticienne et gérante de Anabole. Yves Torres, éditions Elyzad. Ivan Treskow, poète et écrivain. Florence Trocmé, directrice du site Poézibao. François Turner, poète et traducteur. Mario Urbanet, poète. Corinne Valente, bibliothécaire. Jean-Charles Vegliante, poète et traducteur. André Velter, poète. Christiane Veschambre, poète. Laurence Vielle, poète, écrivain et comédienne. Pierre Vilar, universitaire et critique. Michel Voiturier (Belgique), poète et critique littéraire. Anne Waldma (Etats-Unis), poète. Henriette Zoughebi, vice-présidente du Conseil régional d’Île-de-France. 

       
     
    Si vous souhaitez vous joindre à cet appel, merci d’envoyer vos nom, prénom, fonction et adresse e-mail (pour informations ultérieures) à : orphee.paris@yahoo.fr 
     
    Lire aussi la lettre de Michel Deguy publiée sur le site Sitaudis. 

  • Attention, Le Printemps des poètes peut disparaître!

    Un appel  de Jean-Pierre Simeon et de son équipe  pour tenter de sauver le Printemps des Poètes :

     

    Chers Amis,

     

    Le Printemps des Poètes est dans une situation critique : après 10 années de réductions constantes des moyens alloués à l'association, le ministère de l'éducation nationale nous a annoncé au cours de l'été la coupe imprévue de 40% de la subvention 2012. (60.000 € de moins).

    Cela entraîne un défaut de trésorerie tel qu'il implique la disparition à brève échéance de la structure, et consécutivement de la manifestation.

    Le ministère de la culture, qui maintient son soutien, ne peut compenser ce retrait ; la seule solution est pour nous de récupérer auprès du ministère de l'éducation nationale la somme qui manque avant la fin 2012.

    Vous pouvez nous aider en écrivant personnellement au Ministre de l'éducation nationale, pour lui dire votre attachement au Printemps des Poètes et témoigner de l'importance de son action auprès des acteurs éducatifs et culturels.

    Ce peut être une lettre brève, mais vous comprendrez que plus le ministre recevra rapidement de nombreux courriers l'alertant sur la gravité de la situation et l'inquiétude qu'elle suscite, plus nous aurons de chances d'obtenir gain de cause.

     

    Adressez votre courrier à : Monsieur Vincent Peillon

                                         Ministre de l'éducation nationale

                                         110 rue de Grenelle

                                         75357 Paris SP 07

     

    Merci par avance pour votre soutien, je vous tiendrai bien sûr informés des suites.

    Bien amicalement à tous,

     

    Jean-Pierre Siméon, directeur artistique

    et l'équipe du Printemps des Poètes :
    Maryse Pierson, Céline Hémon, Célia Galice et Emmanuelle Leroyer

     

                                          ps : Nous préparons néanmoins la manifestation:

                                         "Ceux qui vivent, ce sont ceux qui luttent"  Victor Hugo

     

                                        N'hésitez pas à nous contacter pour plus d'informations :

                                  avec@printempsdespoetes.com

                                  01 53 800 800

    Le Printemps des Poètes
    6 rue du Tage

    75013 Paris

     

    Et en pensant à la manifestation de 2013  « Ceux qui vivent, ce sont ceux qui luttent », écrivons en nombre !

     

    Hm

  • L'OMBRE QUE LES LOUPS EMPORTENT (poèmes 1985- 2000), CHRISTOPHE DAUPHIN

    L’ombre que les loups emportent (Poèmes 1985-2000),

    Christophe Dauphin,

    Les Hommes sans Épaules Éditions,

    2012,

    470 p

    22 euros.

     

    Imprégné par les avancées du Surréalisme, Christophe Dauphin s’en est dégagé autant par son inspiration que par son écriture. Son livre est par excellence la  somme qui le prouve. Elle permet aussi de voir un pan du chemin de celui qui caresse l’utopie comme il ouvre parfois à des chants moins sereins. Adepte des voyages sous toutes ses formes, « par la rivière Kwai » comme sur « les pas de Baudelaire dans les voiles », de la nuit mexicaine aux  touffeurs de Samarkand,  à travers un tableau de Monet, de Madeleine Novarina ou de Frida Khalo le poète est  toujours au plus près de la vie : le monde est là. L’idéalisme du poète ne l’expurge pas de ses miasmes. De même sa propension à l’absolu ne prive pas le lecteur de toute une sensualité. Dauphin crée une œuvre qui se dérobe à l’ombre même s’il se dit « un crépuscule aux mains coupées ». Et si la poésie ne sauve pas elle cicatrise un peu. Certes la peau est souvent prête à éclater à nouveau, le sang pulse mais il n’empêche que l’écriture métamorphose tout – jusqu'au « collier de Buick et de Lada » sur l’île de Cuba.

     

    Il existe dans une telle œuvre des sortes de narrations plastiques poétiques qui forcent l'espoir en luttant contre la réalité lorsque nécessaire. L’écriture est donc la source de la résistance à la vérité instrumentalisée comme à l’amour déçu. La femme y est d’ailleurs présente de manière paradoxale, hors champ. Et le poème devient parfois par-delà la douleur  le lieu sourd de rêves provoqués par les attentes que la femme comme les lieux provoquent. Dans ces derniers réside toujours quelque chose d’intime qui joue de l’entre deux : l’ici et le là-bas, l’avant et l’après.

     

    Le visible et l’énoncé  suggèrent de l’invisible et du tu, du nous, du liant et du lien – c’est d’ailleurs une idée mère chez Dauphin. Un tel livre permet de traverser les couches sédimentaires  d’une œuvre et d’une existence. Certes son contenu ne se confond pas avec le signifié. Dauphin élabore des énoncés qui n’ont rien de « médico-légaux». Ils expriment un état particulier  de la visibilité du monde et de la profondeur des émotions et leur charge d'ineffable que l’artiste engendre et  nourrit.  Chaque texte révèle le cri de vie, d'amour, d'exigence intérieure. C’est pourquoi il se conçoit comme un espace à relire et relire pour découvrir ce qu’il en est - par-delà le poète - de l’être  et de ce qui le met en question et l’affecte dans sa relation au monde.

     

    JPGP

     

     

     

  • VISAGE VIVE -MATTHIEU GOSZTOLA

    Visage vive

    Matthieu Gosztola

    Éditions Gros Textes

    4e trimestre 2011

    ISBN N° 978-2-35082-169-6

    96 pages

    Format A6

    7 €

     

    C’est une courte prose qui introduit ce long poème composé de strophes courtes, irrégulières et espacées de blancs comme autant de silences surgis de l'incompréhension. Au fil des pages, les vers  évoquent  des souvenirs et des ressentis, seuls patrimoines intimes qu’il nous reste après un deuil. Des photographies de l’auteur intitulées « Inde » divisent le livre en trois parties possibles où l’on  devine les étapes d’une épreuve difficile. Ce poème rend hommage à un enfant disparu. L’écrire fut sans doute pour le poète l’unique façon  de maintenir sa présence. Et quoi de moins  incontournable que le visage pour honorer cette mémoire humaine ! « Mais le visage est une belle chose » écrit Matthieu Gosztola. Alors Visage vive, ce titre qu’il convient d’entendre comme « que le visage vive à jamais », suggère ici par l’évocation et l’expression de sentiments vrais, une présence. On ne peut  jamais admettre la mort d’un être aimé et à plus forte raison lorsqu’il s’agit d’un enfant. « L’enfant avec ses silences il se bat / Très fort/ Malgré les apparences il n’y a / Rien à faire de la mort ». Et ce refus s’inscrit dans l’écriture de ces vers à la fois narratifs, évocateurs et témoins d’une insupportable douleur.  L’écriture de ce livre fut semble-t-il  nécessaire. Impérieuse face à la douleur mais impuissante hélas, contre l’absence incompréhensible.  Des scènes, des moments particuliers  surgissent et ravivent la mémoire du poète en des flashs que le poème saisi dans le  tremblement de l’instant. L’emploi du nous et du on dans certains vers, montre ce désir fort de retrouver l’être perdu. D’ailleurs, les vers tout au long du poème ne cessent de s’adresser à ce disparu comme pour le maintenir vivant. Ainsi célébré il peut  à nouveau être réuni au poète : « Je suis dans tes bras-dans tes mains/ Quelque chose nous ressemble » ou  « Il suffit d’un peu / Pour que nos visages se/rassemblent ».  L’écriture rapproche et semble annihiler les barrières de la mort, retarder la conscience de cette perte « Je te garde toujours avec /Moi lorsque j’écris ». Ici  la poésie aide à survivre à ces tsunamis  de la vie « J’ai tellement hurlé / Que dans la respiration les mots / Sont apparus ».

    Par moments des vers sibyllins illuminent cette traversée douloureuse, comme des respirations nécessaires

    « Dès demain / Je serai ce que tu as cueilli ».

    Comment se  souvenir  à jamais, de cet autre qui nous fut si proche lorsqu’il disparaît ? Comment lutter contre l’affadissement de la mémoire, l’altération des souvenirs ? Comment faire face à la mort d’un être aimé ? Car le temps  emporte tout dans l’oubli, le poète choisit l’écriture et le poème pour lutter contre l’irréversible. Dans le deuil, tout possible oubli est pensé comme inadmissible et vécu comme un outrage à la figure de l’absent. Alors la poésie, même si elle ne peut y réussir totalement,  tente de conserver intacte par l’émotion recommencée : le souvenir du disparu,  la nature des sentiments, la fidélité de la mémoire,  l’empreinte d’un  amour fort. « Visage vive » est cet ultime appel  qui résonne hautement en refus à l’oubli.

     

    hm

     

     

     

  • Action Poétique, L’Intégrale - Dernier numéro - N° 207 à 2010

    Action Poétique, L’Intégrale - Dernier numéro - N° 207 à 2010

    Mars 2012

    ISBN N° 978-2-85463-210-1

    304 pages

    Format A5

    21 €

     

    Avec la parution du dernier numéro de la revue Action Poétique, c’est une histoire éditoriale de 62 ans qui se referme. À L’intégrale, titre de cette ultime parution est adjoint un Dvd-rom qui réunit dans un format numérisé la totalité des numéros parus depuis 1950. En parcourant ce Dvd, on découvre que c’est sous le titre de L’action poétique que paraissent les premiers numéros de cette revue créée par Gérald Neveu et Jean Malrieu. Puis après avoir consulté la liste impressionnante des numéros présents sur le Dvd et ouvert au hasard quelques-uns d’entre eux, j’ai repéré la devise inscrite en tête de sommaire du premier numéro paru en 1958 dans une nouvelle formule: « La poésie doit avoir pour but la vérité pratique ». Une belle devise qui pointe probablement le réel. Elle disparaîtra avec le numéro 79 paru à l’occasion des 25 ans de la revue. Un numéro charnière que je conseille de lire. Et notamment ce texte d’entretien d’Henri Deluy intitulé entre Yves et moi. Sur le ton d’une conversation amicale se tenant autour d’un album photos, il retrace l’histoire d’Action Poétique jusqu’en 1979 : «... Nous étions des poètes du type : « La poésie c’est dans la vie… », ils n’écrivaient pas la poésie de la tripe… mais ils avaient la poésie dans le ventre, c’étaient des gens qui vivaient la poésie comme une espèce d’aventure, à la vie à la mort… ».

    Mon attention s’est ensuite portée sur le grand éclectisme des sommaires proposés durant ces soixante années .De .La .Sextine aux Troubadours, des Poètes baroques allemands  du XVII siècle aux Avant-gardes…tant de sujets ont été abordés et fouillés. Puis, j’ai parcouru par curiosité le seul numéro bis ! Ce  N°74, paru spécialement à l’automne  1978 pour permettre aux membres de  la revue de s’expliquer publiquement sur un événement politique. Henri Deluy rappelait alors dans l’éditorial de ce numéro : « Action Poétique n’est pas une revue de politique. Elle n’est pas une revue Impassible : contre les agressions Impérialistes au Vietnam ou contre l’occupation de Prague, pour prendre deux exemples forts, nous sommes Intervenus. Et contre la guerre coloniale en Algérie, huit années durant... ». On mesure ainsi l’implication et la détermination des membres d’Action Poétique face à des événements politiques, de la vie,  qu’ils se déroulent en Algérie (A.P. N°12),  à Prague (A.P. N° 38), au Vietnam (Suppl. A.P. N° 53) ou en France pour ce n° 74.

    Ce quadruple numéro propose plus de 300 pages entre l’entretien d’Henri Deluy recueilli par Sandra Raguenet et la préparation culinaire du Flan, pour cette page-recette qui clôtura les numéros en quatrième de couverture durant plusieurs années. Entre, un nombre  important de poètes et d’écrivains sont rassemblés. Ils accompagnèrent la revue sur des périodes longues ou à des moments de son histoire, soit,  pour diriger un  numéro particulier.  Au cours de l’entretien d’Henry Deluy des questions relatives à l’histoire et à la vie de la  revue sont largement évoquées.  Ainsi, l’origine d’Action Poétique, le choix de la diversité, les comités de rédaction, les relations avec le PC ou avec les autres revues sont abordés sans ambages pour esquisser brièvement l’histoire de la revue.

    C’est près de cent écrivains et poètes qui sont rassemblés ici par ordre alphabétique. Hormis les poètes traduits, ils furent tous membres du comité de rédaction. On découvrira leurs textes souvent inédits, parfois extraits de numéro anciens  mais aussi écrits spécialement pour la circonstance comme ceux de Gil Jouanard, de Jean-Pierre Léonardini ou d’Elisabeth Roudinesco. On aurait aimé lire plus de textes de témoignages comme ces derniers. Aujourd’hui de nombreux poètes ont disparus tels Gérald Neveu et Jean Malrieu ces figures emblématiques de la revue, mais aussi Martine Broda, Pierre Lartigue, Mitsou Ronat, Maurice Regnaut ou Bernard Vargaftig  décédé très récemment et dont la photographie  précède ses textes dans les pages du numéro. Il faut aussi préciser que depuis la création d’Action Poétique la poésie étrangère est présente dans la très grande majorité des sommaires et souligner que cette volonté fut un fil rouge tout au long de l’existence de la revue. Rappelons enfin que si Henri Deluy a traduit des poètes tchèques, allemands, slovaques, russes, néerlandais ou portugais de nombreux membres du comité de rédaction participèrent à ce travail de traduction. Dans le sommaire, on trouvera leurs noms associés aux poètes qu’ils ont traduits : Claude Adelen et Franco Fortini, Yves Boudier et Enrique Santos Discepolo, Alain Lance et Volker Braun… Les exemples nombreux laissent deviner un état d’esprit solidaire dans cette volonté de diffuser une poésie internationale. On ne peut bien sûr résumer en quelques lignes et cette histoire d’Action Poétique et ce numéro dense qui a d’ailleurs rapidement été épuisé. Pour l’histoire, on se reportera au livre écrit par Pascal Boulanger, « Une «Action Poétique » de 1950 à aujourd’hui » paru chez Flammarion et pour ce numéro,  au site www.actionpoetique.eu sur lequel est reproduit la totalité de L’intégrale.

    Comme pour un passage de relais que je veux y voir, au cours de l’entretien Henri Deluy formule : «Il appartient aux nouvelles générations de créer de nouveaux outils ».  Une aventure prend fin mais d’autres commencent ou ont déjà commencé. C’est là, la force de la poésie de ne pas renoncer! Saluons enfin l’obstination de la revue pour son action : 62 années consacrée la poésie!

    hm

     

     

     

  • BLONDES OBSCURES - Alain Crozier

    Blondes Obscures,

    Alain Crozier,

    Éditions Chloé des Lys, Barry (Belgique),

    86 pages,

    16,40 Euros.

     

    WHITE ON BLONDE

    Le titre du meilleur album de Texas et de Charlene Spiteri convient parfaitement aux poèmes d’Alain Crozier. L’artiste « multicarte » est en effet immergé dans une mouvance rock dont l’écriture est tatouée. Même lorsqu’ils sont torturés les textes de l’auteur sont en épure au milieu pour dire les errances de l’amour :

    « Aimer et déprimer

    En même temps.

    Penser ? »

    Pas besoin de faire des phrases. Tout ajout ne serait qu’enluminure et verbiage.

     

    Toujours à la limite de la déréliction Crozier ne tombe jamais dedans. Sans doute parce qu’elle est à l’image de sa vie : entre imaginaire et réalité. L’existence à la fois, se rêve, se mérite - mais pas toujours. Et au besoin le poète appelle des dieux à la rescousse :

    « Dieu Râ va me sauver

    De la mort.

    Le soleil me réchauffe

    Revitalise

    Goutte à goutte

    Vie à vie ».

    D’où le recours pour cette thérapie aux femmes, enfer et paradis. Sur terre, elles empêchent l’homme, le mâle, ce bois flotté de ne pas basculer dans les goudrons visqueux de la mélancolie qui met l’être sous hypnose comateuse.

     

    Ajoutons que Crozier ne cherche jamais un refuge dans le passé. Il ne chérit pas Venise. Nul besoin de gondoles pour glaner des mirages dans des eaux amniotiques. Sa nostalgie ne guigne pas vers le passé mais vers le futur. Dès lors l’écriture pose question de la séduction face au temps. Chaque poème essaye d’être là, avec la femme, avec « l’Elle », avec « L » qui se décline sous divers noms tus et registres. Comment dès lors s’empêcher à notre tour d’être séduit par une telle écriture ? Dans la contrainte de la brièveté son baiser au lépreux court infiniment plus vif que les plus troublantes embrassades des femmes qu’on a aimées.

    JPGP