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  • D'autres notes de lecture...

    Le site de la revue Incertain Regard   (http://www.incertainregard.fr )  offre également dans le menu Archives,  des notes de lecture de livres et de revues de poésie, des éditoriaux, de chroniques tels qu'ils furent proposés dans la revue.

    Découvrez-les durant cette période de congés...

    http://www.incertainregard.fr/PageArchives.html

    Si vous aussi, lisez de la poésie contemporaine. Si vous éprouvez l'envie de partager votre lecture en écrivant vos impressions, faites parvenir vos textes à l'adresse du site au format  word. (.DOC ) Vous pouvez envoyer vos textes jusqu'à fin septembre 2010. Après avis de lecture, certains textes pourront être édités sur ce bloc notes de lecture. Bel été !

    Hervé Martin

  • Revue Passage d'Encres N° 38 - 39 : ARGENTINES

    ARGENTINES,

    revue Passage d’Encres n° 38-39,

    Romainville.

    http://www.passagedencres.org/

    Ranger la revue Passage d’Encres simplement parmi les autres revues revient à minimiser son apport. La littérature s’y ouvre visuellement au sein de ce qui tient d’un ordre de la mise en scène comme le prouve le numéro intitulé « Argentines » dirigé par Jordi Bonells grand spécialiste des littératures hispaniques et Christiane Tricoit directrice de la revue et attachée affectivement à ce pays.

    Leur approche multiple échappe à une visée d’école afin d’épouser le rythme de l’espace et du temps. La revue embrasse le pays en s’éloignant des théories fumeuses de hasard objectif. Tout est mûrement réfléchi mais laisse passer de l’air autant par l’apport iconographique (celle entre autres de Ricardo Mosner) ou de textes qui peuvent surprendre dans un tel corpus (comme celui de Muscat ou de Delphine Gras).

    Ce numéro accorde avant tout la pure contemplation d’une littérature souvent mal connue. S’y perdre est un plaisir d’une découverte de figures qui échappent à un lecteur franco-français. Ce numéro crée un triple corps qui dépasse paradoxalement les époques et les simples frontières géographiques. Une dimension du quotidien est là mais elle est traitée par Maria Fasce, Andres Neuman ou Florencia Abbate de manière, sinon à réparer le temps, du moins de le suspendre et d’interrompre ou d’enrayer la mort qui peut si souvent se répéter.

    L’ensemble ouvre à une autre vision de l’Argentine. Par une vision transhistorique qui ne se soucie pas seulement des effets faciles de l’exercice délibéré du sarcasme une telle approche permet à un lecteur francophone de comprendre combien cette littérature foraine demeure proche et en rien exotique.

    Libres, liés à l’énergie, les textes (en particulier « de création »)  évoquent des histoires dont on ne sait rien et dont pourtant on pourrait tout savoir tant elles sont proches. L’axe de nos propres vies  y  oscille. Et Bonells a fait le choix judicieux non de souligner des différences mais  de rapprocher deux continents afin  d'aller plus loin, de défaire et refaire le monde.

    L’Argentin exilé et Christiane Tricoit font saisir le mouvement de la littérature et nous permettent de comprendre que voir le visible ne suffit pas. Il faut aller plus loin. Ne plus voir comme nous apercevons habituellement mais distinguer ce que nous percevons lorsque la littérature nous « regarde » afin de nous apprendre ce qu’il en est d’embrasser le réel qui échappe.

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  • Ecouter les poètes sur Le centre national du livre - WebTv

    Franck Venaille

    James Sacré

    Jacques Roubaud

    Yves Bonnefoy

    Pascal Commère

    Christian Prigent

    Antoine Emaz

    Valérie Rouzeau

    Et bien d'autres...

    Une belle façon pour découvrir la poésie contemporaine.

    Hervé Martin

  • GUY PIQUE ou LA POESIE DU CORPS

    La peau des Etrécis,

    Guy Pique,

    Editions de l'Atlantique, Collection Phoibos,

    50 pages,

    15 euros

     

     

     

    Guy Pique l'écrit lui-même :

    "souvent la voix

    traîne sans chair",

    "La peau des Etrécis" évite cet obstacle. Reprenant - mais à sa donne et à sa main  - une problématique chère à Artaud, le poète secoue la langue à travers  la peau et les os dans les nerfs de son poème. S'y développe une torsion où seuls les mots tiennent encore. Pour le reste tout va par creux et ellipses:

    "là               chair

    se désécrit

    en mesure               à lumière

    produit son creux

    son blanc traînant

     

    n'elle résiste

    se sachant pauvre

                            se sachant pauvre

    de lézards

    d'orgueil".

     

    Le poète n'en appelle plus, parlant des corps, à leurs silhouettes atmosphériques. Il y a en eux des excès et des trous. Manière de montrer qu'il manque toujours à la viande et son chapiteau  une interprétation.

     

    Le poète propose donc la sienne dans une langue dont l'éclat trahit la nuit de l'être et à travers celle-là il tente de donner à celui-là une tenue, une résistance. Que bien, quel mal, bref tant que faire se peut là où

    "s'en sifflent

                       des riffs

                                   lâches des liens".

    Le corps doit donc à la fois se tenir et s'ouvrir, s'écoper au sein de son angoisse. L'éloge de la vie se crée dans une étrange moiteur de la chair. Le corps à la fois ne promet rien et donne tout.

     

    Guy Pique évite tout baratin : le barattement du corps suffit. Son texte dessine des mouvements d'un univers où le souffle tente de rentrer, de sortir. Plus que sur nous sommes dans la peau qui n'a jamais aussi bien porté les termes de "sac d'os". Le poète cherche ainsi le fil paradoxal qui clôt et qui ouvre

    "le saut de l'inouï éclos

           vers l'arrêt

           l'embaumement"

    mais aussi

    "le point d'union

           de gué

                       entre feu qui écarte les côtes

                       et l'oubli de la perte".

     

    On est donc bien loin des comédies poétiques habituelles dont se contente la poésie. Après "Aube de Peau" et "Haut Corps" un pas de plus et au-delà est franchi. Un pas dedans aussi. Preuve que contrairement à ce que pensait Valéry le plus profond dans l'homme n'est pas sa peau mais ce qui en dedans ne prend pas seulement part au poids mais qui maintient un vide pour que la respiration existe. On a cité Artaud : mais Novarina lui-même n'est pas loin.

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