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  • COMPRIS DANS LE PAYSAGE

    Georges Guillain

     

    Editions Potentille

    7 €

    2ième Trimestre 2010-09-11

     

     

    Compris dans le paysage est le dernier livre de Georges Guillain qui paraît aux éditions Potentille. C’est un long poème né de l’immersion d’un homme dans un paysage lié à des événements tragiques.

    ROUGE / Je l’écris / cherche les mots / hésite après / dans les failles.

    On songe à des crimes proférés contre des hommes dans des lieux aujourd’hui de mémoire et à jamais marqué par la barbarie. On pense à un camp de concentration situé dans les pays de l’Est, quand soudain le sous titre du poème, Fin d’été, Struthof  nous confond, nous ramenant soudain dans un  camp de la mort qui fut situé en Alsace tout près de Strasbourg. Poème, à l’écriture ciselée, formé de  vers ténus, par deux ou trois souvent emplissant des pages aérées. Strophes courtes, espaces de blancs -  pour dire l’indicible ? -  qui au cours du poème muent jusqu’à voir les mots envahir l’espace d’une page, comme pulvérisant le vers contre nos habitudes.

     l’écrire / ombre / moi-même / figure / qui s’effondre / tracé / fuyant / une brûlure brusquement / que bientôt /  personne ne / saura / plus / dire/

    L’écriture de Guillain est précise, elle adhère au lieu, en son paysage, tentant d’approcher au plus  près son histoire funeste. On ressent à la lecture du poème, une conscience qui s’érige contre ce que l’on soupçonne, cette impensable monstruosité commise contre nos semblables,  entachant à jamais dans l’ombre de la forêt proche, la dimension humaine.

    L’écrire  / pour me souvenir / moi / une vie ordinaire sans rien /  sans souvenirs immondes sans grincements de dents /    

    Dans cette géographie du souvenir  l’intime présence du poète s’affirme avec indignation, dans une langue tendue, face à ce crime contre des hommes, qui sans cesse aux mémoires, noue les viscères du corps. Et lorsque les vers suggèrent les expériences médicales qui furent menés dans ce camp, la désolation et le dénuement semblent au plus vifs. Nos masques maintenant au dessous du visage.

    Les mots de Guillain sont  formés à la forge sensible. Tout est approché. Suggéré. Le poète puise en ses sources même pour rappeler les vertus de la mémoire, qui dans des lendemains futurs pourraient encore guider nos pas en des chemins plus rassurant. Alors partageant les vers de ce livre nous pouvons dire :

    Ici / nous n’auront pas tout perdu /

     

    HM

  • DEHORS

    Jean-Pierre Védrines, 

    Librairie Galerie Racine,

    Paris,

    48 p.

    12 E.

     

    A travers les paysages, les plus simples sources des émotions les plus fortes Jean-Pierre Védrines continue de chercher ce que nous ne pouvons atteindre. Dans l’automne et parmi les feuilles mortes, sa nuit ne peut pourtant le prendre dans ses filets. Il suffit au poète une épaule plus douce que les autres. Elle le mène au bout du flamboiement des arbres  de l’automne à travers les vignes d’Aude où les mains grappillent l’existence.

     

    « Dehors » fait ainsi l’horizon du dedans, il concentre non le songe mais une vérité primaire qui pour autant n’innocente pas notre dérive. Védrines déroule ses draps : ils deviennent les tapis volants qui l’emportent dans le tourbillon. Celui-ci fait de chaque pensée une douce brûlure.  Au moment où des images d’enfance surgissent il faut alors en multiplier les lumières comme la neige le fait au soleil afin de renforcer ses pouvoirs.

     

    Une telle poésie pèse sur la vie, la perce jusqu’aux vignes de l’âme. On y trouve des cailloux habités par le vent. Aucun n’aura débordé l’avenir. Ils sont là. Là  où le corps se penche et retourne aux grains de raisin des temps anciens. Le poète finit de croire que l’attente apaiserait l’absence. Son livre bat les instants, des mèches d’aube aux lambeaux du crépuscule. Ses seuls oiseaux fous sont les araignées dans sa tête venues dresser leur cinéma muet. Le lointain du temps ne reste plus immobile.  Sa chair sensible ne se réduit pas en cendres, un feu l’anime toujours.

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  • PORTRAIT DU PERE EN TRAVERS DU TEMPS - JAMES SACRE - DJAMEL MESKACHE

    James Sacré – Djamel Meskache

    Éditions La Dragonne

     

    18 €

    Mai 2009

     

    Ce livre est le troisième de la collection Carrée des Éditions La dragonne. Il est conçu comme le lieu de rencontre d'un poète et d'un plasticien. Des lithographies de Djamel Meskache accompagnent les poèmes de James Sacré comme autant de signes de l’amitié qui les lie. Des lithographies lavis où des rouges, des jaunes, des bleus cohabitent avec des noirs en des formes pouvant suggérer des fleurs en bouquets. Une collaboration étroite quand un poème est dédié à Djamel Meskache dans ce livre qui approche un portrait du père et dit son manque. Djamel Meskache est aussi poète et éditeur des éditions Tarabuste. 

    Ici, la langue est simple dans des mots de tous les jours. Et ce qui fait la beauté du livre, c’est le langage, l’articulation des mots. Une langue mélangeant en elle passé et présent, plaisirs et défaites, souvenirs et projets. Cela forme comme des strates de matières composant des territoires intimes, que pourraient interroger des archéologues du langage « Où des poèmes font bruit d’une improbable langue ? ».  Une intimité se révèle qui traverse l’universel humain : « Il n’y a pas que mon père / D’autres sont là / Le tien lecteur… »

     

    Comment parler de ces poèmes écrits entre mars 2001 et avril 2008 tant ils procèdent par touches, dessinant les contours, recadrant en regards multiples ces portraits approchant le visage, l’existence du père. On ne sait si les autres - morts - dont il est question  sont là comme autant de signes rappelant l’absence du père ou si ces poèmes cernent aussi le visage de la mort qui efface les corps des tous êtres aimés. Il y a dans une proximité à la mort du père, celle d’une tante puis d’une autre, puis d’autres morts encore, qui font échos à la perte dans la douleur recommencée, la remémoration de l’absence. Le visage du père - son absence – réapparaît en superposition  à l’occasion d’une scène, d’un fait, d’une information nouvelle... Il en va ainsi avec la couleur bleue de la bouillie bordelaise, la simplicité d’une émission de radio, une route d’Arizona ou la ville de Vitré... Tout ici est prétexte, inconscient, à rappeler la figure du père.

    Mais écrire ne peut rien, la poésie n’y peut rien changer. Pourtant, les tentatives de la poésie à ré-susciter le père, son visage, malgré son absence et la réalité de la tombe ne sont pas entièrement vaines. « Quoi donc est vivant / dans ces mots que voilà écrits ? À peu que je voudrais pleurer. » écrit James Sacré.

    Ce qui est vivant ?  C’est sans doute ce qui s’échappe de ces poèmes. Ces éclats de beautés, leurs prégnances qui enserrent parfois la poitrine du lecteur. Ce qui est vivant ? C’est le commun lieu de cette humanité qui nous fonde entier, et nous assemble pour nous désigner tous femmes et hommes face à la vie.

     

    HM

  • POESYVELINES 2010 - LECTURE AU CHATEAU DE VAUGIEN le 3 Octobre 2010

    Dans le cadre de la résidence d'écriture de Lydia Padellec et d'Hervé Martin dans la Réserve naturelle de Saint Rémy les Chevreuse, une première lecture a rassemblé au Chateau de Vaugien, près de soixante personnes pour écouter leurs textes. Ils étaient accompagnés par la flutiste Caroline Bosselut.

    Un album des photographies de cette lecture, organisée par la Maison de la Poésie de Guyancourt et le Parc naturel  régionale de la Haute Vallée de Chevreuse, est disponible sur ce site.

    Voir les Photographies

    HM

  • Une anthologie de la poésie engagée sur Internet.

    Plusieurs traits intrinsèques à la poésie sont  éminemment présents dans cette anthologie.  A consulter sans réserve dans nos temps difficiles où nous changeons d'époque. Celle qui arrive ne semble pas se dessiner sous les meilleurs auspices...

    La poésie engagée est une poésie de circonstance. Mais toute poésie n'était-elle pas de circonstance comme Goethe  ou Aragon le proclament? Souvent l'émotion initiale fait naître le poème. Laissons aux lecteurs le soin de dire ici ce qui résonne en eux au flux de l'émotion.

    Hervé Martin

    La poésie engagée:

    http://archives.site.free.fr/siteportail/site3em2001/engage/poesieng.htm

    Des poèmes :

    http://archives.site.free.fr/siteportail/site3em2001/engage/anthologie.htm