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  • SILHOUETTES & PAROLES RETROUVEES de JACQUES CANUT

    Silhouettes

    Carnets confidentiels – 42

    Janvier 2014

    8 €

    et

    Paroles retrouvées / Palabras recobradas

    Éditions Cálamo

    Palencia (Espagne)

    2013

     

    8 €  chez l’auteur (contacter Incertain regard)

     

    En ce début d’année deux livres de Jacques Canut viennent de paraître. Un premier intitulé Silhouettes dans cette collection des Carnets confidentiels qu’il a initié depuis plusieurs années et Paroles retrouvées /Palabras recobradas aux éditions Calámo en version bilingue française /espagnole. Ce dernier nous rappelle que Jacques Canut aux origines familiales ibériques est édité en Espagne et en Argentine et dans des revues de nombreux pays d’Amérique Latine.

     

    Entendre, écouter/ crépiter/en langue espagnole/ces paroles retrouvées ?

     

    Ces livres à travers leurs courts poèmes dont Canut est coutumier, évoquent avec nostalgie des années passées qui se mêlent au présent en rappelant la primauté du réel de la vie.

     

    Au fond des bars l’œil du téléviseur/clignotait pour de rares clients/ désemparés/ comme s’ils n’avaient pas quitté / leur morne demeure...

     

    On reconnaît l’écriture de Canut avec ses poèmes brefs, composés de scènes et de souvenirs portés ici par des airs de tango ou l’atmosphère de lieux et de paysages traversés. Sans omettre les vers emplis d’un désir qu’il porte à la Femme et qui parsèment de nombreux poèmes dans ses livres.

     

    Femme fleur./ Robe éthérée propulsant/les formes encore vives du corps.

     

    C’est une recherche de sensations et d’émotions vécues qui ne cessent d’absorber le poète que nous dévoile la lecture. Le sentiment amoureux, la femme, l’absente, le désir... sont évoqués dans le livre, tout comme les chats qui accompagnent Jacques Canut avec grâce en traversant certains de ses poèmes. Une véritable quête où Jacques Canut s’est élancé apparaît, celle du pays perdu dans la nostalgie de territoires de mémoire ou de paysages réels.

     

    Un passé qui résonne en la mémoire/ ravivant tant de bonheurs.../et de peine.

     

    Un passé vécu ou qui lui aurait échappé,

     

    Mon regard ancré sur cette vue / d’une plage déserte.../j’y attends encore quelqu’un  / qui n’avait pas daigné me rencontrer.

     

    et que Jacques Canut tente de reconstruire. Une quête digne d’un Quichotte vers ce paradis de l’enfance ou d’un temps qui ne reviendront plus.

     

    Quel rêve pour renaître / à tout âge ?

  • MEANDRES ET NEANT de Stéphane Sangral

    Méandres et Néant

    Stéphane Sangral

    Éditions Galilée

    ISBN : 978-2-7186-0886-0

    Avril 2013

    112 pages

    9 €  

                                                                                                                  par Hervé Martin

    « Méandres et Néant » a paru aux éditions Galilée au printemps 2013. Dès les premiers poèmes Stéphane Sangral nous entraîne dans le labyrinthe de ses obsessions par une mise en abyme du langage :

     

    « ...et / vertige / et / vertige / et / vertige /gluant »

     

    Comme lorsqu’enfant se jouant de la langue on répétait inlassablement un mot jusqu’à ce qu’il perde sens en ouvrant soudain le vaste univers du néant.

     

    « Je vois et je vois et je vois Je et je vois « Je vois» et je vois « je vois » et je vois « je vois Je »... »

     

    Jouant à son tour avec les mots sur l’espace de la page et l’aspect typographiques des caractères, Stéphane Sangral nous entraîne dans son monde vertigineux de questions en quête de sens. Deux vers sont en préliminaire du livre « Sous la forme l’absence s’enfle et vient le soir / et l’azur épuisé jusqu’au bout du miroir... ». Leurs lettres une à une s’égrènent au bas de chaque poème du livre comme pour souligner chacun d’entre eux du sceau de l’absence. Le  poète  interroge le mot, - le monde ?-, et  le fouille au plus profond pour en extraire la réalité des choses. Que recèlent le mot, le vers, le texte... qui pourrait remplir une absence ? Au-delà, l’auteur dans le jeu de leurs reflets multiples cherche désespérément le sens de la vie. Sens derrière le sens, mot derrière le mot, pour le poète la réalité du monde ne cesse de se cacher, au-delà.

     

    Tout est suspecté d’être factice, illusion, tromperie. Tout est alors interrogé et mis à la question.

    Et dans sa quête le poète se captive et s’enferme. Mais de ces répétitions de mots qui reviennent dans les vers, une musicalité se fait entendre. Il naît à ce moment dans les poèmes comme une psalmodie incantatoire qui aurait le pouvoir magique de lever le mystère du langage ou du monde. La poésie pourrait être ici cette hésitation prolongée entre le son et le sens telle que Valéry la définissait. Mais le son qui s’élève ici des poèmes ne semble pas fécond :

     

    « Et je ne suis qu’un bruit inutilement chu/ du silence.../ » ; 

       « ...qui hante l’infini le bruit que je suis... »

     

     « On ne possède jamais le sens total d’une phrase... »  affirme le poète au début d’un poème. Mais l’obstination de l’auteur à vouloir transgresser cette affirmation dans sa quête, le transporte dans un monde obsessionnel où seul le néant règne. Qu’est-ce que le vide ? s’interroge encore Stéphane Sangral dans un autre  poème dont les vers semblent s’enrouler autour de cette question laissant dans le mouvement de leur répétition une impression de vide. Le vide, le rien, le néant, l’ennui...  absorbent et entraînent le poète dans une recherche vertigineuse et funeste.

     

    « et enterré j’attends et j’attends et j’attends et j’attends et j’attends et j’étouffe et j’attends ... »

     

    « J’aime le tout,/ mais seul le Rien m’émeut... » précise Stéphane Sangral. Une pensée qui finira par atteindre la limite d’un réel n’aboutissant qu’au Néant.

     

    « le réel se fissure et laisse par moments : entrevoir le Néant »

     

    et à sa suite, le visage du poète, un visage blessé.

     

    Comme des psalmodies jaillissantes de la sonorité des vers, les poèmes sondent l’univers mystérieux du monde du poète. Dans les scansions vertigineuses des vers, un questionnement du sens, essentiel pour l’auteur, apparaît. Liant une angoisse existentielle à une recherche du sens de la vie, le poète crée par les sonorités de ces ressassements quasi névrotiques, un enivrement des sens. Pour Stéphane Sangral, seuls les mots peuvent évaluer la réalité du monde dans l’espoir d’y rencontrer la matérialité des choses. Et pour cela il s’avance loin, jusqu'aux limites extrêmes du sens et du néant.

     HM

  • Hommage à Alain Resnais - Jacques Sicard

    À Alain Resnais

     

     

    Cinéaste, dit-on, de certaines formes non-métaphysiques de survie, Alain Resnais n'échappant au sort commun n'a pas survécu à la montée de la poussière.

    Il est mort, aujourd'hui.

    Une autre sorte d'ombre vient approfondir l'ombre habituelle qui nous dédouble.

    Cette ombre ajoutée nous est chère, bien plus que celle originelle dont, à la différence de Peter Schlemihl, on se passerait bien.

    Les ombres mortes sont courbes non faute de roide squelette mais par dispense de temps.

    Les ombres mortes séduisent parce qu'elles font songer à une barque - et de la barque, à ses flancs - sa courbure.

    La courbure ? Tout se passe comme si du voyage et de son but, quels qu'ils puissent être, importait par-dessus tout le détour qu'ils permettent.

    Il y a de l'Ulysse (ou du Leopold Bloom) dans la courbure du mot Barque.

    Embarquer, c'est différer, remettre à plus tard - cette litote de jamais.

    Jamais l'ombre d'Alain Resnais ne reviendra,

    ne fera bruit ou musique du souvenir.

    Pas plus de son que le pet au diable de Villon.

    Bientôt, dans les arbres, les cris des pariades.

    Allez donc, pauvres vous, Aimer, boire et danser !

     

    Jacques Sicard