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Notes de lecture

  • Renée, en elle - Cécile Guivarch aux éditions Henry.

    Avec pour dédicace à ce livre, «  À nos aïeules, à Renée » Cécile Guivarch poursuit ses investigations dans son histoire familiale. Après avoir revisité ...

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  • Route de nuit - Christophe Bregaint - Editions La Dragonne

    Route de nuit est un livre écrit sur le versant sombre de la vie, lorsque la route entre les bords de naître et de mourir trace des lacets hésitants vers l’avenir. Beaucoup d’obscurités, d’ombres, de nuits dans les poèmes au milieu de toutes ces pulsations de vie quand la fin du trajet, inéluctable, apparaît en filigrane dans le livre. Cette route de nuit est comme un road-movie auxquels quelques toponymes d’Amérique font écho : Portland, Colorado, l’Ouest, L.A…  Mais où les miles parcourus s’assimilant aux jours qui passent emportent  le lecteur sur un chemin intime et existentiel.

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  • Les poèmes d'amour de Marichiko - Kenneth Rexroth Editions ERES - Po&psy

    Ce sont soixante poèmes dans une édition bilingue  française / anglais que proposent les éditions ÉRÈS avec ce nouveau  titre Les poèmes d’amour de Marichiko. C’est Kenneth  Rexroth (1905- 1982) qui les fit...

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  • ROMA - Irène Duboeuf, Encres vives

     Avec cette citation de Patrick Modiano en exergue «Dans la vie ce n’est pas l’avenir qui compte, c’est le passé », ce court livret d’une douzaine de poèmes restitue l’émotion d’Irène Duboeuf...

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  • 22 mouvements / mn et Et de l'hiver assez ! de Georges Guillain. Editions L D

    Deux livres de Georges Guillain aux éditions LD: Et de l'hiver assez et  22 mouvements / mn

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  • Le numéro 35 - 36 de la revue CONTRE-ALLEES

    C’est au Printemps que paraît avec un petit décalage dans la saison ce numéro Automne–Hiver 2014, le N° 35 / 36  de la revue Contre-Allée...

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  • SOLSTICE d'Elisabet Jokulsdottir -------- LES OISEAUX DU PETIT FLEUVE de François Graveline

    Deux récentes parutions aux éditions PO&PSY...

     

     

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  • SEPTEMBRE DEJA - PASCAL BOULANGER

    Septembre déjà de Pascal Boulanger est la réédition du titre paru au seuil des années quatre-vingt-dix

    Il inaugure, avec quelques autres ouvrages, cette nouvelle venue dans l’espace des éditeurs de poésie, Recours au poème éditions. Un Recours au poème dont on connaît la revue numérique, qui en peu de temps

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  • LA FEUILLEE DES MOTS - GEORGES CATHALO

    Avec cet opuscule d’une trentaine de poèmes Georges Cathalo nous livre son attachement aux mots et à la poésie. Si l’on en croit la définition mot feuillée donnée en début de l’ouvrage : abri formé de feuille, on entend que la poésie pourrait être une protection contre les aléas et les tourments de la vie. Tous les poèmes sont dédicacés a des poètes, à des amis sans doute, ils expriment une passion pour les mots et pour la poésie.
    Pour Georges Cathalo les mots ( de la poésie)  sont avant tout...

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  • Dans le noir & A travers les âges - Didier Guth et Sylvestre Clancier -Les Lieux dits Editions

    Dans le noir  Sylvestre clancier.jpgDans le noir & À travers les âges

    Didier Guth, Sylvestre Clancier

    Les Lieux Dits Éditions

    Collection 2Rives

    ISBN 978-2-918113-20-1

    2ième Trimestre 2014

    18 €

     

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    « Dans le noir & À travers les âges » qui paraît chez Lieux dits Éditions dans la collection 2Rives est né de la rencontre d’un plasticien et d’un poète. Cette collection propose de rapprocher les « rives » de la peinture, du dessin, du collage, de la langue et celle de la poésie. Les tableaux rassemblés dans les toutes premières pages de l’ouvrage semblent matérialiser la rive picturale. On soulignera aussi que dans l’esprit de la rencontre propre à la collection, des vers extraits des poèmes édités sont inscrits dans une écriture manuscrite sur chacun de ces tableaux.

    Le livre réunit avec une belle réussite les poèmes de Sylvestre Clancier et des tableaux de Didier Luth qui proposent au regard de larges aplats arrondis aux couleurs vives qui se recouvrent ou parfois se mélangent. Deux ensembles composent le livre « Pour gagner l’autre rive » et « Le temps contre la raison », pour cette remarquable collaboration où le lecteur est absorbé dans sa lecture par la prégnance des poèmes de Clancier. On suit le poète, mot à mot, presque pas à pas dans sa découverte des œuvres picturales. Le lecteur a le sentiment que le poème s’écrit à mesure.

    « Ulysse et sa métis / pour gagner l’autre rive »

    Il découvre alors que l'œuvre est d’abord un voyage où l’auteur s’élance vers l’autre. Mais dans sa découverte de l’altérité Sylvestre Clancier se retrouve vite face à lui-même. Le lecteur le suit vers ces

    « paysages d’un ailleurs familier »

    qui transportent le poète à la rencontre de sa propre histoire. Questionner l’autre, c’est aussi retrouver les ombres qui subsistent en soi-même :

    « en s’infiltrant / glissant avec lenteur: image par image / ils représentent / l’impossible mémoire »

    Avec ce premier ensemble le poète nous conduit sur les territoires de son art et de sa sensibilité.

    Dans le second ensemble, les tableaux entraînent Sylvestre Clancier dans une quête existentielle

    « Nos vies ont-elles un sens »

    Illusoires fantômes ou proches à jamais disparus sollicitent alors l’imagination du lecteur dans la progression de sa lecture, mais c’est bien de l’Homme, au centre de son existence et de l’univers dont il est question.

    « Cet autre soi-même à travers la course du temps ? Il n’y a pas de fin, sinon toi-même »

    Sylvestre Clancier poursuit sa quête où l’Homme apparaît comme un passager précaire inclus dans la nature :

    « L’homme est nature / sans elle il n’est plus »

    De sensibles poèmes pour songer à l’avenir des hommes face à leur destinée

    « Plusieurs étoiles / aux planètes habitables / ne changeront rien / à la fin prévisible / de l’homme »

    Les couleurs, les formes, leurs rencontres conduisent le poète à songer le destin de l’Homme dans le vaste univers. Les poèmes suscitent alors des questionnements propres à  notre époque et nous renvoient semble-t-il à celui autour du crime originel de Cain :

    « autrefois humain et frère ayant tué l’autre / l’ayant enfoui »

    De très beaux poèmes de Sylvestre Clancier suscités par  l’œuvre picturale de Didier Guth qui transportent le lecteur de la rive singulière d’un être à celles de l’origine de l’Homme et de ses interrogations existentielles.

    hm

     

     

     

     

  • D'un bocage , l'autre - de Roland Nadaus aux Editions Henry

    D’un bocage, l’autre

    Roland Nadaus

     

    Éditions Henry

    Collection Les Écrits du Nord

    ISBN : 978-2-36469-086-8

    Juin 2014

    94 pages

    10 €

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    De son bocage mayennais où il a élu domicile, Roland Nadaus témoigne, non sans une certaine inquiétude et une colère désabusée, de la transformation profonde et durable du territoire de bocage où il a choisi de vivre.

    Il déplore sans ambages,

    le « grand massacre commencé »

    avec ses engins de travaux publics, bulldozers, pelleteuses et autres tronçonneuses qui se déversent dans sa campagne comme des hordes de blindés pour une offensive de conquête :

    « on ne résiste pas aux hommes quand ils pilotent les monstres ».

    Avec force, Roland Nadaus dénonce cette industrialisation des terroirs, ce ravage et ce retournement de terres, de chemins, de haies vives et de bosquets qui emportent avec eux la faune de volatiles et de gibiers, la flore et les grands arbres. Mais aussi, le plaisir de l’homme qui gouttait hier encore ces territoires au rythme du marcheur.

    Au-delà de la destruction des paysages mayennais au profit d’une productivité agricole c’est d’un bocage à la fois plus restreint et plus vaste dont il est question dès les premiers textes du livre. Celui de l’être et de l’intime. Et dans les poèmes, à mesure se confondent et se mêlent les territoires de ces deux bocages.

    La question de la disparition y rôde, sous-jacente, dans de nombreux poèmes. C’est un livre à la tonalité grave. Entre le possible de mourir et l’appel de la vie, le poète maintient un équilibre non pas précaire mais bien vivant dans sa langue. Pour Roland Nadaus, ce pays de bocage est une île, un lieu éprouvé de sa vie :

    « Mon île, mon bocage. L’archipel de mes yeux. »

    Croix et « croas » de corbeaux se côtoient dans ce paysage bocager alliant de funestes présages à la disparition progressive des crucifix. La perception de soi se fait alors plus vive :

    « Comment oses-tu marcher fils d’homme, quand Jésus meurt à chaque croix ? »

    Un climat de désarroi affleure dans certains poèmes. La vie, la mort, l’existence et la souffrance qui l’accompagne résonnent alors de leur solennité. Le poète éprouve le vide d’un passage difficile et devant ce spectacle du bocage qui se meurt, il questionne sa propre existence,  tout en se rappelant que :

    « Écrire est essentiel – écrire est dérisoire :ça ne retarde rien, ça n’empêche rien... »

    Et la vie continue, vive, poignante, exigeante :

    « J’ai une telle joie de vivre, j’ai un si grand désir d’aimer, que c’est comme l'égoïsme… »

    C’est aussi un retour sur soi qui n’exclut pas la distance de l’humour :

    « Je dois mourir sans m’en rendre compte »

    mais avec un sentiment perceptible de solitude.

    Cependant Roland Nadaus poursuit sa quête de poète et d’homme. Auprès de ses congénères, il fait entendre sa voix singulière et semble regretter leurs attitudes :

    « Ils n’aiment pas qu’on vive à hauteur de soi, ils n’aiment pas qu’on s’aime – et qu’on croie en soi ! »

    C’est ainsi seul et par le groupe contre lequel sa singularité se développe que le poète existe.

    Si de très nombreux poèmes font écho de différentes façons à la mort et la disparition, d’autres renvoient à la  naissance :

    « Ici, je nais – ne cesse de naître : chaque jour m’est premier matin. »

    Écrire dans le bocage, c’est alors vivre une renaissance.

    « Et le matin c’est l’enfance… »  puis « Et toute ma vie n’est qu’enfance, un matin. »

    On comprend alors qu’avec la destruction du bocage où il vit, Roland Nadaus perd bien plus que la beauté de ces territoires. Et d’abord peut-être, ces chemins qui mènent au-delà des paysages à ce pays de l’enfance où il reste encore tant à découvrir.

    « Bocages intérieurs ! Chemins du dedans ! et plus loin encore « Je marche en moi, dans mes chemins creux. ».

     

    hm

  • ESCAPADES de Jacques Canut

    Escapades

    Carnets confidentiels – 43

    Juillet 2014

    Disponible chez l’auteur.ESCAPADE.jpg

     

    8 €

     

    Une vingtaine de poèmes pour ces « Escapades », titre du quarante-quatrième opuscule des Carnets confidentiels qui ont paru à ce jour depuis 1993. Jacques Canut égrène les sentiments, les pensées et les désirs qui l’accompagnent dans le quotidien de sa vie et semble nous transmettre sa méthode :

    « On suit les cours de ses pensées / jusqu’à l’horizon où quelque « éden » trompeur / se gausserait de nos mirages ? »

    Réflexions, souvenirs, observations où des personnages disparus ou vivants cohabitent et se croisent dans les poèmes. Ensemble, ils transgressent les limites du temps :

    « Au pied du tilleul tutélaire / cette voix / d’amie aujourd’hui disparue / résonne, lénifiante / ... »

    Le thème de la mort y rode mais le désir y tient large sa place en agrémentant les lumières du jour :

    « Non loin de moi une inconnue / d’un âge ( mûr) / qui fleure encore bon ,/ l’amour. »

     

    Jacques Canut réussit à maintenir vive, sa curiosité de la  vie, et lecteur le suit avec plaisir.

     

    « Les lieux qui me séduisent le plus : /un équilibre, une harmonie, / une atmosphère imprégnés / de charmes / subtils./

     

    Né en 1930 à Auch, poète bilingue (français-espagnol), ancien professeur Lettres-Histoire.
    Depuis 1975, il a publié 95 recueils ou plaquettes (poèmes, aphorismes, humour). Douze de ces recueils écrits en espagnol ont été publiés en Espagne et en Argentine. Des poèmes figurent dans plusieurs anthologies, ainsi que dans des manuels scolaires (classes élémentaires, collèges).

  • Po&psy, trois nouveaux livres parus au début de l'été 2014

    bateau de papier

    poepsy OHAUGE.jpg

    Olav H. Hauge

     

    ISBN : 978-2-7492- 4134- 0

     

    été 2014

    non paginé

     

    Éditions ERES

    Collection Po&psy

     

     

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    j’ai jardiné les plus beaux volcanspoepsy MDUNAND.jpg

    Michel Dunand

     

    ISBN : 978-2-7492-4135-7

    Juin 2014

    non paginé

    Éditions ERES

    Collection Po&psy

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    déplipoepsy ACMONTERIRO.jpg

    Alfredo Costa Monteiro

     

    ISBN : 978-2-7492-4136-4

    Juin 2014

    Éditions ERES

    Collection Po&psy

     

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    Trois nouveaux livres de la collection Po&psy viennent de paraître en ces premiers jours d’été aux éditions Érès. Ils portent ainsi le catalogue de cette belle collection à une vingtaine de titres.

     

    Que ce soit le texte d’Alfredo Costa Monteiro dépli, dont les vers écrits en trois langues parcourent les longues pages pliées en accordéon ; ou, j’ai jardiné les plus beaux volcans de Michel Dunand, avec ses poèmes reproduits en polices manuscrites sur le fac-similé réduit d’un cahier d’écolier ; puis encore, bateau de papier du norvégien Olav H. Hauge dont les poèmes sur des doubles pages pliées et brochées côtoient des photographies de fjords, on observe que la forme, des livres et des textes, est manifestement mise en avant. L’éditeur poursuit ainsi son travail éditorial, singulier, qui continue à surprendre le lecteur.

     

    On pense évidemment que ce travail est le fruit d’une étroite collaboration avec les auteurs et constate une volonté de parachever les textes en ajoutant sens ou émotion par la forme donnée au livre. Où commence l'œuvre où s’achève-t-elle ? Mais assurément le lecteur en demeure interloqué puis immanquablement séduit devant l’objet-livre qu’il découvre et l’imaginaire qu’il l’a fait naître.

     

    J’ai particulièrement apprécié bateau de papier d’Olav H. Hauge qui observe le monde pour le fixer en des poèmes, auréolés de la simplicité, qui parfois transcendent le réel.

     

    Jaune, la nouvelle nappe./Et blanches, les pages neuves !/Sûr que les mots vont venir : /un si belle nappe, / un si beau papier !/ La glace à recouvert le fjord,/les oiseaux viennent s’y poser.

     

    Les poèmes sont accompagnés par les photographies de Sandrine Cnudde, cette « artiste marcheuse » qui s’est immergée dans la nature environnante de la maison du poète.

     

    Parmi les poèmes issus de l’observation du monde qui l’entoure, on découvre ce poème métaphorique qui laisse entrevoir  la relation qu’entretient le poète avec les mots et la vie : un mot / - une pierre / dans une rivière froide./Encore une pierre - / il m’en faudra d’autres/ si je veux traverser. Affectés durant de nombreuses années par des périodes de crises schizophréniques Olav Häkonson Hauge passera l’essentiel de sa vie au bord d’un fjord près du village d’Ulvik en Norvège. Ce qui caractérise la poésie de Hauge ce sont peut-être ces glissements imperceptibles de sens ou de référent, qui transportent le lecteur et que l’on éprouve à la lecture des poèmes.

     

     Aujourd’hui je sais/que j’ai fait un bon poème./les oiseaux piaillaient au jardin quand je suis sorti,/ et le soleil était doux sur les hauteurs de Berga. Un livre qui nous permet de découvrir l’univers singulier d’Olav H. Hauge. Auteur d’une quinzaine de livres dans son pays Olav H. Hauge (1908-1994) est considéré comme un important rénovateur de la poésie norvégienne.

     

    Hervé Martin

  • Toi, je t'avais dans le regret - Jessica Soror - Edition de l'Amandier

    Toi, je t'avais dans le regret,

    Jessica Soror,

    Collection Accents graves / Accents aigus,

    Éditions de l'Amandier,

     

    ISBN : 978-2-35516-030-1

    74 pages

    12 €

                                                                                                       Une note de France Burghelle Rey

    À travers la voix singulière de Jessica Soror la collection " Accents graves / Accents aigus " des éditions l'Amandier atteint son objectif, celui de publier, selon la définition de sa directrice Claude Ber, " une parole chercheuse, insoumise, ludique ou résistante ". Le titre lui-même tord déjà le cou à la langue courante et se veut provocation pour cette apostrophe, véritable flèche que décoche l'amoureuse endeuillée.

    Les premiers textes définissent les sentiments, les actes, la personne même des deux partenaires. À chaque instant, dès le début et jusqu'à la fin du recueil, la forme réserve des surprises. La poète utilise des appositions : " ton pas aquarelle ", une syntaxe libérée : " Je fais ton horizon se tordre " avec des images originales et un travail sur les sonorités comme, par exemple, dans les titres : " Et malade mon amer " ou " Aurore écrouée ". Le vocabulaire surprend également par sa richesse et développe autour du deuil une isotopie de la maladie et de la mort : " Je m'habille de cendres… Je te parcours, cimetière ". Pour  " l'automate " qu'est la narratrice - son identité, en effet, est menacée - il s'agit d'une cérémonie funèbre à laquelle deux corps participent.

    Si l'imparfait marque la répétition des rites amoureux, les questions se posent au présent : " Entends-tu la nuit…Entends-tu la vie battre ".

     S'ajoute aussi l'usage récurrent de l'apostrophe et de l'exclamation qui sont autant de cris à la naissance de sensations : " Étincelle " ou " Vertige " et l'expression en devient rimbaldienne.

    Par ce vertige qu'elle interpelle Jessica Soror accède à un monde rêves. Ce qui compte le plus c'est, jusque dans la folie, la danse : " Je danse au bal de la démente "  car, pour le dernier baiser, il faut lever le pas.

    Dans ces conditions, la mort devient un état présent : " Je suis morte " qui refait vivre l'amour et le deuil passé : " Je t'ai quitté toujours ".

    Puis le doute s'installe à l'intérieur d'une enveloppe corporelle aux sens perturbés et où la voix elle-même est source de trahison : " Ma bouche ment… Ma bouche trompe ". Mais heureusement chaque texte nouveau correspond à un sursaut et dans le texte " Bon heurt " la mort semble,  cette fois, vaincue " : " J'ai frappé la ténèbre dans l'eau de sa glace ". Car n'est-ce pas elle qui est, en fin de compte, trahie : " J'ai trompé mon amour la mort " ? Peut-être parce que la douleur est sainte et que se fait la rédemption quand la bouche déterminée : "Ma bouche affamée par où je passe, passerais " se tourne vers l'horizon. 

    Ainsi, dans le second mouvement, " Le blanc Testament", et dès son premier texte " Lieu ", est exprimée l'affirmation d'une renaissance par la création : " Je saurais te donner vie " que confirme la suite du texte : " Je te crée… Tu es ma création ".

    Cependant tout se fait une fois de plus dans la douleur puisque le texte " Lacune " commence par " Je m'abîme " et que tout se casse à l'aide de sonorités dentales et gutturales et avec les mots symboliques " fissure " et " ruine " en même temps que La Faucheuse, s'il est ici question d'elle, après avoir pris le nom de " tordeuse ", prend celui de " Vénéneuse ".

    Ensuite vient la peur de l'oubli de l'amour et, par l,à de celui de la langue dans une question-réponse : " Est-ce toi qui t'éloignes ? / Ton alphabet m'est devenu lointain ". Mais cette peur s'efface au moment où, dans la mort commune, se fait de nouveau l'union et où l'amante est encore  belle et réelle avec son " squelette fardé " et son " spectre effervescent ".

    À l’issue de l'opus surgit un doute plus profond, celui de l'existence de l'aimé qui n'est peut-être que le fruit de l'imagination poétique de l'auteure face à celui qu'elle appelle " le parasite de mes lunes ".

    Mais, pour finir, à quoi bon se poser cette question ultime quand " La mort avance sur ( un ) cheval " dont les sabots frappent " A l'éternel " le corps  de l'endeuillée ?

     

    France Burghelle Rey  ( juillet 2014 )

     

  • Ombre à n dimensions de Stéphane Sangral - Editions Galilée

    Ombre à n dimensions ( Soixante-dix variations autour du je)

    Stéphane Sangral

    Éditions Galilée

    ISBN : 978-2-7186-0902-7

    Février 2014

    120 pages

    11 €                                                                                        par Hervé Martin

     

     

    Je suis qui ? C’est autour de cette question que le livre – le langage - s’enroule comme un lierre accroché à ce « moi » qui fonde la nature de l’être. Et cette première question pose ici comme sujet le « je suis » de celui qui écrit pour rechercher la nature et la quintessence de son être.

    Ressassant la question « qui suis-je » tout au cours du livre, l’auteur l’enferme toujours davantage dans l’hermétisme de son écriture contre tout éclaircissement possible qui pourrait en surgir. Le poète obsédé par cette question, peut-être plus que par la réponse qui pourrait survenir, est happé malgré lui dans sa quête improbable d’une réponse qui dirait clairement le fondement, les raisons et la nature de ce qui le constitue.

    Qui est-il et pourquoi ? Peut-être que l’auteur devrait mieux accepter le mystère de celui qu’il est dans le présent de la vie que de rechercher d’improbables réponses quand « Je suis » rejoint « le rien » dans une vision nihiliste de soi.

    Dans les circonvolutions du langage qui caractérisent cette écriture et qui cherchent à percer par le sens et les mots, l’authentique nature de soi, le poète passe comme par des successions d’espaces virtuels. Hélas chacun de ces nouveaux espaces repousse plus loin encore les réponses espérées.

    À la formule « je suis », succède celle avec « un point » ou encore avec « je cours » dans un ressassement obsessionnel qui ne découvre en fait rien de soi, que ces questions conduisant à l’impasse du recommencement. Tout tourne en boucle sans trouver d’issue. Une forme d’introspection choisie qui n’ouvre pas hélas de porte intérieure. La forme de l’écriture, similaire à celle du livre précédent qui pouvait par l’angle original et sa singularité aiguiser l’intérêt, perd ici dans ce recommencement l’attrait de son mystère.

     

    hm