Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Incertain Regard - Page 2

  • Po&psy, trois nouveaux livres parus au début de l'été 2014

    bateau de papier

    poepsy OHAUGE.jpg

    Olav H. Hauge

     

    ISBN : 978-2-7492- 4134- 0

     

    été 2014

    non paginé

     

    Éditions ERES

    Collection Po&psy

     

     

    ---------------------------------

     

    j’ai jardiné les plus beaux volcanspoepsy MDUNAND.jpg

    Michel Dunand

     

    ISBN : 978-2-7492-4135-7

    Juin 2014

    non paginé

    Éditions ERES

    Collection Po&psy

    ----------------------------------

    déplipoepsy ACMONTERIRO.jpg

    Alfredo Costa Monteiro

     

    ISBN : 978-2-7492-4136-4

    Juin 2014

    Éditions ERES

    Collection Po&psy

     

    ---------------------------------------------------------------------------

    Trois nouveaux livres de la collection Po&psy viennent de paraître en ces premiers jours d’été aux éditions Érès. Ils portent ainsi le catalogue de cette belle collection à une vingtaine de titres.

     

    Que ce soit le texte d’Alfredo Costa Monteiro dépli, dont les vers écrits en trois langues parcourent les longues pages pliées en accordéon ; ou, j’ai jardiné les plus beaux volcans de Michel Dunand, avec ses poèmes reproduits en polices manuscrites sur le fac-similé réduit d’un cahier d’écolier ; puis encore, bateau de papier du norvégien Olav H. Hauge dont les poèmes sur des doubles pages pliées et brochées côtoient des photographies de fjords, on observe que la forme, des livres et des textes, est manifestement mise en avant. L’éditeur poursuit ainsi son travail éditorial, singulier, qui continue à surprendre le lecteur.

     

    On pense évidemment que ce travail est le fruit d’une étroite collaboration avec les auteurs et constate une volonté de parachever les textes en ajoutant sens ou émotion par la forme donnée au livre. Où commence l'œuvre où s’achève-t-elle ? Mais assurément le lecteur en demeure interloqué puis immanquablement séduit devant l’objet-livre qu’il découvre et l’imaginaire qu’il l’a fait naître.

     

    J’ai particulièrement apprécié bateau de papier d’Olav H. Hauge qui observe le monde pour le fixer en des poèmes, auréolés de la simplicité, qui parfois transcendent le réel.

     

    Jaune, la nouvelle nappe./Et blanches, les pages neuves !/Sûr que les mots vont venir : /un si belle nappe, / un si beau papier !/ La glace à recouvert le fjord,/les oiseaux viennent s’y poser.

     

    Les poèmes sont accompagnés par les photographies de Sandrine Cnudde, cette « artiste marcheuse » qui s’est immergée dans la nature environnante de la maison du poète.

     

    Parmi les poèmes issus de l’observation du monde qui l’entoure, on découvre ce poème métaphorique qui laisse entrevoir  la relation qu’entretient le poète avec les mots et la vie : un mot / - une pierre / dans une rivière froide./Encore une pierre - / il m’en faudra d’autres/ si je veux traverser. Affectés durant de nombreuses années par des périodes de crises schizophréniques Olav Häkonson Hauge passera l’essentiel de sa vie au bord d’un fjord près du village d’Ulvik en Norvège. Ce qui caractérise la poésie de Hauge ce sont peut-être ces glissements imperceptibles de sens ou de référent, qui transportent le lecteur et que l’on éprouve à la lecture des poèmes.

     

     Aujourd’hui je sais/que j’ai fait un bon poème./les oiseaux piaillaient au jardin quand je suis sorti,/ et le soleil était doux sur les hauteurs de Berga. Un livre qui nous permet de découvrir l’univers singulier d’Olav H. Hauge. Auteur d’une quinzaine de livres dans son pays Olav H. Hauge (1908-1994) est considéré comme un important rénovateur de la poésie norvégienne.

     

    Hervé Martin

  • Toi, je t'avais dans le regret - Jessica Soror - Edition de l'Amandier

    Toi, je t'avais dans le regret,

    Jessica Soror,

    Collection Accents graves / Accents aigus,

    Éditions de l'Amandier,

     

    ISBN : 978-2-35516-030-1

    74 pages

    12 €

                                                                                                       Une note de France Burghelle Rey

    À travers la voix singulière de Jessica Soror la collection " Accents graves / Accents aigus " des éditions l'Amandier atteint son objectif, celui de publier, selon la définition de sa directrice Claude Ber, " une parole chercheuse, insoumise, ludique ou résistante ". Le titre lui-même tord déjà le cou à la langue courante et se veut provocation pour cette apostrophe, véritable flèche que décoche l'amoureuse endeuillée.

    Les premiers textes définissent les sentiments, les actes, la personne même des deux partenaires. À chaque instant, dès le début et jusqu'à la fin du recueil, la forme réserve des surprises. La poète utilise des appositions : " ton pas aquarelle ", une syntaxe libérée : " Je fais ton horizon se tordre " avec des images originales et un travail sur les sonorités comme, par exemple, dans les titres : " Et malade mon amer " ou " Aurore écrouée ". Le vocabulaire surprend également par sa richesse et développe autour du deuil une isotopie de la maladie et de la mort : " Je m'habille de cendres… Je te parcours, cimetière ". Pour  " l'automate " qu'est la narratrice - son identité, en effet, est menacée - il s'agit d'une cérémonie funèbre à laquelle deux corps participent.

    Si l'imparfait marque la répétition des rites amoureux, les questions se posent au présent : " Entends-tu la nuit…Entends-tu la vie battre ".

     S'ajoute aussi l'usage récurrent de l'apostrophe et de l'exclamation qui sont autant de cris à la naissance de sensations : " Étincelle " ou " Vertige " et l'expression en devient rimbaldienne.

    Par ce vertige qu'elle interpelle Jessica Soror accède à un monde rêves. Ce qui compte le plus c'est, jusque dans la folie, la danse : " Je danse au bal de la démente "  car, pour le dernier baiser, il faut lever le pas.

    Dans ces conditions, la mort devient un état présent : " Je suis morte " qui refait vivre l'amour et le deuil passé : " Je t'ai quitté toujours ".

    Puis le doute s'installe à l'intérieur d'une enveloppe corporelle aux sens perturbés et où la voix elle-même est source de trahison : " Ma bouche ment… Ma bouche trompe ". Mais heureusement chaque texte nouveau correspond à un sursaut et dans le texte " Bon heurt " la mort semble,  cette fois, vaincue " : " J'ai frappé la ténèbre dans l'eau de sa glace ". Car n'est-ce pas elle qui est, en fin de compte, trahie : " J'ai trompé mon amour la mort " ? Peut-être parce que la douleur est sainte et que se fait la rédemption quand la bouche déterminée : "Ma bouche affamée par où je passe, passerais " se tourne vers l'horizon. 

    Ainsi, dans le second mouvement, " Le blanc Testament", et dès son premier texte " Lieu ", est exprimée l'affirmation d'une renaissance par la création : " Je saurais te donner vie " que confirme la suite du texte : " Je te crée… Tu es ma création ".

    Cependant tout se fait une fois de plus dans la douleur puisque le texte " Lacune " commence par " Je m'abîme " et que tout se casse à l'aide de sonorités dentales et gutturales et avec les mots symboliques " fissure " et " ruine " en même temps que La Faucheuse, s'il est ici question d'elle, après avoir pris le nom de " tordeuse ", prend celui de " Vénéneuse ".

    Ensuite vient la peur de l'oubli de l'amour et, par l,à de celui de la langue dans une question-réponse : " Est-ce toi qui t'éloignes ? / Ton alphabet m'est devenu lointain ". Mais cette peur s'efface au moment où, dans la mort commune, se fait de nouveau l'union et où l'amante est encore  belle et réelle avec son " squelette fardé " et son " spectre effervescent ".

    À l’issue de l'opus surgit un doute plus profond, celui de l'existence de l'aimé qui n'est peut-être que le fruit de l'imagination poétique de l'auteure face à celui qu'elle appelle " le parasite de mes lunes ".

    Mais, pour finir, à quoi bon se poser cette question ultime quand " La mort avance sur ( un ) cheval " dont les sabots frappent " A l'éternel " le corps  de l'endeuillée ?

     

    France Burghelle Rey  ( juillet 2014 )

     

  • ODE AU RECOMMENCEMENT, Jacques Ancet

    Ode au recommencement,   

    Jacques Ancet,

    Lettres vives,

    2013

                                                                                                             

                                                               France Burghelle Rey

     

    Après Les Travaux de l'infime et Comme si de rien, Jacques Ancet poursuit sa quête au milieu de la nuit des interrogations.

     

    Le titre même du recueil annonce une profession de foi, celle d'un homme qui fait de la musique et des mots la définition de sa vie. Dès les premières lignes du recueil, le narrateur intègre l'aventure de son incessant retour dans un discours poétique où signifiants et signifiés sont exprimés dans la simplicité des mots les plus justes. Celle-ci est alliée à la beauté quand il suffit de lire au cœur du recueil : " je ne voyais … rien d'autre que le soir qui tombait sur les grands platanes couverts de cris et d'oiseaux noirs " ( p 46 ).

     

    Sa présence au monde permet au poète de surmonter la conscience angoissante du " cercle sans fin " et du " présent perpétuel " même si, d'emblée, c'est une réalité sordide dont il lui faut parler, une réalité d' "os ", d' " excréments et d' " ordures "  à laquelle va s'ajouter tout un non-dit, " tout ce que je ne dirai pas et qui m'accable " ( p 11 ). Il ne s'agit pas seulement de ruminations anxieuses et de variations inquiétantes sur les thèmes du recommencement et de la ressemblance, mais d'une profonde empathie avec l'Histoire humaine qui lui fait évoquer l'effondrement des bourses ou la torture ainsi que le destin de chacun comme celui du vieil homme qui se suicide en pressant la gâchette. A cela s'ajoutent, par exemple, l'histoire du jeune homme qui a faim, et, pire, la liste des noms de pays en guerre, sinistre incantation qu'il faut, contrairement à l'avis d'Adorno, écrire " après Hiroshima " puisque " les mots sont tout ce qu'ils nous restent" ( p. 66 ). Et c'est bien à l'écrivain que revient le devoir de " tenir des comptes " quand il entend, notamment, les voix qui " sur les ondes " énumèrent les milliers de morts ( p. 58 ).

    Dans le quotidien du retour également, la réalité même de celui qu'interpelle le narrateur, de toute évidence son double, se délite : " tout s'effrite autour de toi ", " tu entends tomber la poussière " ( p 27 ). Les visions, les images, et, avec elles, les descriptions,  se font apocalyptiques. Pour l'écrivain et sa voix  " c'est le maelström des choses innommées "( p.43 ); Et c'est ainsi qu'on se trouve en présence, également, de variations sur le thème du vide puisque " chaque chose est un signe de vide " ( p.61 ), vide qui risque d' " avaler à chaque pas " ( p.40 ) le narrateur qui symbolise, entre autres, par la neige, ce permanent état de manque.

     

    Mais cette terrible réalité est, paradoxalement, si riche, si belle, comme le sont certains objets, certaines couleurs et, par là, si rassurante qu'elle rend la vie prégnante et qu'elle permet des rémissions : " j'ai retrouvé la table, la chaise et le bouquet, la tache de soleil sur le mur, le cri des corneilles " ( p.15 ). Le poète comprend, à ce moment-là, que s'offre à lui, après l'incertitude et le vide, un " lieu " même s'il existe  toujours l'angoissant " entre-deux " ( p.14 ) et c'est pourquoi il revient pour toujours voir et revoir les mêmes choses. Le poème lui-même est d'ailleurs " un arrêt sur image " ( p. 59 ). En effet, dans l'ensemble du recueil, une grande importance se trouve accordée aux sensations et particulièrement à la vue quand la buée elle-même a les couleurs de l'arc-en-ciel et que celles-ci " submergent " le poète ( p.26 ) par leur " merveille ": " les taches rouges, les blancs, les roses, l'exclamation du jaune le vert en flaques, les traînées mauves, le bleu comme une haleine… " ( p. 33 ). Il faut, à ce propos, revenir au début du texte où déjà la lumière, blanche, pouvait, comme le soleil, se faire " feu " et occasionnée un " oui " de l'auteur ( p. 19 ).

     

    L'inquiétude néanmoins est loin d'être dissipée car tout se ressemble dans cet univers où les choses et les faits se répètent et où les sens sont perturbés, comme celui de l'ouïe puisque alternent silence et bruit tout au long des pages. Il en va de même pour la vue lorsque la distinction entre le jour et la nuit n’existe plus et que le rapport au temps, qui, lui, continue de fuir, s'en trouve faussé. La vision du monde rappelle celle d'Héraclite : "  qui disait que le lieu le plus sombre est sous la lampe, que l’ombre s’engendre de la lumière ".  En même temps que cette étanchéité entre les contraires, tout  devient mobile, insaisissable et, dans les mots qui se font écho, la grande question est " Ensuite ? " ( p.71 ). Et si les choses sont instables et nous emportent dans leur mouvement, elles sont aussi interchangeables comme le sont demain, hier et tous les jours.

     

    On peut dire alors qu' en raison de cette " immense contradiction du monde" se posera jusqu'à la fin du recueil le problème d'une identité oxymorique : "je suis tout ce que je ne suis pas " ( p. 80 ) et la question est complexe car il y a, de plus, une incertitude ontologique : " mais est-ce bien moi " ( p.32 ) et un passage, tant à la 2° qu' à la 3° personne, qui impose la présence d'un double à un être lui-même " sans visage " ( p. 44 ).

    Conjointement à la question de l'identité, se posent aussi celle de l'acte d'un retour à la fois non-retour et de façon générale, celles des repères spatio-temporels.  

     

    Mais qu'en serait-il de ce recommencement si la quête ne l'emportait pas sur la peur ? Dans cette œuvre où le verbe est inquiet, est parallèlement développée une isotopie conative car les tentatives sont nombreuses pour l'homme qui marche, qui  " avance " en se dépêchant à la recherche d'un " nom " ( p. 51 ). Et si celui-ci revient, n'est-ce pas parce qu'il essaie " de retrouver ce point précis où soudain tout se tiendrait en équilibre " ( p. 31 ) ?

    Il a, d'ailleurs, compris tout de suite que l'important pour retrouver " un ordre ", " un fil… quelque chose où je me reconnaîtrais " ( p. 20 ), est le fait, au milieu d'images impossibles à nommer, de reconnaître " la voix ", une voix à la fois précaire et rédemptrice. Ce constat donne lieu à une comparaison qui, comme d'autres versets très écrits, enchantent le texte : " les quelques bribes entendues sont comme un levain, le texte se gonfle, se dore, craque, je l'offre tout chaud à qui en veut " ( p. 29 ).

     

    Avec le thème récurrent de la voix intervient le rôle essentiel de l'écriture et même s'il débouche sur un " manque ", le rituel performatif, qui apparaît comme une sorte de méthode Coué : " quoique tu fasses, répète, je suis vivant, vivant, vivant… " ( p.74 ), se veut catharsis : " je  dis sapins, tuiles, bouleaux, je dis horizon et montagne, je dis rideaux photos, ciseaux " ( p. 33 ). C'est " pour répondre " aux signes qui lui sont faits que le poète trace des mots ( p.26 ). Grâce à l'écriture poétique – et il s'opère alors une résolution des contraires - l'être peut retrouver l'unité et, avec elle, les définitions qui sont autant de certitudes : " je dis que je suis une seule syllabe ", " je suis la lisière, l'interstice, le fil de feu entre les pierres ".  Celles-ci arrivent, à un certain moment, à  l'emporter sur la douloureuse ignorance " même si je ne sais plus ce que je dis " (56 ) dans l'infini des choses à dire, même si le poème n'existe pas et que " seule existe la trace qu'il en reste" ( p. 60 ). Pour Jacques Ancet, nommer les choses, c'est " peut-être un instant leur échapper " et " oublier leur présence " ( P. 49 ) mais c'est aussi avoir le plaisir de les écrire et pourquoi pas en mélangeant les registres : " allô, allô ", " Petit Poucet perdu dans la forêt ", " avec la radio non stop " ( p. 44 à 46 ).

     

    Mais la solution principale reste, dans un souci constant du rythme, un parti pris de musique  avec le choix des versets. Bien qu'elle mime la marche implacable du destin, cette forme poétique est, avec son chant incantatoire accentué par des anaphores et des répétitions multiples, un chemin ( odos ) de paix et certitude. Car si l'écriture semble suivre, comme en temps réel, les causes de la souffrance, elle suit également celles de la joie que provoque la beauté des choses en prenant, par sa forme circulaire, la voie ( x ) du recommencement qui, à la fois, est le poids du destin et sa solution. Force est cependant de constater que les versets ne sont pas ici prononcés en un seule souffle comme, souvent, dans la poésie contemporaine mais sont ponctués de virgules. Chercher son rythme, le poète le dit lui-même, c'est chercher un équilibre : " où vais-je dans cette prose cadencée qui chante un peu mais pas trop " ( p.77 ) et la poésie est bien l'ultime repère : " le vent soulève la page, apporte une ou deux images, les disperse, mais je reviens " ( p. 77 ).

     

    Et il est revenu, à la fin encore, pour " être là comme jamais " même si, quand la tentation du narratif représentait un espoir, son récit était sans cesse avorté et réitéré.

    Ce poète-phénix, jusqu' à la conclusion de son opus, évoque son sentiment douloureux face à une pensée qui lui " arrache la langue " ( p.89 ), et une parole qui, par un mobilisme constant, provoque l'attirance des contraires et leur résolution ( p.90 ) : " elle met le matin dans le soir, le chaud dans le froid, dans la douceur la douleur " . Cette sorte de plainte nous rappelle celle lointaine de Louise Labé : 

               " Je vis, je meurs ; je me brûle et me noie ;

    J'ai chaud extrême en endurant froidure : "

    Aussi, même si son style est discret et son expression distanciée, c'est bien dans la tradition des poètes lyriques que se situe Jacques Ancet et qu'il parle de la condition humaine avec cette si grande empathie.

     

     

     

     

     

     

     

  • Le numéro 9 d'Incertain Regard

    Le Numéro  9 est disponible et  téléchargeable sur la page La Revue !

     http://www.incertainregard.frnumero9.gif

    Au sommaire :

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Claude Ber,   Charlotte Lelong,  Yannick Torlini,   Mathias Lair,   Patrick Beaucamps,  Philippe Païni,   Alain Nouvel,   Claire Gondor,   Frédéric Dechaux,    François Sannier,Sophie Brassart,   Rodolphe Houllé,   Jean-Pierre Bars,    Emilien Chesnot,  Evelyne Fort,Pierre Alain Richer,   Annie Hupé,   Christophe Bregaint,   Mickaël Bonneau.

  • Ombre à n dimensions de Stéphane Sangral - Editions Galilée

    Ombre à n dimensions ( Soixante-dix variations autour du je)

    Stéphane Sangral

    Éditions Galilée

    ISBN : 978-2-7186-0902-7

    Février 2014

    120 pages

    11 €                                                                                        par Hervé Martin

     

     

    Je suis qui ? C’est autour de cette question que le livre – le langage - s’enroule comme un lierre accroché à ce « moi » qui fonde la nature de l’être. Et cette première question pose ici comme sujet le « je suis » de celui qui écrit pour rechercher la nature et la quintessence de son être.

    Ressassant la question « qui suis-je » tout au cours du livre, l’auteur l’enferme toujours davantage dans l’hermétisme de son écriture contre tout éclaircissement possible qui pourrait en surgir. Le poète obsédé par cette question, peut-être plus que par la réponse qui pourrait survenir, est happé malgré lui dans sa quête improbable d’une réponse qui dirait clairement le fondement, les raisons et la nature de ce qui le constitue.

    Qui est-il et pourquoi ? Peut-être que l’auteur devrait mieux accepter le mystère de celui qu’il est dans le présent de la vie que de rechercher d’improbables réponses quand « Je suis » rejoint « le rien » dans une vision nihiliste de soi.

    Dans les circonvolutions du langage qui caractérisent cette écriture et qui cherchent à percer par le sens et les mots, l’authentique nature de soi, le poète passe comme par des successions d’espaces virtuels. Hélas chacun de ces nouveaux espaces repousse plus loin encore les réponses espérées.

    À la formule « je suis », succède celle avec « un point » ou encore avec « je cours » dans un ressassement obsessionnel qui ne découvre en fait rien de soi, que ces questions conduisant à l’impasse du recommencement. Tout tourne en boucle sans trouver d’issue. Une forme d’introspection choisie qui n’ouvre pas hélas de porte intérieure. La forme de l’écriture, similaire à celle du livre précédent qui pouvait par l’angle original et sa singularité aiguiser l’intérêt, perd ici dans ce recommencement l’attrait de son mystère.

     

    hm

  • La vie atteinte de Jean-François Mathé - Editions Rougerie

    La vie atteinte

    Jean-François Mathé

    Rougerie éditeur

    ISBN : 978-2-85668-186-2

    Mars 2014

    82 pages

    13 €                                                                                   par  Hervé Martin

     

     

    Le livre est composé de trois parties dans une tentative d’établir un état des lieux de l’intime avant l’entrée dans une nouvelle et ultime période de la vie. Au fil des pages apparaissent ainsi, un bilan sur les décennies passées, une évaluation du présent et des lumières qui persistent et une vision sur l’horizon des jours à venir.

     

    Le ciel, son bleu, l’éblouissement d’un jour dans les premières heures de l’enfance… puis les ombres, les fatigues qu’elles accompagnent et les cendres à venir, La vie atteinte est un livre écrit à l’entrée d’une étape d’une vie d’homme, la dernière. C’est l’occasion d'égrener les moments de joies et d’espérances au regard des regrets, des peines et des désillusions. Pourtant la vie est toujours là, bien vive et présente, mais le poète sait que parfois il est difficile d’en distinguer les bienfaits.

    Nous ne voyons même pas l’épaule du ciel/ à portée de notre main / et le secours qu’elle offre / à ceux qui savent s’arrêter, respirer /dans les saisons des arbres et des hommes.

     

    Cette dernière partie de vie s’accompagne d’un désenchantement progressif et d’un bilan un peu amer quand le temps qui passe amoindrit les passions et leurs intensités. Le poète mêle alors comme indissociables, les lumières et les joies d’un ciel d’azur – la poésie - et semble-t-il, les joies des palpitations de sentiments amoureux.

    Je te regarde / de ce regard qu’on a pour un ciel.

     

    Mais le temps qui travaille à son œuvre de fossoyeur et la fatalité de la vie, défait progressivement les raisons de la joie que la vie apporte. Le poète pourtant ne cesse de rechercher cette lumière d’espérances qui sourit dans les premiers matins des jours.

    J’irai où le veut l’ombre le cœur papillon encore vivant/ battant contre des lampes toujours éteintes. comme éteintes les illusions.

     

    Jean-François Mathé est en quête et recherche au-delà des mots ce qui pourrait faire sens dans le blanc et le silence des pages pour ouvrir des espaces inconnus, parfois insoupçonnés, dont il est porteur en secret de lui-même.

    Toujours, j’ai recherché ce que le blanc des pages/ disait de plus que les mots./

     

    quand simultanément, le poète voit son monde décliner et s'effacer peu à peu dans les jours que ses pas parcourent.

    Tu chantes au seuil de la nuit

     

    Quel est-il ce tutoiement qui parcourt les poèmes du livre ? Adresse-t-il à une compagne ou à la poésie, ce désir et cette énergie de ciel bleu qui l’animent ? Le lecteur que je suis ne peut le dire mais perçoit bien que des similitudes existent entre ces deux compagnes-là.

    Avec les jours qui s’accumulent, sans doute le ciel s’obscurcit-il et ses bleus en sont moins vifs. Mais les éclaircies qui sourdent parfois n’en sont que plus belles pour rehausser cette part d’espérance nécessaire à l’avancée des pas dans les jours. Jean-François Mathé en cherche les signes, les traques pour écrire des poèmes qu’infiltrent par incursions ténues des lumières salutaires.

    Quelqu’un signe un poème/ égal à cette légèreté / puis souffle sur son nom / pour que le poème sans attache, /rejoigne la neige.

     

    Et c’est bien dans le réel contre la poussière des rêves que s’inscrit la quête de Jean-François Mathé.

     

    Mais l’immensité est dans ces yeux qui s’ouvrent / et me mettent au monde /malgré ma vie déjà vécue.

     

    Car la vie jusqu’au bout est porteuse d’avenir !

     

    Inquiète, la main vérifie / que mon sommeil n’est pas la mort,/ que ma vie poursuit son effort / sans savoir  ce qu’il signifie,/.

  • L'Horizon à l'aveugle - Joyce Mansour

    L’Horizon à l’aveugle,

    Joyce Mansour,

    Éditions Derrière le salle de bans

    Rouen,

    10 €.

    par Jean-Paul Gavard-Perret

    Ligne de fuite

     

    Joyce Mansour  fut la poétesse surréaliste par excellence. À cela une raison majeure : les grandes chaleurs lui convenaient et elle se laissait au besoin dévorer par les hommes sans s’en apercevoir. Du moins c’est ce qu’aimait leur laisser croire. « L’horizon à l’aveugle » ne déroge pas à cette règle : l’homme est épris tel qu’il croit prendre. Il est vrai que la poétesse ne lésine pas sur la métaphore sensorielle. L’odeur de son fantassin de passage est « Plus puissante que le mazout dompteur des grands vagues ». Mais la poétesse ne se fait pas la moindre illusion sur l’amour pas plus que sur l’homme qu’elle se revendique elle-même « parfois entre les lignes »

    Celle qui apprit – très tôt - à ne rêver qu’en jouissant reste la poétesse des étranges nuits tièdes aux palpitations de matrice. Rompue par la lente alternative entre l’espoir et la mort elle se plaisait à avancer rongée d’anormalité. Il lui arrivait d’écrire sur le ventre, le visage dans la douceur enfantine du sable de l’orgasme encore moite de sa dernière marée. Se voulant parfois « Marie Culotte » et parfois « Saignée » son écriture dans cet « horizon » en ligne verticale souffle encore pour faire planer bien des oiseaux dans les crânes de ceux qui pataugent au sein de ses fantasmes. La belle indifférente se plaisait à les monter au sautoir pour les émoustiller.

     

    Jean-Paul Gavard-Perret

  • SILHOUETTES & PAROLES RETROUVEES de JACQUES CANUT

    Silhouettes

    Carnets confidentiels – 42

    Janvier 2014

    8 €

    et

    Paroles retrouvées / Palabras recobradas

    Éditions Cálamo

    Palencia (Espagne)

    2013

     

    8 €  chez l’auteur (contacter Incertain regard)

     

    En ce début d’année deux livres de Jacques Canut viennent de paraître. Un premier intitulé Silhouettes dans cette collection des Carnets confidentiels qu’il a initié depuis plusieurs années et Paroles retrouvées /Palabras recobradas aux éditions Calámo en version bilingue française /espagnole. Ce dernier nous rappelle que Jacques Canut aux origines familiales ibériques est édité en Espagne et en Argentine et dans des revues de nombreux pays d’Amérique Latine.

     

    Entendre, écouter/ crépiter/en langue espagnole/ces paroles retrouvées ?

     

    Ces livres à travers leurs courts poèmes dont Canut est coutumier, évoquent avec nostalgie des années passées qui se mêlent au présent en rappelant la primauté du réel de la vie.

     

    Au fond des bars l’œil du téléviseur/clignotait pour de rares clients/ désemparés/ comme s’ils n’avaient pas quitté / leur morne demeure...

     

    On reconnaît l’écriture de Canut avec ses poèmes brefs, composés de scènes et de souvenirs portés ici par des airs de tango ou l’atmosphère de lieux et de paysages traversés. Sans omettre les vers emplis d’un désir qu’il porte à la Femme et qui parsèment de nombreux poèmes dans ses livres.

     

    Femme fleur./ Robe éthérée propulsant/les formes encore vives du corps.

     

    C’est une recherche de sensations et d’émotions vécues qui ne cessent d’absorber le poète que nous dévoile la lecture. Le sentiment amoureux, la femme, l’absente, le désir... sont évoqués dans le livre, tout comme les chats qui accompagnent Jacques Canut avec grâce en traversant certains de ses poèmes. Une véritable quête où Jacques Canut s’est élancé apparaît, celle du pays perdu dans la nostalgie de territoires de mémoire ou de paysages réels.

     

    Un passé qui résonne en la mémoire/ ravivant tant de bonheurs.../et de peine.

     

    Un passé vécu ou qui lui aurait échappé,

     

    Mon regard ancré sur cette vue / d’une plage déserte.../j’y attends encore quelqu’un  / qui n’avait pas daigné me rencontrer.

     

    et que Jacques Canut tente de reconstruire. Une quête digne d’un Quichotte vers ce paradis de l’enfance ou d’un temps qui ne reviendront plus.

     

    Quel rêve pour renaître / à tout âge ?

  • MEANDRES ET NEANT de Stéphane Sangral

    Méandres et Néant

    Stéphane Sangral

    Éditions Galilée

    ISBN : 978-2-7186-0886-0

    Avril 2013

    112 pages

    9 €  

                                                                                                                  par Hervé Martin

    « Méandres et Néant » a paru aux éditions Galilée au printemps 2013. Dès les premiers poèmes Stéphane Sangral nous entraîne dans le labyrinthe de ses obsessions par une mise en abyme du langage :

     

    « ...et / vertige / et / vertige / et / vertige /gluant »

     

    Comme lorsqu’enfant se jouant de la langue on répétait inlassablement un mot jusqu’à ce qu’il perde sens en ouvrant soudain le vaste univers du néant.

     

    « Je vois et je vois et je vois Je et je vois « Je vois» et je vois « je vois » et je vois « je vois Je »... »

     

    Jouant à son tour avec les mots sur l’espace de la page et l’aspect typographiques des caractères, Stéphane Sangral nous entraîne dans son monde vertigineux de questions en quête de sens. Deux vers sont en préliminaire du livre « Sous la forme l’absence s’enfle et vient le soir / et l’azur épuisé jusqu’au bout du miroir... ». Leurs lettres une à une s’égrènent au bas de chaque poème du livre comme pour souligner chacun d’entre eux du sceau de l’absence. Le  poète  interroge le mot, - le monde ?-, et  le fouille au plus profond pour en extraire la réalité des choses. Que recèlent le mot, le vers, le texte... qui pourrait remplir une absence ? Au-delà, l’auteur dans le jeu de leurs reflets multiples cherche désespérément le sens de la vie. Sens derrière le sens, mot derrière le mot, pour le poète la réalité du monde ne cesse de se cacher, au-delà.

     

    Tout est suspecté d’être factice, illusion, tromperie. Tout est alors interrogé et mis à la question.

    Et dans sa quête le poète se captive et s’enferme. Mais de ces répétitions de mots qui reviennent dans les vers, une musicalité se fait entendre. Il naît à ce moment dans les poèmes comme une psalmodie incantatoire qui aurait le pouvoir magique de lever le mystère du langage ou du monde. La poésie pourrait être ici cette hésitation prolongée entre le son et le sens telle que Valéry la définissait. Mais le son qui s’élève ici des poèmes ne semble pas fécond :

     

    « Et je ne suis qu’un bruit inutilement chu/ du silence.../ » ; 

       « ...qui hante l’infini le bruit que je suis... »

     

     « On ne possède jamais le sens total d’une phrase... »  affirme le poète au début d’un poème. Mais l’obstination de l’auteur à vouloir transgresser cette affirmation dans sa quête, le transporte dans un monde obsessionnel où seul le néant règne. Qu’est-ce que le vide ? s’interroge encore Stéphane Sangral dans un autre  poème dont les vers semblent s’enrouler autour de cette question laissant dans le mouvement de leur répétition une impression de vide. Le vide, le rien, le néant, l’ennui...  absorbent et entraînent le poète dans une recherche vertigineuse et funeste.

     

    « et enterré j’attends et j’attends et j’attends et j’attends et j’attends et j’étouffe et j’attends ... »

     

    « J’aime le tout,/ mais seul le Rien m’émeut... » précise Stéphane Sangral. Une pensée qui finira par atteindre la limite d’un réel n’aboutissant qu’au Néant.

     

    « le réel se fissure et laisse par moments : entrevoir le Néant »

     

    et à sa suite, le visage du poète, un visage blessé.

     

    Comme des psalmodies jaillissantes de la sonorité des vers, les poèmes sondent l’univers mystérieux du monde du poète. Dans les scansions vertigineuses des vers, un questionnement du sens, essentiel pour l’auteur, apparaît. Liant une angoisse existentielle à une recherche du sens de la vie, le poète crée par les sonorités de ces ressassements quasi névrotiques, un enivrement des sens. Pour Stéphane Sangral, seuls les mots peuvent évaluer la réalité du monde dans l’espoir d’y rencontrer la matérialité des choses. Et pour cela il s’avance loin, jusqu'aux limites extrêmes du sens et du néant.

     HM

  • Hommage à Alain Resnais - Jacques Sicard

    À Alain Resnais

     

     

    Cinéaste, dit-on, de certaines formes non-métaphysiques de survie, Alain Resnais n'échappant au sort commun n'a pas survécu à la montée de la poussière.

    Il est mort, aujourd'hui.

    Une autre sorte d'ombre vient approfondir l'ombre habituelle qui nous dédouble.

    Cette ombre ajoutée nous est chère, bien plus que celle originelle dont, à la différence de Peter Schlemihl, on se passerait bien.

    Les ombres mortes sont courbes non faute de roide squelette mais par dispense de temps.

    Les ombres mortes séduisent parce qu'elles font songer à une barque - et de la barque, à ses flancs - sa courbure.

    La courbure ? Tout se passe comme si du voyage et de son but, quels qu'ils puissent être, importait par-dessus tout le détour qu'ils permettent.

    Il y a de l'Ulysse (ou du Leopold Bloom) dans la courbure du mot Barque.

    Embarquer, c'est différer, remettre à plus tard - cette litote de jamais.

    Jamais l'ombre d'Alain Resnais ne reviendra,

    ne fera bruit ou musique du souvenir.

    Pas plus de son que le pet au diable de Villon.

    Bientôt, dans les arbres, les cris des pariades.

    Allez donc, pauvres vous, Aimer, boire et danser !

     

    Jacques Sicard

  • Valentine Penrose ou les fantasmagories du Désir de Nicolas Berger

    Valentine Penrose ou les fantasmagories du Désir,

    Nicolas Berger,

    Derrière la salle de bain,

    Rouen,

    10 €.                                                                 par Jean-Paul Gavard-Perret

     

    Valentine Penrose poétesse de l’amour au bouquet de violettes

     

    Valentine Penrose distilla l’apologie du saphisme selon diverses entrées. Née en France elle « exporta » le surréalisme en Angleterre. Descendante spirituelle de Virginia Woolf et de bien des amazones britanniques la poétesse fut reconnue d’abord par Eluard (préfacier de deux de ses recueils) et par Bataille lors de sa publication de « La Comtesse sanglante ». Dans cette libre biographie d'Erzsébet Báthory qui propulse au cœur de l'Europe féodale en un " humus de sorcellerie et à l'ombre de la couronne sacrée de Hongrie " l’auteure décline par nimbes son saphisme. On le retrouve plus ouvertement en liberté et toujours plus sexuel qu’amoureux dans « Martha’s Opera » et « Dons des féminines ». Ouvertement lesbiens ses textes naissent de plusieurs sources. Entre autres chez un des maîtres précurseurs du Surréalisme : Gustave Doré. Les textes jouent des codes lesbiens. Rubie héroïne de « Martha’s Opera » évoque par exemple son amante en termes de voilette  : « Emily, heaume vivant de violettes ». Dans « Dons de féminisme » l’orphisme se teinte d’un sentiment poétique de la nature : « La feuille a suivi la fleur / Tendis qu’au ciel se lamentent et se destinent / L’eau l’heure la planète et toute chose féminine ».

     

    Valentine Penrose au-delà du saphisme pur interroge la part féminine de tout être et la transforme dans une puissance qui n’a rien de passive. Elle reprend l’affirmation de Bataille  "Tout le monde a conscience que la vie est parodique et qu'il manque une interprétation".  Pour sortir de cette parodie,  l’interprétation lesbienne permet au monde de ne plus  marcher à cloche-pied. Hors vision romantique  la poétesse accorde au saphisme la capacité de diffracter  ses poussières de lumière. Elles viennent s'inscrire en faux contre les espaces d'ombre du désir masculin. Quelque chose  flotte dans l'air pour devenir aire. Et il  n’est pas jusqu’à  la robe de mariée  d’offrir une étrange maison et un trouble particulier. L’amour devient un bouquet de violettes et le plaisir masculin est atteint soudain d'un trouble schizophrénique. Ce qui fera dire à une des héroïnes de Bataille parlant du désir  « Pardonne moi, mon dieu, je ne sais plus ce que j’en dis ». Mais ce ne fut pas le cas de Valentine.

     

     JPGP

     

  • TOILES & POEMES de CAROLINE REGNAUT

    06-flamenco.jpg

    Nouvelles dates d'expositions en 2014!


    Une visite du site de Caroline Regnaut s'impose pour découvrir ces tableaux composés avec des  cravates! Des tableaux à partir de la forme et des tissus imprimés de cravates. S'agit-t-il de détourner  ce signe vestimentaire d'une société normée - ce symbole -? Caroline Regnaut en tous cas précise que l'intérêt de la cravate est graphique, il est dans sa ligne, sa longueur,sa courbure, son épaisseur.

    Suivre le lien du site ci-dessous:

    http://www.toiles-et-poemes.com/index.php

    On rencontrera alors Caroline Regnaut, artiste et écrivain. Ses tableaux et son travail d'essayiste autour d'une théorie philosophique qu'elle nomme Pensée symbolique.

    De nouvelles dates pour 2014:

    23-26 janvier : Fils croisés en Anjou, Cholet

    6-9 février  : L'aiguille en fête, Paris

    18-21 septembre : 20e Carrefour européen du patchwork, Sainte-Marie-aux-Mines, Alsace


    Bonne découverte

    HM

  • INCERTAIN REGARD N° 8 est paru !


    couverture N8 .jpg

    INCERTAIN REGARD N° 8 vient de paraître,avec des textes de:
    Jean-Pierre Lemaire, Maurice Mourier, Georges Guillain, Rémi Faye, Lydia Padellec, Arnaud Beaujeu, Jacques Sicard,Michael Foldes, Patrick Le Divenah,Roselyne Sibille, Philippe Jaffeux, Colette Daviles-Estinès, Yannis Livadas, Rafael Ayala Paez et les plasticiens Emeric Outreman et Valérie Loiseau

    http://www.incertainregard.fr/Revue/INCERTAINREGARDN8.pdf

  • L'ETABLI de TRAUMFABRIK 2013

    l etabli de traumfabrik.jpgRevue L’Établi de Traumfabrik - 2013

    Traumfabrik,

    6, chemin du Merdreau

    49170 Béhuard.

    ISBN :978-2-9529626-8-1

    2013

    15 € + 3 € pour frais d’envoi

     

     

    Ce numéro de L’Établi de Traumfabrik, Cahier de poésie 2013, que je découvre pour une toute première fois est dédié « à tous ceux qui écrivent en Algérie et ici encore en exil, pour lutter contre le poids de l’oubli » et en particulier, à Lounès Matoub et Tahar Djaout tous deux assassinés dans les années terribles de l’Algérie au milieu des années 1990-2000. La facture de l’ouvrage est simple, sans reliure, des feuillets forts grammage que l’on déplie pour la lecture. C’est un choix original. Six poètes et le dessinateur Lawand sont ici rassemblés et unis autour de la poésie algérienne francophone pour lutter contre l’oubli et s’ouvrir vers l’espérance de jours meilleurs.

     

    La poésie portée par Djamel Benmerad dans l’ensemble Les chants de l’homme de pourra-t-elle être la :

     

    simple étincelle qui s’obstine / à vouloir embrasser le monde

     

    Elle est en tout cas présente ici dans la voix des poètes. Et le livre pourrait être un instant ce - pays revenu - pour tous les exilés de cette terre méditerranéenne. Un territoire, aussi de la mémoire, où errent toujours les pères, mères, familles et tous les êtres aimés. Pays un peu reconstitué par ces voix rassemblées dans la fidélité du souvenir. Il vibre sous les mots des poèmes :

     

    « Tu ignorais le chemin / à faire encore / avec ta douleur d’étranger »

     

    Pour Amine Khan l’exil paraît sans fin et le jour est

     

    un jour qui meurt de la même courbure/ que les autres jours ;

     

    Les poèmes d’Hamid Tibouchi sont gorgés d’une peine qui semble insatiable

     

    La poésie / je la croyais légère/ mais en vérité / mon dieu qu’elle est lourde

     

    Puis encore

     

    la mémoire de même – comment /la contenir – parfois déborde / réclamant la parole / pour la paix ;

     

    Ce sont des corps, la douleur, la mort qui hantent, du coté terrible de la mémoire, les poèmes d’Abdelmadjid Kaouah

     

    où il n’est plus question / que de vos corps déchiquetés face/ à la mer /comme les lambeaux d’un couchant corrompu

     

    On lira également Hamid Nacer-Khodja, Arezki Metref qui joignent leur voix à ce numéro.

     

    Le livre, dans la diversité des poèmes, déroule une mémoire commune qui n’oublie pas les siens. Emplis d’odeurs, de sable, du désert comme de souvenirs et d'espérances,  c’est un désir de retour à - un temps d’avant - qui sourd de ces poèmes,  plus encore peut-être, que celui vers ce territoire natif de l’Algérie.

     

    HM

  • Triptyque de l'aube - Irène Duboeuf

    Triptyque de l’aubeTRiptyque de l aube I DUBOEUF.JPG

    Irène Duboeuf

    Éditions Voix d’Encre

    ISBN :978-2-35128-086-7

    4ième trimestre 2013

    72 pages

    18 €

     

     

    Ces poèmes d’Irène Duboeuf, dont Incertain Regard avait édité des extraits viennent de paraître chez Voix d’encre. Ils sont accompagnés par des gravures de Michel Verdet. Dans leurs couleurs bleu turquoise elles dévoilent des matières gazeuses ou liquides, aériennes ou terrestres et renvoient l’imaginaire à l’étendue des océans, des cieux ou des roches. Eaux salines poussées par des tempêtes, ciels traversés de nuages, matières rocheuses ou de terre emportant dans leurs imprévisibles apparences l’attention du lecteur.

     

    Reste une marque bleue au détour d’une page.

     

    Car le bleu est présent dans le livre comme un azur où inscrire les pas.

    Ce triptyque révèle une quête à mesure que l’on progresse dans ses pages. De soi-même ou du monde, elle progresse dans un va-et-vient de soi à la beauté des jardins et des choses, du ciel et de la terre. La parole creuse ici la part enfouie en soi,

     

    décryptant le ciel noir / de l’essentiel cherchant trace / dans l’ardente lueur de nos constellations.

     

    pour ne pas être déraciné de la réalité terrestre et d’une promesse originelle :

     

    Déracinés sont ceux / qui ont perdu la mémoire de la terre.

     

    L’écriture progresse ainsi traversant les ensembles du triptyque de son allant métaphorique. Elle partage dans la prosodie de vers épousant la sensibilité du poète, les sentiments, funestes parfois qui l’habitent.

    Comme au cœur de l’ouvrage, ce sensible poème dont je pourrai penser qu’il a initié le livre :

     

    l’aube était déjà rouge et saignait sur les toits/ L’été finissait /dans l’oblique lueur/ il est tombé / sans bruit / comme un rayon de lune étranger à la nuit.

     

    La mort et son implacable venue, le temps qui nous y pousse, le défilement des saisons… Le livre m’apparaît soudain comme une allégorie de la vie.

     

    Nous naissons, telle une aube, sous un frisson d’étoile/et mourons dans la main triomphante du jour.

     

    La beauté de la nature, l’expression du désir d’y vivre  se détachent dans le livre et s’opposent aux augures sombres, aux menaces, aux funestes temps à venir. Et même si le temps qui passe laisse ses griffures, le livre se termine sur la note optimiste du renouvellement de la vie :

     

    Une branche en fleur / sur un arbre mort / secret de printemps.

     

    HM